France— L'arrêté du 9 juillet 2022 sur la vaccination contre le virus Monkeypox prévoyait que, « dans les régions marquées par une circulation du virus Monkeypox plus importante qu'en moyenne nationale, les pharmaciens des pharmacies d'officine désignées par le directeur général de l'agence régionale de santé peuvent prescrire et administrer les vaccins ».

Khansaa Belkasseh Pilard
Un arrêté du 8 août dernier a désigné les régions où pouvaient débuter, pour une durée de deux semaines, la vaccination en officine contre la variole du singe. Trois régions ont été choisies : l'Ile-de-France, les Hauts-de-France, et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. En tout et pour tout, cinq pharmacies sont impliquées dans ce dispositif, dont deux en région Ile-de-France. Medscape a contacté Khansaa Belkasseh Pilard, pharmacienne adjointe à la pharmacie du 102 rue Saint-Maur à Paris, l'une des deux pharmacies partie prenante de cette expérimentation.
Medscape édition française : Quand avez-vous débuté la vaccination contre la variole du singe ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Nous avons commencé la vaccination la semaine dernière, nous avons reçu les premières doses le 11 dans l'après-midi.
Pourquoi votre pharmacie a-t-elle été choisie ?
Khansaa Belkasseh Pilard : À côté de la pharmacie, il y a un centre de vaccination qui, originellement, est un centre de santé sexuelle. Il a été pris d'assaut quand les vaccinations contre la variole du singe ont débuté. Nous avions eu l'information selon laquelle le centre avait besoin d'un coup de main, et l'agence régionale de santé d'Ile-de-France nous a sollicités dans ce sens. En revanche, nous ne nous attendions absolument pas à ce qu'il n'y ait que cinq pharmacies en France impliquées dans la vaccination contre la variole. Nous pensions que nous serions beaucoup plus nombreux. Il faut aussi ajouter que nous avons dans notre patientèle beaucoup de patients à risque, sous preps. Ces patients rentrent parfaitement dans les critères de la population cible en préexposition, pour ce vaccin.
L'initiative a donc été prise par l'agence régionale de santé ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Oui tout à fait, c'est l'ARS qui nous a contactés et de toute manière nous y étions favorables.
Vous aviez déjà des demandes de vos patients ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Oui, en fait, il y a beaucoup de personnes qui se sont présentées dès le début de la vaccination avec des prescriptions de leurs médecins généralistes, mais nous n'avions pas à l'époque de vaccins. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles nous avons accepté de vacciner car nous savions que notre patientèle était demandeuse de ce vaccin.
Cela fait un peu moins d'une semaine que vous vaccinez, quel premier bilan tirez-vous ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Tous nos créneaux ont été pris d'assaut. Nous avons mis autant de créneaux en ligne que nous avons reçu de vaccins et notre nombre de vaccins est limité. Nous recevons encore beaucoup d'appels de patients qui nous demandent à être vaccinés mais pour le moment, nous ne pouvons satisfaire cette demande.
Jusqu'à quelle date pouvez-vous vacciner ?
Khansaa Belkasseh Pilard : En fonction du nombre de doses que nous avons reçues, nous pouvons vacciner jusqu'au 27 aout.
Les stocks seront-ils renouvelés ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Je n'ai pas l'information selon laquelle cette expérimentation va être prolongée dans le temps. Nous sommes également confrontés à un problème de logistique : la durée d'expiration du vaccin est de deux semaines. Si la demande reste aussi importante que maintenant, alors toutes les doses seront délivrées, mais si la demande faiblit on peut se poser la question de la conservation de ces doses. Pour le moment, je n'ai pas espoir que l'on puisse recevoir plus de doses. On nous encourage principalement à faire des premières doses pour que tout le monde soit vacciné.
Y-a-t’il des patients qui ont déjà reçu la deuxième dose ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Oui, absolument, c'est rare mais cela arrive. J'ai reçu ce matin un patient qui nous a demandé sa deuxième dose, mais nous avons reçu des recommandations pour effectuer uniquement des premières doses, sauf cas particuliers, chez des patients immunodéprimés, par exemple. Dans ce cas-là nous réorientons vers un centre de vaccination, avec prescription du médecin.
Quand la deuxième dose a-t-elle lieu ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Normalement 28 jours après la première dose. Il nous est recommandé actuellement de faire une première dose, mais nous attendons des décisions qui devraient être connues fin août ou début septembre, pour savoir s'il y aura prolongation.
Vous avez dit être étonnée de constater qu'il n'y avait que cinq pharmacies expérimentatrices de ce dispositif. Selon vous cette expérimentation doit-elle être généralisée ?
Khansaa Belkasseh Pilard : Je pensais qu'au vu de l'ampleur de l'épidémie, une cinquantaine ou une centaine de pharmacies allaient être enrôlées. Ensuite, il faut prendre en compte la faisabilité de la mise en place de ce dispositif, car il faut continuer à honorer les autres tâches de la pharmacie. Le but n'est pas de devenir un centre de vaccination et de ne plus pouvoir délivrer les prescriptions médicales.
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Citer cet article: Vaccination contre la variole du singe : « Tous nos créneaux ont été pris d'assaut », témoigne une pharmacienne - Medscape - 19 août 2022.
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