Barcelone, Espagne – La consommation de stupéfiants est associée à un risque presque neuf fois plus élevé de décès ou d'urgence vitale chez les patients admis en unité de soins intensifs cardiologiques, selon l’étude française Addiction in Intensive Cardiac Care Units (ADDICT-ICCU) présentée au Congrès ESC 2022[1,2].
« Notre étude montre que les patients présentant un événement cardiovasculaire aigu et consommateurs des drogues sont plus susceptibles de mourir, d'être victimes d'un arrêt cardiaque ou d'un choc cardiogénique pendant leur séjour à l'hôpital, par rapport aux non-consommateurs. Aussi, le risque de mauvais pronostic hospitalier est 11 fois plus élevé chez les multi-usagers de drogues comparées aux personnes qui n’en consomment qu’une seule », indique l'auteur de l'étude, le Dr Theo Pezel (hôpital Lariboisière, Paris), dans un communiqué de presse de l’ESC [1]:
Auparavant, l’usage de drogue a été associé à des événements cardiovasculaires aigus, y compris des IDM et des dissections aortiques [3,4], mais la prévalence de la consommation de drogues chez les patients admis en soins intensifs cardiologiques, et les conséquences à court terme, n’étaient pas connues.
Partant de ce constat, les chercheurs ont souhaité évaluer la prévalence de la consommation de drogues illicites et l'association avec la survenue d’événements indésirables majeurs à l'hôpital chez des patients admis pour des événements cardiovasculaires aigus.
Entre le 7 et le 22 avril 2021, tous les patients admis en soins intensifs cardiologiques dans 39 centres en France ont fourni un échantillon d'urine pour une recherche toxicologique.
Au total, 1 499 patients ont été examinés, dont 70 % d'hommes. L'âge moyen était de 63 ans. Les causes de l’admission étaient l’infarctus du myocarde, l'insuffisance cardiaque aiguë, les arythmies, la myocardite ou l’ embolie pulmonaire.
Il est ressorti des analyses que 161 patients (10,7 %) avaient un test positif pour au moins un stupéfiant dont 9,1% pour le cannabis, 2,1% pour les opioïdes, 1,7% pour la cocaïne, 0,7% pour les amphétamines et 0,6% pour la MDMA.
Un tiers (33%) des patients de moins de 40 ans étaient des consommateurs, contre seulement 6% de ceux âgés de 60 ans ou plus. Environ 12% des hommes étaient consommateurs de drogues contre 8% des femmes. Tous les patients ont rempli un questionnaire dans lequel il leur était demandé s'ils consommaient des drogues illicites. Parmi les personnes dont le test urinaire de dépistage de drogue était positif, 56,5 % seulement ont déclaré être des consommateurs tandis que 43,5 % ont déclaré ne pas consommer de drogue.
Au cours d'une hospitalisation médiane de cinq jours, 61 patients (4,1 %) ont été victimes d’un événement indésirable majeur.
La consommation de drogues illicites était associée à un risque presque neuf fois plus élevé d'événements indésirables majeurs après ajustement pour les comorbidités (RR= 8,84 ; intervalle de confiance à 95% [IC] 4,68-16,7 ; p<0,001).
Après ajustement en fonction de l'âge et du sexe, l'usage de cannabis était associé à un risque plus que triplé d'événements (OR=3,53 ; IC à 95 % 1,25-9,95 ; p<0,001), tandis que la cocaïne était associée à un risque cinq fois plus élevé (OR=5,12 ; IC à 95% 1,48-17,2 ; p=0,004).
La consommation de plusieurs drogues (28%) était associée à un risque plus élevé d'événements indésirables majeurs par rapport à l'utilisation d'une seule drogue (RR=11,4 ; IC 95 % : 4.31-32.7 ; p<0.001).
« La consommation de drogues illicites était fréquente chez les patients en unité de soins intensifs cardiologiques mais sous-déclarée. Aussi, les utilisateurs admis pour un infarctus du myocarde avec surélévation du segment ST (STEMI) et une insuffisance cardiaque aiguë présentaient des risques particulièrement élevés de décès, d'arrêt cardiaque ou de choc cardiogénique, avec des rapports de cotes de 28,8 et 12,8, respectivement.
Nos résultats suggèrent que les patients admis en unité de soins intensifs de cardiologie devraient être soumis à des tests de dépistage de drogues afin d'identifier ceux qui ont une probabilité accrue d’être victimes d’événements cardiaques aigus », conclut le Dr Pezel.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Soins intensifs cardiologiques : 9 fois plus de risque de décès ou d’urgence vitale chez les consommateurs de stupéfiants - Medscape - 19 sept 2022.
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