État de conscience altérée : résultats positifs avec la stimulation transcrânienne à courant continu

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

18 août 2022

Portugal, Lisbonne — Chez les patients présentant un trouble de la conscience après une lésion cérébrale grave, l’application d’une stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS) en complément d’une réadaptation permet d’améliorer les signes de conscience à trois mois, mais uniquement chez ceux présentant un état de conscience minimale. C’est ce que révèle une étude randomisée multicentrique, dont les résultats ont été présentés lors du congrès de l’International Society of Physical and Rehabilitation Medicine (ISPRM 2022) , à Lisbonne (Portugal) [1].

« Avec cette approche, on peut observer une amélioration des signes de conscience chez certains patients. Ils répondent mieux à des commandes verbales, lorsqu’on leur demande par exemple de serrer la main ou de suivre un objet du regard. Les effets restent toutefois limités. On ne peut pas promettre aux familles que leur proche va récupérer avec la stimulation transcrânienne, mais au moins leur qualité de vie peut être améliorée », a commenté auprès de Mediquality, la Pre Aurore Thibaut (Coma Science Group, Université et Hôpital Universitaire de Liège, Belgique), principale auteure de l’étude.

Pour la chercheuse, les résultats de cette étude multicentrique randomisée portant sur plus de 60 patients restant dans un état de conscience altérée à la suite d’un coma devraient aussi aider à convaincre de l’intérêt d’expérimenter des alternatives. « Dans le milieu médical, on estime généralement que ces patients ont peu de chance de récupérer. On espère montrer grâce à cette étude qu’il est possible de faire évoluer leur état, même s’il est certain que ce traitement n’est pas miraculeux. »

La stimulation transcrânienne à courant continu (tDSC) est une technique de neuromodulation non invasive qui consiste à faire passer un courant électrique de faible intensité à travers une zone cérébrale par le biais d’électrodes posées sur le crâne. En modifiant l’excitabilité neuronale d’une aire corticale spécifique, cette technique s’est déjà montrée efficace pour améliorer la motricité après un accident vasculaire cérébral (AVC) ou la mémoire chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

L’étude de la Pre Thibaut et de ses collègues a été menée dans cinq pays (Russie, Allemagne, Italie, Belgique et Espagne). L’incidence de l’état de conscience altérée après une lésion cérébrale étant faible, cette étude est assez exceptionnelle par la taille de sa cohorte. Elle a inclus un total de 62 patients en état de conscience altérée depuis neuf mois en moyenne après un coma, provoqué dans plus d’un tiers des cas par un traumatisme crânien (n=23). Les autres ont subi une anoxie cérébrale liée à un arrêt cardiaque ou un AVC.

La moitié des patients étaient en état d’éveil non-répondant ou végétatif. Dans cet état, la personne semble éveillée, mais n’a pas de signes de conscience de soi ou de son environnement. Les réponses intentionnelles aux stimuli externes sont absentes. Les autres étaient dans un état de conscience minimale (état pauci-relationnel). Dans ce cas, la personne peut réagir de manière fluctuante à des stimuli et suivre, par exemple, un objet des yeux.

Ils ont été randomisés pour recevoir, en plus d’une prise en charge standard par kinésithérapie et ergothérapie, une stimulation par tDCS ou une stimulation factice (Sham) pendant un mois, à raison de 20 minutes par jour, 5 jours par semaine pendant 4 semaines. La région stimulée était le cortex préfrontal dorsolatérale gauche, « impliquée dans les fonctions exécutives », a précisé la Pre Thibaut.

Après un suivi de trois mois, les résultats ne montrent pas de différence significative entre les deux groupes sur l’évolution du score CRS-R (Coma Recovery Scale Revised). En revanche, une analyse de sous-groupe révèle que les patients en état de conscience minimale présentent une hausse significative du score CRS-R après stimulation transcrânienne, qu’importe le délai écoulé depuis le coma, ce qui indique une meilleure récupération. 

« Il n’est pas surprenant d’observer que les patients en état de conscience minimale répondent mieux à la tDCS puisqu’on sait déjà qu’ils ont plus de chances de récupérer par rapport à ceux en état d’éveil non-répondant. Les résultats de notre étude montrent que la tDCS peut être appliquée en complément d’un programme de réadaptation chez les patients en état de conscience minimale pour les aider à atteindre le maximum de leurs capacités ».

Cet article a initialement été publié sur Mediquality.net, membre du réseau Medscape

 

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