Variole du singe : l’évolution est favorable mais l'effort de vaccination doit continuer

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

31 août 2022

Paris, France – Avec 70 000 injections à ce jour et un nombre de cas en baisse, l'épidémie de variole du singe connait une évolution favorable, a indiqué en substance le Pr Jérôme Salomon dans un point d’étape du ministère de la santé. Pas question pour autant de relâcher l'effort individuel et collectif consenti par les acteurs de terrain et les professionnels de santé. « L'offre de vaccination va être poursuivie encore plusieurs mois » a-t-il affirmé.

Epidémiologie : du mieux au niveau européen, y compris en France

« On assiste à un ralentissement épidémique et baisse de l’incidence au niveau mondial (moins 21% selon l’OMS) depuis la semaine dernière, et depuis quelques semaines déjà en Europe, selon les chiffres du CDC européen. Ces résultats confortent notre stratégie collective et nous encouragent à redoubler d’efforts, s’est félicité le Pr Jérôme Salomon lors d’un point presse. Nous devons cependant rester vigilants, prudents mais c’est un signe très positif. Cela signifie que nos outils sont efficaces lorsqu’ils s’inscrivent dans une démarche de prévention globale ».

Parmi les outils mis en place figurent l’information, la prévention, la réduction des risques et l’information de tous, l’adaptation des comportements individuels et collectifs, l’auto-détection, le diagnostic, l’isolement et le traitement aux anti-viraux lorsqu’ils sont indiqués et la vaccination, a énuméré le directeur général de la santé.

En termes d’épidémiologie, 100 pays sont actuellement concernés par l’épidémie au niveau mondial, la majorité des cas se répartissant entre les continents américains et européens. « Si la dynamique est hétérogène, la tendance est globalement à la baisse en Europe où 20 000 cas confirmés ont été dénombré depuis le 23 août, a précisé la Pre Laëtitia Huiart, directrice scientifique à Santé publique France.

En se situant au 7ème rang des pays européens (en nombre de cas rapporté à la population), la France suit cette tendance baissière. Pour la Pre Huiart, l’analyse « suggère qu’on a passé le pic des contaminations, avec un nombre de cas confirmés qui a tendance à diminuer ». Si la prudence reste de rigueur, « la dynamique est à l’image de celle vue dans d’autres territoires européens », et semble d’autant plus probable « que des travaux britanniques de modélisation de l’épidémie sont en faveur d’une baisse du nombre de cas dans les prochaines semaines et les prochains mois » a-t-elle ajouté.

70 000 personnes vaccinées en France

Quid de la situation sur le terrain ? « La mobilisation des professionnels de santé, des agences sanitaires et du milieu associatif a permis l’ouverture de 220 centres de vaccination pendant l’été. Des créneaux de vaccination sont disponibles à court terme et plus de 140 000 doses de vaccins ont été déstockées depuis le début de l’épidémie dans les centres de vaccination » a listé le Pr Salomon.

En France, 70 000 injections ont été réalisées avec le vaccin de 3ème génération indiqué contre la variole mais homologué pour la variole du singe, à savoir Imvanex® ou Jynneos® qui sont « exactement les mêmes vaccins mais avec 2 noms différents selon le continent américain ou européen, où ils sont commercialisés » a tenu à rappeler la Dr Caroline Semaille, directrice générale adjointe de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Lequel vaccin ne présente aucun problème de sécurité : « moins d’une dizaine d’effets indésirables ont été rapportés à l’Agence, tous connus »; en résumé « aucun signal qui puisse inquiéter » a insisté la Dr Semaille. Pour ce qui est du traitement, il en existe un – l’antiviral técovirimat – « donné en première intention, mais pas de manière systématique ».

Pour rappel, le schéma vaccinal comprend 2 doses (ou 1 dose unique pour les personnes ayant déjà été vaccinées contre la variole, et 3 doses pour les personnes immunodéprimées). « Chez les personnes non immuno-déprimées, le délai maximal entre 2 injections (initialement fixé 28 jours) a été supprimé cet été » a rappelé le Pr Salomon.

Pour ce qui est de l’expérimentation de la vaccination en officine – menée dans 5 pharmacies courant août et qui été jugé positivement par les candidats au vaccin –, Jérôme Salomon ne se dit pas sûr de l’intérêt de sa généralisation mais prône un « élargissement pragmatique ». Il s’agira de définir, en fonction des besoins et de la faisabilité logistique, sur une base de proximité et de simplicité, « si certaines officines peuvent entrer dans l’offre de vaccination pour compléter le maillage territorial » a-t-il considéré.

Qui est concerné en France ? Quelle symptomatologie ?

Sans grande surprise, la population atteinte de variole du singe en France est masculine à plus de 97% des cas, essentiellement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Sur 3547 cas confirmés en date du 30 août, 56 étaient de sexe féminin, « sans que l’on arrive à identifier, chez elles, la source de contamination », a indiqué la directrice scientifique à Santé publique France. On sait juste qu’elles sont jeunes (moyenne d’âge de 27 ans) et résident à 61% en Ile de France. Contrairement à l’Espagne, la France n’a pas connu de décès mais il y 3% d’hospitalisation, « un chiffre stable ».

Pour ce qui est de la transmission de l’infection, le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le Sida/Maladies infectieuses (ANRS), a évoqué un « contact étroit essentiellement lors des relations sexuelles compte tenu de la symptomatologie ». Celle-ci a d’ailleurs beaucoup surpris les praticiens au début de l’épidémie car elle différe de ce qui a été observée lors des épidémies survenues antérieurement, notamment sur le continent africain. L’infectiologue a en effet décrit « des lésions quasi exclusivement limitées aux zones génitales et oropharyngées, un nombre non négligeable de patients (11%) présentant une lésion unique, et une hétérogénéité de la symptomatologie avec des formes douloureuses ».

Il a, par ailleurs, mentionné la parution très prochaine de fiches de réponses rapides qui répondront à des questions très pratiques que se posent les médecins lors de la prise en charge de patients contaminés. Il y sera, par exemple, préconisé l’utilisation du préservatif jusqu’à 8 semaines après une période de contagiosité.

Pour conclure, le Dr Jérôme Salomon a ré-affirmé, qu’en dépit des signaux positifs enregistrés ces derniers temps, il n’était pas question de stopper les efforts pour lutter contre l’épidémie. « L’offre vaccinale sera maintenue dans les prochains mois, à savoir fin 2022 mais aussi début 2023 pour être en capacité de réagir si l’épidémie devait varier en intensité ou en population » a-t-il affirmé. L’autre enjeu est de maintenir la stratégie de l’« aller vers » afin de lutter contre les inégalités d’accès à l’information et à la vaccination dans les populations les plus précaires et les plus éloignés du soin.

 

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