
Fin juin, la FDA a ordonné à la compagnie Juul Labs, Inc. de mettre fin à la vente des cigarettes électroniques et des produits de vapotage sur le marché américain. Bien que l'interdiction ait été temporairement suspendue, cette mesure tente de répondre aux inquiétudes suscitées par la forte consommation de e-cigarettes, en particulier chez les jeunes. L'American Heart Association (AHA) appelle également à des actions immédiates et encore plus généralisées (voir infographie) pour limiter le vapotage.
Interventions de la FDA et de la AHA
Le 23 juin, la FDA a ordonné à la compagnie Juul Labs, Inc. de cesser la distribution de tous ses produits de e-cigarette et de vapotage et de les retirer du marché. Cela inclut les dispositifs et les cartouches de remplacement contenant des arômes de tabac et de menthol. La décision a été prise après une analyse (d’une durée de 2 ans) de la demande d’autorisation de la société de continuer à vendre des produits non aromatisés aux fruits, comme le menthol et le tabac. La FDA a estimé que la demande « manquait de preuves suffisantes concernant le profil toxicologique des produits pour démontrer que la commercialisation de ces produits serait acceptable pour la protection de la santé publique ». Cependant, au début du mois de juillet, la FDA a mis cette interdiction en suspens, indiquant qu'elle allait procéder à un examen supplémentaire de la demande. Sur Twitter, la FDA a déclaré avoir identifié « des problèmes scientifiques propres à la demande de Juul qui justifient un examen supplémentaire ». Elle a en outre expliqué que « [l]e sursis et l'examen ne constituent pas une autorisation de commercialiser, de vendre ou d'expédier les produits Juul. »
Selon les estimations rapportées par les CDC, 11,3 % des lycéens américains fument des cigarettes électroniques. Ils estiment que le marketing présentant les produits de vapotage comme étant plus sécuritaires que les cigarettes traditionnelles ― malgré le fait que chaque cartouche de 5 % (poids de nicotine) équivaut approximativement à 1 paquet de cigarettes ― serait responsable de la popularité de ces produits auprès des jeunes.
Au-delà des préoccupations liées au tabac et à la nicotine, d'autres problèmes de santé ont également commencé à se poser. Dans la foulée, l'AHA a récemment publié un communiqué scientifique citant des études menées chez de jeunes adultes qui vapotent montrant des changements hémodynamiques aigus, notamment une plus grande rigidité artérielle, une altération de la fonction endothéliale et une augmentation de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et du tonus sympathique. [1]
L'Union Européenne limite la concentration de nicotine dans les e-liquides à un maximum de 20 mg/mL, ce qui correspond à la teneur en nicotine d'une cigarette (combustible) standard. Aux États-Unis, aucune limite n'a été fixée quant à la concentration de nicotine autorisée dans les e-liquides. Il a été démontré que certains dispositifs ont des niveaux de nicotine de 59 mg/mL.
Une dépendance encore plus précoce ?
L’annonce de l'interdiction de Juul aux États-Unis s'est propagée dans le monde entier. Comme l'a expliqué Pierre Bizel (responsable des habitudes de vie à l'Observatoire de la Santé du Hainaut et membre de la Coalition nationale contre le tabac en Belgique) à nos confrères de MediQuality, l'objectif des e-cigarettes et des produits de vapotage est, avant tout, d'augmenter le nombre de fumeurs. Il ajoute : « Ces e-cigarettes ne peuvent que servir à mettre en place une dépendance la plus précoce possible. » Il estime que l'introduction de ces produits n'a pas permis de réduire les ventes de cigarettes dans le monde. Le tabac traditionnel est toujours vendu aux mêmes prix, et cette nouvelle méthode de distribution permet aux fabricants de réaliser des profits sur plusieurs fronts.
Un point de vue qui évolue
La population générale semble de plus en plus consciente du fait que le vapotage n'est pas ce qu'il était censé être au départ. Une étude récente a montré que les adultes perçoivent de plus en plus les e-cigarettes comme « plus nocives » que les cigarettes traditionnelles. [2] En outre, le pourcentage de personnes aux États-Unis qui utilisaient exclusivement des cigarettes traditionnelles a presque doublé entre 2019 et 2020 parmi celles qui percevaient les e-cigarettes comme plus nocives, passant de 8,4 % en 2019 à 16,3 % en 2020. Ce changement brutal de la perception dans la population fait suite à la couverture médiatique de symptômes pulmonaires désormais classés comme des lésions pulmonaires associées à l'utilisation d'e-cigarettes ou de produits de vapotage (EVALI). Ces lésions étaient liées à l'acétate de vitamine E, un additif aux produits contenant du THC mais non à ceux contenant de la nicotine. L'étude a montré que la proportion de personnes estimant que les e-cigarettes sont plus nocives que les cigarettes traditionnelles a plus que triplé, passant de 6,8 % en 2018 à 28,3 % en 2020. Moins de personnes considéraient également les e-cigarettes comme moins nocives que les cigarettes traditionnelles, passant de 17,6 % en 2018 à 11,4 % en 2020.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Suivez Medscape en français sur Twitter, Facebook et Linkedin.
Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie en français sur Twitter.
Medscape © 2022 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Dans l’Actu : le vent tourne pour les e-cigarettes - Medscape - 5 août 2022.
Commenter