Épidémies : à quel avenir faut-il s’attendre ?

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

27 septembre 2022

Monde – Hépatites aiguës d’origine inconnue au printemps dernier, récentes pneumonies en Argentine… Depuis le début de la pandémie de COVID-19, puis de celle à Monkeypox, la succession des alertes retient l’attention et conduit à s’interroger sur la période que nous traversons. Existe-t-il réellement plus de menaces infectieuses aujourd’hui ? L’ANRS a apporté quelques éléments de réponse et de réflexion au cours d’un point tenu le 8 septembre 2022. [1]

Émergences, réémergences : de quoi parle-t-on ?

Pour comprendre la dynamique actuelle des épidémies, il faut rappeler que toutes les menaces potentielles, passées, actuelles ou futures, ne se ressemblent pas ; ainsi, faut-il distinguer les infections réellement émergentes, de celles dont le pathogène est connu mais réapparaît :

  • Parmi les nouveaux vecteurs figurent notamment les SARS-CoV et SARS-CoV-2, et le H1N1. Transmis de l’animal à l’homme, ces virus apparaissent pour la première fois dans des populations sans immunité spécifique. Leur transmission et leur diffusion dans la population est difficile à prédire ; aussi, le risque épidémique — potentiellement considérable — invite à une surveillance étroite du phénomène. Mais l’émergence virale ne s’arrête pas aux seuls virus qui sont identifiés, ou qui font l’objet d’une surveillance.

  • Les autres risques proviennent de virus ayant déjà été responsables d’épidémies et qui réapparaissent. Ces réémergences se font d’homme à homme grâce au moustique (dengue, zika, chikungunya), depuis le réservoir animal (west nile virus) ou de façon mixte (transmission depuis l’animal puis interhumaine pour Monkeypox ou Ebola).

La réémergence de la poliomyélite dans des populations peu protégées est un peu particulière : elle provient d’une diffusion d’un sérotype utilisé comme souche vaccinale dans les vaccins vivants des pays dont le niveau de revenu ne permet pas d’avoir recours aux vaccins par virus vivant atténué, plus coûteux. Il faut toutefois savoir que de nouveaux vaccins à virus vivant amélioré sont en développement pour éviter cette complication.

Y a-t-il accélération des menaces épidémiques ?

L’émergence de nouvelles épidémies est un phénomène perpétuel et le plus souvent cyclique (épidémie chez une population naïve, constitution d’une immunité collective, disparition de l’épidémie, perte progressive de l’immunité puis réémergence).

Il faut se méfier de l’effet loupe qu’a induit la pandémie de COVID-19, et l’emballement médiatique qui se produit depuis face à de nouveaux signaux potentiellement à risque. L’identification des phénomènes épidémiques reste subjective et les craintes d’un nouveau pathogène ne sont pas toujours justifiées a posteriori, comme l’ont montré les récents cas de pneumonies en Argentine qui ont été finalement attribués à Legionella.

Menée par des organismes comme l’Organisation mondiale de la santé, lanalyse des données sur une échelle de temps suffisamment longue pour éviter l’effet loupe confirme une certaine accélération. Elle s’explique essentiellement par les paramètres favorisant les transmissions des épidémies à l’humain puis entre les humains : explosion de la population mondiale et de la mobilité des populations, animaux et plantes, augmentation de la densité urbaine, pression sur les systèmes naturels (déforestation favorisant les rapprochements entre populations et forêts, modifications des écosystèmes de certaines espèces), impact du dérèglement climatique (mal connu toutefois).

Quelles actions de prévention ?

Environ 50 % et 60 % des maladies infectieuses de l’humain proviennent des animaux, un chiffre qui monte à 75 % pour les seules infections émergentes !

Aussi, la prévention de ces phénomènes reste complexe et en partie dépendante des mesures en faveur de la préservation de l’environnement. L’approche One Health, qui vise à protéger la santé humaine et animale à travers une approche globale et pluridisciplinaire intégrant l’humain, l’environnement et les animaux, est aujourd’hui privilégiée. Elle intègre, par exemple, les questions de vaccination des humains et des animaux réservoirs, la prévention et la gestion des risques, et la surveillance animale et humaine pour identifier précocement une potentielle épidémie ou une émergence/réémergence.

C’est dans ce contexte qu’est conduite une surveillance particulièrement étroite de la grippe aviaire, qui suit des phénomènes de réémergence réguliers, le virus présentant une structure à potentiel zoonotique.

Dans ce domaine, un PEPR (Programme et équipements prioritaires de recherche) « maladies infectieuses émergentes » piloté par l’Inserm et mis en œuvre par l’ANRS, va permettre de lancer un appel à projet sur la thématique. PREZODE (PREventing ZOonotic Disease Emergence) est un autre programme international dans lequel la France est aussi positionnée afin d’améliorer les systèmes de surveillance et d’alerte précoce et la prévention des épidémies et pandémies dans tous les champs de la santé (humaine, environnementale, animale).

Comment s’informer sur les risques à venir ?

 

Si l’OMS publie régulièrement une liste des risques émergents, une information en temps réel pour l’ensemble des alertes et des régions du globe peut être consultée sur le site ProMED de l’International Society for Infectious Diseases.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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