Dans une lettre adressée au Journal of Infection, des médecins de l'université de Catane, en Italie, rapportent le cas d’un trentenaire infecté simultanément par le VIH, le virus de la variole du singe, et le SARS-CoV-2. [1 ] Il illustre le fait que la variole du singe et le COVID-19 peuvent être cliniquement similaires.
Présentation
Le patient, âgé de 36 ans, avait passé cinq jours en Espagne, du 16 au 20 juin 2022. Neuf jours plus tard, il développait de la fièvre, des maux de gorge, de la fatigue et des maux de tête. Le 2 juillet, il a été testé positif au SARS-CoV-2. L'après-midi même, une éruption cutanée s'est développée sur son bras gauche. Le jour suivant, de petites vésicules douloureuses entourées d'une zone érythémateuse sont apparues sur le tronc, les jambes, le visage et les fesses. Le 5 juillet, en raison de la propagation des vésicules, il s'est rendu aux urgences.
Lors de son admission, il a déclaré avoir été traité pour la syphilis en 2019. Un test VIH avait été négatif en 2021. Il avait été vacciné contre le SARS-CoV-2 avec deux doses du vaccin à ARNm de BioNTech/Pfizer (la dernière en décembre 2021) et avait déjà été infecté par le SARS-CoV-2 en janvier 2022. Pendant son séjour en Espagne, il a déclaré avoir eu des relations sexuelles sans préservatif avec des hommes.
Examen clinique
Le corps du patient, y compris la paume de la main droite et la région périanale, était parsemé de lésions cutanées (image) à différents stades, allant de petites vésicules à des pustules rouges et à des plaques.
La muqueuse buccale était sans particularité, les amygdales étaient hypertrophiées.
Une hépatosplénomégalie modérée et un ganglion lymphatique douloureux et hypertrophié dans l'aine droite ont également été constatés.
Résultats d'analyses :
Protéine C-réactive 69 mg/l (valeurs normales 0,0 - 5,0 mg/l)
Fibrinogène 713 mg/dl (valeurs normales 170 - 400 mg/dl)
Temps de prothrombine 1,21 (valeurs normales 0,8 - 1,2)
La radiographie du thorax a révélé une hypodiaphanie parenchymateuse.
Des prélèvements d'exsudat de pustules et de sécrétions nasopharyngées, envoyés au laboratoire de référence de Palerme le deuxième jour d'hospitalisation, se sont révélés positifs pour le virus de la variole du singe et pour le SRAS-CoV-2. Le virus de la variole du singe appartenait au clade ouest-africain du variant responsable de l'épidémie espagnole ; le génome du SARS-CoV-2 a été classé comme ligne BA.5.1.
Les tests sérologiques pour l'hépatite virale, l'herpès simplex, la gonorrhée, la chlamydia et le lymphogranulome vénérien étaient négatifs. Toutefois, le test VIH-1 s'est révélé positif (charge virale de 234 000 copies/ml). Le nombre de lymphocytes CD4 était de 812 cellules/μl, ce qui se situe dans la norme (valeurs normales entre 410-1590 cellules/μl).
Traitement et évolution
Le troisième jour, presque toutes les lésions cutanées ont commencé à se transformer en croûtes. Le patient a reçu du sotrovimab (500 mg par voie intraveineuse). Le 5e jour (le 9 juillet 2022), presque tous les symptômes avaient disparu et les valeurs de laboratoire modifiées auparavant s'étaient normalisées. Le 6e jour, les prélèvements nasopharyngés étaient toujours positifs pour le SARS-CoV-2 et le virus de la variole du singe, bien qu'aucune nouvelle lésion cutanée ne soit apparue. Les symptômes ayant disparu, le patient a quitté l'hôpital et a été placé en isolement à domicile. Pour le traitement du VIH, une triple combinaison de dolutégravir, abacavir et lamivudine a été initiée.
Discussion
Selon les auteurs, ce cas illustre le fait que la variole du singe et le COVID-19 peuvent être cliniquement similaires. [1 ]En outre, en cas de co-infection, l'anamnèse et la clarification des habitudes sexuelles sont déterminantes pour un diagnostic juste. Ils conseillent aux médecins de toujours être conscients de la possibilité d'une co-infection par le virus du SARS-CoV-2 et celui de la variole du singe, en particulier pour les personnes qui ont récemment voyagé dans des régions où la variole du singe s'est déclarée. Le cas souligne également que les rapports sexuels sont probablement le principal mode de transmission de la variole du singe. Les auteurs recommandent donc un dépistage complet des IST chez les patients atteints de variole du singe.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Suivez Medscape en français sur Twitter, Facebook et Linkedin.
Crédit de Une : Dreamstime
Medscape © 2022 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Étude de cas : infections simultanées de COVID-19, variole du singe, et VIH - Medscape - 29 sept 2022.
Commenter