Étude de cas : patient de 62 ans un COVID long

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

5 septembre 2022

Chez les patients qui présentent des symptômes neurologiques persistants après une infection par le SARS-CoV-2, des procédures fonctionnelles telles que la TEP au FDG du cerveau et du tronc peuvent s'avérer utiles, en particulier si le diagnostic radiologique morphologique n'est pas évident. Les patients ont également besoin d'une rééducation complète, selon le Dr Enrico Michler et coll. (clinique universitaire de Dresde, Allemagne), tel qu’illustré dans une étude de cas publiée récemment. [1]

Présentation

Un homme de 62 ans s'est présenté aux urgences en raison d'une détérioration progressive de son état général, accompagnée de températures fébriles, de désorientation et de dyspnée subjective. Les radiographies thoraciques ont montré des infiltrats pulmonaires bilatéraux. Le test PCR pour le SARS-CoV-2 a confirmé la suspicion de pneumonie à COVID-19. Sous traitement symptomatique, dont la méthylprednisolone, l'état général s'est amélioré et la désorientation a diminué. Cependant, une semaine après l'hospitalisation, des symptômes neurologiques prononcés sont apparus, à savoir des tremblements grossiers, un trouble de la motricité fine des deux mains, des difficultés à trouver ses mots et une ataxie. 

La suspicion de dissection de l'artère carotide interne droite n'a pas été confirmée par l'IRM et l'échographie duplex.

Le traitement consistait en de l'AAS, de l'héparine de bas poids moléculaire et de la kinésithérapie. L'admission en clinique de réadaptation a eu lieu plus de quatre semaines après l'infection par le SARS-CoV-2. 

Observations

Le patient (taille 186 cm, poids corporel 90 kg, IMC 26, RR 125/80 mmHg, SpO2 97 %) est en état général réduit, d’humeur déprimée.

On note une ataxie de la marche marquée pour des distances de quelques mètres, des tremblements grossiers bilatéraux avec échantillons d'écriture pathologiques et augmentation des symptômes en cas d'excitation.

On observe une aphasie amnésique, une diminution de la capacité de concentration et une hyperréflexie des membres supérieurs accentuée à droite, avec une augmentation du tonus des muscles extenseurs du cou et du dos.

Le diagnostic de laboratoire est sans résultats supplémentaires.

La tomographie par émission de positrons/tomographie informatisée au 18F-fluorodéoxyglucose (FDG- PET/CT) n’indique pas d'indice d'une maladie maligne au sens d'un syndrome paranéoplasique ou d'un processus inflammatoire floride.

Traitement et suivi

Une rééducation avec un programme thérapeutique multimodal de 5 semaines (exercices pour améliorer la condition physique et la force, orthophonie, ergothérapie ainsi qu'un suivi psychologique) est mis en place.

En raison d'une suspicion de tremblement essentiel, un traitement par carvédilol et lorazépam est instauré, ainsi qu’un traitement hors indication avec glucocorticoïdes (prednisolone 60 mg par jour par voie orale pendant 7 jours) et colchicine (0,5 mg par voie orale 2 × par jour pendant 3 semaines). 

Au cours de l'évolution, on observe une nette augmentation de la condition physique, de la force et des performances générales, large rémission de l'aphasie, diminution du tremblement, régression complète de l'ataxie et stabilisation de l'état psychique.

Discussion

Selon les auteurs, en cas de symptômes neurologiques peu clairs chez les patients atteints de COVID long, un diagnostic plus poussé par TEP au FDG du corps entier et du cerveau peut fournir des informations importantes. [1  ]Outre sa grande sensibilité pour les foyers inflammatoires systémiques, les endocardites et les vascularites, la TEP au FDG aurait également des avantages diagnostiques par rapport au scanner et à l'IRM pour les maladies cérébrales associées au COVID-19. Ainsi, selon Michler et ses collègues, des modifications métaboliques régionales du cortex et du cervelet chez des patients souffrant d'un syndrome cérébelleux subaigu et d'une myoclonie permettent de conclure à une encéphalite induite par le COVID-19 malgré des résultats négatifs à l'IRM et dans le liquide céphalo-rachidien.

Selon les auteurs, les premières études longitudinales menées sur des patients souffrant d'encéphalopathie associée au COVID-19 et de symptômes neurologiques ont également montré une diminution caractéristique du métabolisme dans les régions cérébrales préfrontales, insulaires et sous-corticales sur une période de six mois. La TEP au FDG pourrait donc servir à objectiver les résultats pour les patients qui ne présentent pas de diminution significative des symptômes à long terme, selon le spécialiste en médecine nucléaire Michler.

Les patients atteints de COVID long et post-COVID bénéficient nettement d'un programme de rééducation multimodal systématique et régulier, soulignent les auteurs en conclusion. La physiothérapie, l'ergothérapie, la logopédie et la psychoéducation sont particulièrement utiles.

Pour le traitement des patients atteints de COVID long ou post-COVID, il n'existe pas de données sur l'utilité de la colchicine, notamment dans le cadre de mesures de rééducation, soulignent les auteurs. Il reste donc difficile de savoir si le médicament a influencé les résultats du traitement de leur patient. En raison de l'ampleur et de la rapidité de la réduction des symptômes, les auteurs postulent une accélération de la rééducation grâce au traitement par la prednisolone et la colchicine.

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