BPCO : des chiffres en forte augmentation et des projections très inquiétantes à l’horizon 2050

Nathalie Raffier

Auteurs et déclarations

15 septembre 2022

Barcelone, Espagne – Plus de 480 millions de personnes dans le monde seraient actuellement atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) [1], un chiffre considérablement revu à la hausse comparativement aux précédentes estimations. Si rien ne change, dans moins d’une génération, en 2050, ce seront près de 600 millions de personnes qui souffriront de BPCO, estiment les auteurs d’une étude présentée au congrès international 2022 de l’European Respiratory Society (ERS, Barcelone, 4-6 septembre), avec des disparités selon le sexe et les régions.

La BPCO, bien qu’encore trop peu médiatique et très largement sous-diagnostiquée, est la troisième maladie la plus meurtrière au monde, avec son cortège de conséquences, en termes de morbimortalité et d’invalidité. Le nombre de personnes atteintes ne cesse de croître, à mettre sur le compte de l’âge, de la pollution atmosphérique, intérieure comme extérieure, et du tabagisme.

Selon une étude présentée à l’ERS 2022, plus de 480 millions de personnes dans le monde souffriraient d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Ce chiffre est supérieur de 22 à 126 % aux estimations les plus citées aujourd’hui, qui font état de 212 à 392 millions de personnes atteintes de BPCO sur la dernière décennie [2,3,4].

Cette dernière analyse, réalisée à l’échelle mondiale, a associé les cas dûment diagnostiqués de BPCO aux cas probables estimés sur la base de facteurs de risque connus.

Par ailleurs, on estime que le coût – en termes de soins de santé et de perte de productivité – lié à la BPCO est de 48,4 milliards d’euros par an pour les pays de l’Union européenne [5]. En France, le coût direct de la maladie est estimé à 3,5 milliards d’euros par an [6]. Des chiffres qui ne tiennent pas compte de cette révision de la prévalence des malades BPCO.

 
En France, le coût direct de la maladie est estimé à 3,5 milliards d’euros par an
 

Une flambée des cas de BPCO attendue chez les femmes à l’échelle mondiale

En tenant compte des facteurs de risque et des tendances, cette même équipe américano-canadienne a estimé la prévalence de la BPCO en 2050 dans divers pays et régions du globe (Asie du Sud-Est et Pacifique, Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afrique sub-saharienne, Europe)[1]. Les chercheurs estiment que le nombre de personnes BPCO atteindra 592 millions d’ici à 2050 si les facteurs de risque actuels restent inchangés ; cela représente une augmentation de 23 % par rapport à 2020.

 

Les femmes représenteront une grande partie de ce contingent. En effet, le nombre de femmes BPCO devrait croître de 46,9 % pour atteindre 260 millions en 2050, une augmentation bien plus importante que celle évaluée chez les hommes, qui ne serait « que » de 9,6 % pour atteindre un total de 332 millions.

« Même si la prévalence de la BPCO va avoir tendance à décroître entre 2020 et 2050, constatent les chercheurs, le nombre total de personnes souffrant de BPCO devrait s’envoler. »

 

Le nombre total de personnes souffrant de BPCO devrait s’envoler.
 

Des projections régionales disparates

Si le nombre de personnes atteintes de BPCO devait progresser dans le monde entier, le fardeau de la BPCO selon les projections en 2050 serait avant tout porté par les pays aux revenus faibles et moyens (Afrique sub-saharienne, Asie du Sud). Les régions où le nombre de personnes BPCO sera le plus important en 2050 seront respectivement l’Afrique sub-saharienne, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique.

 

Parmi les enseignements de cette étude, les auteurs préconisent d’accroître la vigilance vis-à-vis des symptômes précoces de la maladie, ainsi que la réalisation bien plus systématique de mesure du souffle. Ces chiffres sont également un argument massue et supplémentaire en faveur de la lutte contre le tabagisme et la pollution atmosphérique, principaux facteurs de risque de la BPCO.

Étude soutenue par ResMed.

 

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