Paris, France – Il cumulait plus de 100 000 followers sur les réseaux sociaux et du jour au lendemain, il a décidé de les quitter. Le Dr Walid Mekeddem, aka Aviscene, explique pourquoi à Medscape.
Se libérer des réseaux
C'est une décision rare pour un jeune médecin à la renommée établie sur Internet : en juillet dernier, le Dr Walid Mekeddem, plus connu sous le pseudonyme d'Aviscene, a décidé de quitter tous les réseaux sociaux, où il comptabilisait plus de 100 000 followers en tout et pour tout. « 42 000 abonnés sur Instagram, 22 000 sur Twitter, à peu près 60 000 sur Facebook », égrène ce médecin généraliste de 28 ans, originaire de Tourcoing et fraîchement installé à Paris.
La raison de cette rupture ? Elles sont nombreuses : « Il y a plusieurs manières d'aborder les choses. Instagram, c'est très lifestyle, un mélange de conseils pratiques, de morceaux de vie, de partages de moments intimes, d'encarts publicitaires... Je n'avais pas du tout envie d'être ce genre de médecins. Twitter, c'est frontal : on est H24 à donner son avis sur tout. C'est une plateforme manichéenne, avec les gentils, les méchants, etc. Soit, tu passes pour le méchant médecin, soit, à l’opposé, pour le bisounours. Il n'y a pas de nuances, je ne me suis pas non plus senti à l'aise sur Twitter. Donc Twitter et Instagram représentaient pour moi deux manières de communiquer qui ne me correspondaient plus. Je me suis dit qu'il fallait que je me libère de ces réseaux et c'est ce que j'ai fait. »
Hyperconnexion et harcèlement
Avisceneaurait pu choisir de quitter certains réseaux sociaux, mais il a choisi une solution radicale, pour mettre fin à ce mal du siècle qu’est l'hyperconnexion. « Je suis arrivé à un stade où les réseaux sociaux me tapaient sur le système. J'y passais beaucoup de temps et cela a un impact psychologique, nous sommes perpétuellement dans l'interaction, nous sommes tout le temps connectés, nous nous sentons tout le temps obligés de montrer ce que nous faisons, nous subissons une pression pour produire constamment des contenus. En plus, je devais aussi gérer des interactions directes avec mes followers dans les commentaires, les messages privés, etc. », analyse-t-il.
C'était aussi une manière pour lui de mettre un terme au harcèlement lancinant qui vise les médecins actifs sur les réseaux sociaux : « sur Twitter, la moindre critique est relayée et amplifiée par des dizaines de followers. Sur Instagram, c'est plus discret, on reçoit souvent les critiques en message privé, et pour cette raison cela ne génère pas un "shitstorm" comme sur Twitter. Sur ce réseau, les gens sont très insultants, très virulents, on peut être confronté à des formes de harcèlement sur cette plateforme. Si un tweet ne plaît pas à une personne, on doit alors faire face à sa meute qui va tenter de « t'anéantir ». C'est très difficile moralement.
Cela n'a pas été constant, mais cela survenait, et à la fin, je n'arrivais plus à encaisser la moindre critique. Pourquoi s'infliger cela alors que je fais un métier difficile, stressant ? Parfois, il m'est même arrivé de me prendre des remarques discriminantes, à caractère raciste. Je n'ai vraiment aucune raison de supporter tout ça. »
YouTubeur, désormais, uniquement
Si le Dr Mekedem a quitté l'ensemble des réseaux sociaux, il reste présent sur YouTube qui héberge sa chaîne vidéo, consacrée désormais, en priorité, à la vulgarisation médicale : « je ne suis pas un influenceur médical, et je n'ai pas envie de l'être. J'ai juste envie de faire du contenu vidéo de qualité, de transmettre certains messages. »
Privilégier la qualité à la quantité, la pédagogie au clash, la vulgarisation aux insultes, c'est le choix qu'a fait Aviscene, et qu'il souhaite approfondir dans les années qui viennent : « je veux devenir un Youtubeur reconnu dans le domaine médical. Il y a plein de médecins aux États-Unis qui font des vidéos sur YouTube et qui marchent très bien. Je vais continuer à narrer mon quotidien de médecin, mais je veux évoluer en diversifiant mes contenus. Il y a plein de gens qui commencent dans une niche très précise, se créent un public et veulent ensuite l'élargir. La transition est difficile mais je n'ai pas envie de faire tout le temps la même chose. J'ai envie d'élargir l'accès au savoir tout en restant cool. »
Aucun regret
Ancien chroniqueur de l'émission sur France 5, C Jamy, Walid n'oublie pas non plus qu'il a commencé, jeune étudiant par faire de la scène, comme stand upper. D'où, d'ailleurs son pseudonyme, Aviscene.
Il compte renouer avec les planches en se consacrant au théâtre d'improvisation, tout en lorgnant le 7e art. « J'ai passé, l'année dernière, deux castings, dont l'un m'a permis d'obtenir un petit rôle dans un film avec Marion Cotillard », fait-il remarquer, pas peu fier.
Quand on lui demande s'il n'a pas regretté d'avoir coupé les ponts avec les instagrameurs et autres twittos, la réponse de ce jeune médecin salarié en centre de santé est catégorique : « c'est une très bonne décision, cela me fait un bien fou. Quand j'y pense maintenant je me demande pourquoi je passais mon temps à regarder des stories de gens se promener, manger, etc. Alors que je n'en ai rien à faire ! Instagram possède un algorithme qui t'oblige à rester connecté, en te séduisant... Résultat, tu peux perdre cinq minutes de ton temps à regarder une vidéo que tu n'étais pas censé regarder. Je suis aussi heureux de ne plus assister au spectacle de gens qui s'engueulent, comme cela peut être le cas, sur Twitter. J'ai l'impression d'avoir rebooté mon cerveau. Du coup, j'ai eu 10 000 idées depuis. »
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Citer cet article: Pourquoi Aviscene, jeune médecin vedette sur Internet, a quitté les réseaux sociaux - Medscape - 22 sept 2022.
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