Diagnostic et traitement de la sarcopénie: le point sur les dernières recommandations internationales

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

24 août 2022

Lisbonne, Portugal – Comment traiter une sarcopénie et limiter la fonte musculaire chez les personnes âgées et les complications associées ? Au cours du Congrès de l’International Society of Physical and Rehabilitation Medicine (ISPRM 2022), un spécialiste a fait le point sur les dernières recommandations internationales concernant le diagnostic et la prise en charge de la dystrophie musculaire liée à l’âge [1,2].

Pendant longtemps considérée comme une conséquence inéluctable un vieillissement, la sarcopénie est désormais perçue comme un problème de santé publique. « La prévalence de la sarcopénie à l’hôpital est de 14 à 40% selon l’âge, le sexe et l’état nutritionnel des patients. Les patients avec une sarcopénie restent plus longtemps à l’hôpital, mais ils sont aussi plus à risque de morbidité et de réhospitalisation », a indiqué le Dr Han Der-Sheng (National Taiwan University Hospital, Taipei, Taiwan), lors de sa présentation.

La prévalence de la sarcopénie à l’hôpital est de 14 à 40% selon l’âge, le sexe et l’état nutritionnel des patients

Selon le consensus de 2010 du groupe européen EWGSOP (European Working Group on Sarcopenia in Older People), la sarcopénie ou dystrophie musculaire liée à l’âge se définie par une perte progressive et importante de la masse, de la force et de la fonction musculaires au cours du vieillissement [2]. Provoquée par la perte des motoneurones, la dégénérescence du tissu musculaire s’accélère à partir de 50 ans, au profit du tissu adipeux. On estime qu’un quart des plus de 70 ans sont sarcopéniques.

En 2019, l’EWGSOP a mis à jour son algorithme de diagnostic de la sarcopénie. Celle-ci est jugée probable en cas de force de préhension < 16 kg chez la femme ou 27 kg chez l’homme ou d’un test de lever de chaise (se lever cinq fois de suite d’une chaise sans s’aider des bras) réalisé en plus de 15 secondes. La dystrophie est confirmée en cas d’indice de masse musculaire < 5,5 chez la femme ou 7 chez l’homme ou de circonférence du mollet < 31 cm.

Un traitement peut être mis en place dès que la sarcopénie est jugée probable. Il fait l’objet de cinq recommandations internationales, qui préconisent toutes une approche combinant une activité physique adaptée comprenant des exercices de résistance (soulèvement de poids, étirement d’élastique…) et une alimentation enrichie en protéines.

Concernant l’activité physique, certaines recommandations suggèrent un minimum de trois mois d’entrainement, d’autres proposent de compléter avec des exercices d’endurance en aérobie. « Les exercices de résistance restent fondamentaux dans le traitement de la sarcopénie. Ils permettent un renforcement musculaire, mais aussi d’améliorer la qualité du muscle et son endurance », a souligné le Dr Her-Sheng.

Les exercices de résistance restent fondamentaux dans le traitement de la sarcopénie

Selon les dernières recommandations de l’American College of Sport Medicine (ACSM), le maintien de la force musculaire ou son renforcement nécessitent un minimum de deux sessions hebdomadaires d’entraînement. Les sessions doivent se composer de 8 à 10 exercices faisant travailler les principaux muscles du corps (torse, épaule, dos, bras et jambes), à raison de 10 à 15 répétitions de l’effort pour chaque exercice.

En parallèle, il est recommandé de proposer des exercices à effectuer chaque jour à domicile. Il peut s’agir d’exercices d’équilibre (lever de jambes en prenant appui sur un support) ou de renforcement musculaire en faisant par exemple cinq à six flexions sur jambes (squat) trois fois par jour. « D‘autres pratiques sportives comme le tai-chi et le yoga sont aussi aussi bénéfiques chez les personnes âgées », précise le spécialiste.

D‘autres pratiques sportives comme le tai-chi et le yoga sont aussi aussi bénéfiques chez les personnes âgées 

Pour ce qui est de l’alimentation, les experts s’accordent sur un apport quotidien d’environ 1,2 g de protéine/kg, soit 72 g de protéines pour un poids de 60 kg. La dose peut monter à 1,5 g/kg chez les patients en état de dénutrition. En revanche, il convient de réduire de moitié ou plus les apports en protéine et ne pas dépasser 0,6 g/kg/jour en cas d’insuffisance rénale de stade 3 à 5, conformément aux dernières recommandations KDOQI.

Idéalement, les apports riches en protéines doivent se faire après les exercices pour « aider à stimuler le remodelage et la réparation des muscles ».  Certaines recommandations préconisent également une supplémentation en leucine (2 à 3 g par jour), même si cet acide aminé essentiel se trouve généralement en quantité suffisante dans une alimentation enrichie en protéines, a pointé le Dr Her-Sheng.

 

Cet article a été publié initialement sur Mediquality.net.

 

 

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