Barcelone, Espagne __ Les fibrillations ventriculaires post-infarctus sont-elles aussi fréquentes chez les femmes que chez les hommes ? Les facteurs prédictifs et le pronostic sont-ils les mêmes indépendamment du sexe ? C’est ce qu’ont cherché à savoir des chercheurs français à partir du vaste registre FAST-MI. Les données ont été présentées sous forme de poster commenté lors du Congrès ESC 2022[1].

Dr. Orianne Weizman
« Il n’y a pas du tout de données désagrégées hommes-femmes sur ces questions alors que les femmes ont des caractéristiques d’IDM différentes. Elles ont plus d’IDM avec des coronaires saines, des IDM plus tardifs et traités différemment. Nous avons réalisé cette étude pour voir si tous ces facteurs influençaient le risque rythmique post-IDM chez les femmes », a expliqué la Dr Orianne Weizman (CHU de Nancy) à à Medscape édition française, suite à sa présentation.
En tout, 14 406 patients de FAST-MI admis en soins intensifs de cardiologie pour un infarctus du myocarde aigu survenu dans les 48 heures ont été inclus dans cette étude prospective menée entre 1995 et 2015.
Les patients étaient âgés de 66+/-14 ans, 72 % étaient des hommes et 59 % avaient un IDM avec élévation du segment ST.
Il ressort de l’analyse que le STEMI était indépendamment associé à la fibrillation ventriculaire (RR=2,29 ; IC95% 1,75 à 2,99, p<0,01). En revanche, le sexe féminin (RR=0,73 ; IC95% 0,56 à 0,95, p<0,01), l’hypertension et un antécédent d’IDM protégeaient contre la FV.
En tout, 359 fibrillations ventriculaires sont survenues dont 81 chez des femmes (2% des 4081 IDM aigus) versus 2,7% chez les hommes (p=0,02).
« La différence n’est pas énorme mais elle est statistiquement significative. Elle montre que les femmes ont un moindre risque de fibrillation ventriculaire au cours d’un infarctus aigu comparées aux hommes. On ne sait pas vraiment pourquoi», a précisé Orianne Weizman à Medscape édition française.
Les femmes sous-traitées
Donnée surprenante, les femmes avaient beaucoup moins d’angioplasties que les hommes : 48,1% vs 66,9%, p=0,04.
« La moitié des femmes ont eu une angioplastie alors qu’en post-IDM elles devraient quasiment toutes être stentées. Normalement, les hommes et les femmes devraient être traités de la même façon. Les recommandations ne font pas de différences en fonction du sexe ».
Or, ce sous-traitement induit possiblement une perte de chance chez les femmes.
« Le fait qu’elles soient moins traitées grève probablement leur pronostic. Si les femmes font un FV, elles survivent moins par rapport aux hommes. D’ailleurs, même dans le groupe des femmes qui ne font pas de FV, la survie est moins bonne chez les femmes. En revanche, si on ajuste sur l’âge, la prise en charge intra-hospitalière et le type d’IDM, la différence de pronostic disparait*. Cela veut dire que si on prenait en charge les femmes de la même façon que les hommes, il est fort probable que la différence de pronostic après une FV – et même sans – disparaitrait. Il faut vraiment améliorer la prise en charge intra-hospitalière de ces femmes pour essayer de réduire le taux de FV post-infarctus et améliorer le pronostic », a conclu l’oratrice.

*Les données montrent que la mortalité hospitalière et à un an, n’était plus associée à la FV après ajustement pour l’intervention percutanée (RR=1,10 ; IC95% : 0,75 à 1,61, p=0,63).
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Fibrillation ventriculaire post-IDM : moins d’angioplasties et plus de décès chez les femmes - Medscape - 22 sept 2022.
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