Atlanta, États-Unis – Dans les pays où les pratiques sont autorisées avant l'âge adulte, le nombre d'enfants et d'adolescents sous traitement visant à retarder ou en vue d'une transition augmente. Bien que les données fiables soient limitées, la quête de l'identité de genre semble plus répandue avec la plus grande acceptation sociale de la dysphorie de genre qui se manifeste chez des individus qui ressentent que leur sexe biologique ne correspond pas à leur identité de genre.
Mais les traitements hormonaux ne sont pas sans effet sur l'organisme en croissance des enfants et des adolescents. Par exemple, les jeunes transgenres qui reçoivent une thérapie hormonale visant à retarder la puberté ou de réaffectation de genre ont une densité minérale osseuse (DMO) plus faible qu'attendue pour leur âge, quel que soit le genre assigné à la naissance.
Plus les patients reçoivent des hormones sexuelles stéroïdiennes sur une longue durée, plus le problème s'aggrave. « Les effets de ces thérapies sur la DMO ne sont pas assez étudiés » a rappelé la Dr Natalie Nokoff (University of Colorado School of Medicine, Aurora, États-Unis) qui a justement présenté une étude transversale à ce sujet lors du congrès annuel de l'Endocrine Society ( ENDO 2022 ), lequel s'est déroulé en juin à Atlanta.
Cette étude fait partie d'un travail de recherche plus global, mené par le Dr Natalie Nokoff et ses co-investigateurs, sur les effets à long terme des thérapies hormonales à visée de changement de genre chez les enfants et les adolescents sur l'organisme. Ils ont par exemple montré que les jeunes transgenres prenant des agonistes de la GnRH, bloquant la puberté, étaient plus à risque de présenter des modifications indésirables de la composition corporelle et des marqueurs cardiométaboliques que les jeunes qui n'en prenaient pas. « Nous avons besoin de plus d'information sur la durée optimale du traitement visant à retarder la puberté avant de l'arrêter ou d'introduire des hormones » a expliqué la Dr Nokoff.
Une corrélation inverse entre la durée de la thérapie par agoniste du GnRH et les scores Z
Pas de preuve chez l'adulte, de plus en plus d'indices chez l'adolescent
Surveiller les os des jeunes transgenres
Invitée à commenter la présentation, la Dr Michele A. O'Connell (pédiatre endocrinologue du Royal Children's Hospital, Victoria, Australie) a confirmé que le risque de perte osseuse était réel. « Surveiller la santé osseuse est recommandée pour tous les adolescents transgenres traités avec des agonistes de la GnRH » a-t-elle indiqué en s'appuyant sur différentes recommandations, dont celles de 2012 de la World Professional Association of Transgender Health et de celle de 2017 de l'Endocrine Society.
La spécialiste australienne a récemment écrit un article sur la prise en charge pharmacologique des adolescents transgenres. Ce résumé aborde différents sujets dont le risque de perte osseuse, l'impact sur la croissance, la cognition ou encore la santé mentale [2]. Globalement, elle considère que la santé osseuse devrait être surveillée chez les enfants recevant des traitements pour retarder la croissance ou d'affirmation du genre. Elle partage l'avis du Dr Natalie Nokoff sur le fait que l'impact clinique reste peu connu.
« Les études de suivi à long-terme sont nécessaires pour évaluer l'impact, s'il y en a, sur des aspects fonctionnels comme le risque de fracture » a-t-elle indiqué. En attendant, elle encourage à se tourner vers des moyens habituels de renforcement des os, à savoir la supplémentation en vitamine D et les exercices avec des charges.
Les Drs Nokoff and O'Connell n'ont pas rapporté de liens financiers.
L’article a été publié initialement sur Medscape.com sous l’intitulé “Transgender Youth on Hormone Therapy Risk Substantial Bone Loss’’. Traduit/adapté par Marine Cygler.
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Les thérapies hormonales des jeunes transgenres ont-elles un effet négatif sur les os ? - Medscape - 1er août 2022.
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