Exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens et atteinte hépatique précoce

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

8 septembre 2022

États-Unis – Selon une étude ayant rassemblé les données de plus de mille dyades mère-enfant, l'exposition fœtale à des mélanges de perturbateurs endocriniens (PE) augmente le risque de lésions hépatiques et d'apoptose hépatocellulaire de l’enfant âgé entre 6 et 11 ans. Plusieurs molécules semblent particulièrement contribuer au risque de lésions hépatiques : les polybromodiphényléthers (PBDE), deux perfluoroalkyles (acide perfluorononanoïque et acide perfluorooctanoïque), le mercure et le bisphénol A. Ces expositions prénatales pourraient contribuer à l’augmentation actuelle des cas de stéatose hépatique non alcoolique observés chez les enfants.

Pourquoi est-ce important ?

La stéatose hépatique non alcoolique (NASH) est de plus en plus souvent diagnostiquée pendant l'enfance. Étant donné que l’exposition aux perturbateurs endocriniens (PE) est connue pour affecter certains mécanismes du développement et du fonctionnement du foie, on peut se demander si l’essor des chiffres de NASH pourrait reposer sur l’imprégnation prénatale aux PE.

Une étude de cohorte prospective

Cette étude de cohorte prospective a été menée entre 2003 et 2016 à partir de dyades mère-enfant faisant partie du projet HELIX (Human Early-Life Exposome), un réseau rassemblant six grandes études de cohorte européennes dont la cohorte française EDEN (Étude sur les Déterminants pré- et postnatals précoces du développement psychomoteur et de la santé de l’Enfant).

Le dosage de différents PE chez les mères a été réalisé à partir du sang maternel périphérique : 3 pesticides organochlorés, 5 biphényles polychlorés (PCB), 2 éthers diphényliques polybromés (PBDE), 3 phénols, 4 parabens, 10 phtalates, 4 pesticides organophosphorés, 5 substances perfluoroalkyles (PFAs) et 9 métaux.

Le bilan hépatique des enfants a été réalisé par dosage de l’ALT (alanine aminotransférase), l’AST (aspartate aminotransférase), la GGT (γ-glutamyltransférase) et du CK-18 (cytokératine 18, marqueur de l'apoptose hépatocellulaire). Le risque de lésion hépatique était défini par des concentrations d'enzymes hépatiques supérieures au 90e percentile des taux normaux pour la population étudiée (soit ALT ≥ 22,7 UI/L, AST ≥ 41,4 UI/L, GGT ≥ 17,1 UI/L).

Principaux résultats

L’analyse a été menée chez 1 108 mères (âge moyen à la naissance 31,0 ans) et leurs 1 108 enfants (54 % de garçons, âge moyen 8,2 ans lors de l’évaluation hépatique).

Les enfants présentant un risque de lésions hépatiques étaient plus susceptibles d'être en surpoids ou obèses (34,4 % vs 16,8 %) et d’avoir une origine ethnique non caucasienne (15,8 % vs 4,3 %).

Pour chaque quartile supérieur d’exposition aux PE, une augmentation du risque de lésions hépatiques était observée que ce soit pour les pesticides organochlorés (odds ratio ou OR 1,44 [1,21-1,71]), les PBDE (OR 1,57 [1,34-1,84]), les PFAs (OR 1,73 [1,45-2,09]) et les métaux (OR 2,21 [1,65-3,02]). En revanche, la tendance était inverse pour les phénols (OR 0,66 [0,54-0,78]) et les phtalates de haut poids moléculaire (OR 0,74 [0,60-0,91]).

L’augmentation d'un quartile de l'exposition aux PBDE et aux PCB était associée à une augmentation du taux de CK-18 (+6,46UI/L [3,09-9,92] et +5,84UI/L [1,69-10,08] respectivement). 

Ces données « suggèrent que les expositions prénatales aux PE sont associées à un risque plus élevé de CK-18 et de lésions hépatiques et constituent un facteur de risque potentiel de stéatose hépatique non alcoolique chez l'enfant ».

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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