Accidents du travail : augmentation inquiétante chez les femmes

Paris, France – Une analyse de la sinistralité au travail entre 2001 à 2019 montre une augmentation inquiétante des accidents du travail chez les femmes, ainsi que des maladies professionnelles ^[1]. Des résultats qui doivent amener les entreprises à prendre en compte « l’impact différencié de l’exposition au risque en fonction du sexe » concluent les auteurs.

Augmentation de 41,6% chez les femmes

Sur la base des données les plus récentes publiées par l’Assurance maladie - Risques professionnels, l’Agence nationale de l’amélioration des conditions de travail (Anact) a étudié les évolutions en termes d’accidents du travail, de maladies professionnelles et d’accidents du trajet chez plus de 650 000 salariés en France, dont 63% d’hommes et 37% de femmes. Si la baisse globale des accidents du travail entre 2001 et 2019 de 11,1% est une bonne nouvelle, il ne faut pas s’y tromper car elle masque une autre réalité : une baisse pour les hommes de 27,2% mais une très nette progression des accidents de travail chez les femmes qui augmente de 41,6%. De plus, « l’analyse de la gravité des accidents de travail indique qu’en moyenne les femmes sont arrêtées plus longtemps que les hommes » indique l’Anact.

Depuis 2001, les secteurs les plus accidentogènes pour les femmes sont les activités de services : santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation. Le BTP est le secteur le plus accidentogène pour les hommes, ces derniers sont majoritairement victimes d’accidents mortels (à plus de 90% dans tous les secteurs). Néanmoins, entre 2013 et 2019, le nombre d’accidents de travail mortels a augmenté de plus de 35% et ce pour les femmes comme pour les hommes.

Les maladies professionnelles aussi

Pour ce qui est des maladies professionnelles, elles concernent au total en 2019 plus de 50 000 personnes, autant de femmes que d’hommes, avec une forte progression dans l’ensemble (+108%). Toutefois, l’augmentation est, là encore, deux fois plus rapide pour les femmes (+158,7%) que pour les hommes (-73,6%). Depuis 2011, une diminution puis une stabilisation semblent s’amorcer chez les femmes comme pour les hommes.

En 2019, les activités de services : santé, action sociale, nettoyage, travail temporaire et les services, commerces et industries de l’alimentation totalisent le plus grand nombre de maladies professionnelles déclarées et reconnues pour les femmes. Les secteurs du BTP et de la métallurgie comptent le plus de maladies professionnelles déclarées et reconnues pour les hommes.

Concernant les accidents de trajet, près de 99 000 personnes, dont 54% des femmes et 46% des hommes en 2019, ont été concernés sur la période donnée. Leur nombre est stable pour les hommes depuis 2001 (-1,5%) mais en nette progression pour les femmes (+33,6%). Les accidents de trajet mortels concernent davantage les hommes que les femmes dans l’ensemble des branches. Les activités de service (santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire) comptent la plus forte mortalité des accidents de trajet pour les hommes comme pour les femmes en 2019, rapporte l’Anact. 

« Cet éclairage statistique longitudinal appelle à davantage d’efficience et d’efficacité dans la prévention des risques professionnels, notamment dans les secteurs à prédominance féminine et particulièrement dans les activités de service (santé, action sociale, nettoyage et travail temporaire) » concluent les auteurs. « Une telle évolution est d'autant plus urgente que dans cette période post-pandémique, les enjeux d'attractivité des conditions de travail ou d’emploi sont au cœur des problématiques des secteurs qui peinent à recruter » ajoutent-ils.

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Citer cet article: Accidents du travail : augmentation inquiétante chez les femmes - Medscape - 5 août 2022.