
Un point sur les études récentes en ophtalmologie : nouveautés dans les greffes de cornée issues de la bio-ingénierie, données inquiétantes sur l'incidence du glaucome chez les populations noires, lien entre fatigue visuelle numérique et migraines/insomnie, et association entre trouble visuel et psychose.
Des cornées issues de la bio-ingénierie
Des scientifiques de l'université de Linköping, en Suède, ont récemment créé par bio-ingénierie un implant tissulaire qui a permis de rendre la vue à des patients aveugles ou avec une déficience visuelle très sévère (voir infographie)[1]. Les résultats de la greffe de cornée obtenus avec du matériau dérivé de peau de porc sont comparables à ceux obtenus avec des cornées humaines provenant de don d’organe. « Cela dépasse nos attentes », ont déclaré les auteurs de l'étude, Mehrdad Rafat et Neil Lagali à Medscape Medical News. « Ce qui nous a surpris, c'est l'efficacité de l'implant pour restaurer l'épaisseur et la forme de la cornée malade et comment cela s'est traduit par une vision excellente pour les patients, avec dans certains cas une vision parfaite de 20/20. »
On estime que 12,7 millions de personnes dans le monde sont en attente d'une greffe de cornée, avec seulement une cornée de donneur humain disponible pour 70 patients. Les pays à revenu faible ou moyen sont les plus touchés, l'accès aux greffes de cornée étant limité, voire inexistant.
Impact de l'origine ethnique sur le glaucome et la perte de champ visuel
Une étude récente a montré que les Afro-Américains sont six fois plus susceptibles que les Blancs non hispaniques de perdre une partie importante de leur capacité visuelle en raison d’un glaucome, même lorsque l'accès aux soins de santé est similaire.[2] Les patients noirs présentaient ainsi un risque deux fois plus élevé de perte précoce du champ visuel que les blancs non hispaniques (hazard ratio [HR], 1,98 ; IC à 95 %, 1,48-2,66). Ils présentaient également un risque six fois plus élevé pour les archétypes de perte visuelle avancée (HR, 6,17 ; 95% CI, 3,69-10,32). Même après avoir ajusté les modèles statistiques en fonction de la fréquence des examens oculaires, la différence entre les participants noirs et blancs a persisté. Les chercheurs ont également pris en compte de nombreux autres facteurs de risque potentiels, notamment le statut socio-économique, les antécédents familiaux de glaucome, l'indice de masse corporelle, la pression artérielle, le diabète et l'activité physique.
Effet médiateur du stress sur le lien entre syndrome de vision informatique, insomnie et migraine
Le syndrome de vision informatique (SVC), qui est un ensemble de problèmes oculaires ou visuels résultant d'une utilisation prolongée des écrans, serait associé de manière significative à la migraine et à l'insomnie, le stress étant un facteur médiateur central. Les chercheurs ont administré un questionnaire en ligne à plus de 700 adultes. Les résultats ont montré que 70,5 % des participants étaient atteints de SVC. [3]
Les céphalées ont été signalées comme « le symptôme oculaire le plus dérangeant » (34%), suivis par les irritation/brûlures oculaires (10,8%). Les symptômes extra-oculaires les plus gênants étaient les douleurs cervicales et les maux de dos (43,3 % et 33,4 %, respectivement). Une analyse multivariable utilisant un modèle de régression linéaire a également montré que la présence du SVC (β = 3,26) était significativement associée à un taux plus élevé d'insomnie. L'analyse a montré que le stress avait un rôle médiateur dans l'association entre SVC et migraine (52,8 %), ainsi que SVC et insomnie (80 %).
Des dysfonctions visuelles subtiles précèderaient fréquemment une psychose à un stade précoce
Une autre étude a récemment montré que les dysfonctions visuelles subjectives et subtiles (VisDys) sont associées à de moins bons résultats chez les patients atteints de schizophrénie et de psychose récente ou présentant un risque clinique élevé de psychose. Un groupe de chercheurs internationaux a analysé 721 participants, dont 147 souffrant de psychose récente, 143 ayant un risque clinique élevé de psychose, 151 de dépression récente et 280 témoins en bonne santé. [4 ]Les résultats ont montré que les troubles visuels ont été plus fréquemment signalés dans les groupes avec un risque clinique élevé ou une psychose à un stade précoce que dans les groupes de dépression à début récent et de témoins (50,34 % et 55,94 % contre 16,56 % et 4,28 %, respectivement). Chez les personnes souffrant de psychose récente, un score total VisDys plus élevé était corrélé avec des scores plus faibles de rémission fonctionnelle (p = 0,036) et de fonctionnement social (p = 0,014). Dans le cas des patients avec un risque clinique élevé de psychose, les scores plus élevés de VisDys étaient associés à des scores plus faibles de rémission fonctionnelle liée à la santé (p = 0,024), des scores plus faibles concernant la qualité de vie physique et psychologique (p = 0,004 et p = 0,015, respectivement), une dépression plus sévère mesurée sur l'echelle de dépression de Beck (p = 0,021) et une altération plus importante de l’habileté de construction visuo-spatiale (p = 0,027).
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Citer cet article: Dans l’Actu : nouveautés en ophtalmologie - Medscape - 23 sept 2022.
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