Dans l’Actu : nouveaux tests sanguins de dépistage du cancer

Ryan Syrek

Auteurs et déclarations

19 août 2022

 

L'essor récent des tests sanguins de détection du cancer a suscité un grand intérêt cette semaine. Le potentiel d'une simple prise de sang pour indiquer la présence d'un cancer est très encourageant, même si les prochaines étapes restent à définir.

Le test Galleri

Le test sanguin Galleri, qui peut détecter jusqu'à 50 types de cancer différents, est désormais proposé dans différents contextes oncologiques (voir l'infographie). [1] Il utilise le séquençage de l'ADN sans cellules (cfDNA) et présente une sensibilité globale de 51,5 % pour tous les stades du cancer. La sensibilité était meilleure pour les cancers de stade avancé (77 % pour le stade III et 90,1 % pour le stade IV) et plus faible pour les cancers de stade précoce (16,8 % pour le stade I et 40,4 % pour le stade II). Galleri propose le test aux patients de plus de 50 ans ayant des antécédents familiaux de cancer, ainsi qu'aux personnes à haut risque de cancer ou immunodéprimées. À noter que le test n'est pas encore approuvé par la FDA.

Bien que certains experts qualifient, avec enthousiasme le test Galleri de « game-changer », certaines questions se posent quant à son utilisation. Disposer d'un test sanguin pour de multiples cancers est « une très bonne idée et la base scientifique de cet outil est solide », a déclaré le Pr Timothy Rebbeck (Harvard T.H. Chan School of Public Health & Dana-Farber Cancer Institute, Boston, É.-U). « Mais le diable se cache dans les détails… [il faut] s'assurer que le test peut détecter avec précision des cancers très précoces et qu'il existe une voie pour le bilan ultérieur (diagnostic, suivi, traitement, etc.). »

Dépistage métabolomique par RMN

Un autre type de test sanguin diagnostique, qui utilise la métabolomique par résonance magnétique nucléaire (RMN), a récemment été établi comme le premier test à être capable de déterminer le statut métastatique d'un cancer sans connaissance préalable du type de cancer primaire. [2] Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang provenant de 300 patients présentant des symptômes non spécifiques mais inquiétants de cancer. Contrairement aux tests sanguins classiques de dépistage du cancer, la technique basée sur la RMN analyse les niveaux de métabolites en tant que biomarqueurs pour distinguer les différents états cancéreux. Dans l'étude, l'analyse métabolomique basée sur la RMN a correctement détecté la présence de tumeurs solides chez 19 des 20 patients atteints de cancer et a identifié la maladie métastatique avec une précision de 94 %.

Tests d’ADN tumoral circulant

Un autre test sanguin qui analyse l'ADN tumoral circulant (ADNc) excrété par les cancers métastatiques pourrait permettre d'établir des plans de traitement personnalisés. [3] Le Dr Wyatt et ses collaborateurs ont analysé le plasma et les métastases synchrones chez des patients atteints d'un cancer de la prostate agressif et résistant au traitement en utilisant le séquençage du génome entier. Ils ont ensuite utilisé des programmes informatiques nouvellement développés pour fournir des informations sur la composition génétique de chaque population de cancers. Cette technique permet aux chercheurs de mieux connaître globalement la maladie d'un patient plutôt que la seule tumeur métastatique. À l'avenir, cela pourrait permettre aux cliniciens de prendre de meilleures décisions concernant la prise en charge du cancer d'un patient.

L'ADNc est également utilisé dans un nouveau test sanguin conçu pour dépister le cancer colorectal (CCR). La première étude prospective à évaluer le test a révélé qu'avec une spécificité de 90 %, le test sanguin (Guardant Health) était sensible à 100 % pour la détection du CCR. Avec une spécificité de 95 %, la sensibilité était de 88 %. L'étude a été présentée le 21 mai 2022 à la Digestive Disease Week (DDW) 2022 à San Diego, CA, É-U. [4] Un tiers des participants (33 %) présentaient un risque moyen. Parmi les autres, 49 % étaient symptomatiques, 11 % avaient des antécédents familiaux positifs de CCR, 6 % avaient un résultat positif à un test des selles et 1 % se sont présentés pour une coloscopie pour d'autres raisons. L'étude a porté sur des personnes âgées de 45 à 84 ans (âge médian, 55 ans). Un peu plus de la moitié (52%) étaient des femmes. Le taux de prévalence de l'adénocarcinome colorectal était de 2,6 %. Huit patients avaient un cancer de stade I, trois un cancer de stade II, deux un cancer de stade III et deux un cancer de stade IV.

Des microARNs comme biomarqueurs

Un autre test sanguin, qui recherche une combinaison de fragments d'ARN spécifiques, est également envisagé comme outil de dépistage du CCR.

Dans une nouvelle étude [5], les chercheurs ont identifié quatre microARN qui, ensemble, constituent un biomarqueur caractéristique pouvant être utilisé pour détecter et diagnostiquer le CCR à partir d'une biopsie liquide dans une population plus jeune. Dans une cohorte japonaise, le dosage des quatre micro-ARN avait une sensibilité de 90 % et une spécificité de 80 %, avec une valeur prédictive positive (VPP) de 88 % et une valeur prédictive négative (VPN) de 84 %. Dans une cohorte espagnole utilisée pour la validation, le test avait une sensibilité de 82 %, une spécificité de 86 %, une VPP de 88 % et une VPN de 80 %. En fonction du stade de la maladie, le panel de quatre micro-ARN a permis d'identifier le cancer colorectal à un stade précoce (stade 1-2, sensibilité 92 %, spécificité 80 %) et à un stade avancé (stade 3-4, sensibilité 79 %, spécificité 86 %) dans la cohorte de validation.

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