Cardiovasculaire : le régime méditerranéen prouve sa supériorité face au régime pauvre en graisses

Nathalie Barrès

1er août 2022

Madrid, Espagne Une étude a comparé les effets du régime méditerranéen et pauvre en graisses en prévention cardiovasculaire secondaire. Elle montre la supériorité du premier sur le deuxième. Le régime méditerranéen diminuerait le risque d’événement cardiovasculaire majeur de 26% chez les patients ayant une coronaropathie. Ces bénéfices iraient même jusqu’à 33% de réduction d’événement cardiovasculaire majeur chez les hommes dans ce même contexte de prévention secondaire.

Pourquoi est-ce important ?

Sur la base de certaines recommandations, les patients atteints de maladie cardiovasculaire recevaient fréquemment au début des années 2000 le conseil d’opter pour un régime pauvre en graisses. Les preuves de l’intérêt du régime méditerranéen en prévention cardiovasculaire secondaire étaient alors faibles. Cette étude présente l’intérêt d’avoir comparé les régimes après randomisation et de s’être intéressée à la prévention cardiovasculaire secondaire.

Méthodologie

CODIOPREV est une étude mono-centrique, randomisée, réalisée à l’hôpital universitaire Reina Sofia à Cordoba, en Espagne. Des patients ayant une maladie coronarienne établie et âgés entre 20 et 75 ans ont été randomisés pour recevoir un régime méditerranéen ou un régime faible en lipides. Les investigateurs, des cliniciens, n’avaient pas connaissance du régime reçu. Le régime méditerranéen comprenait un minimum de 35% de calories sous forme de graisses (22% d’acides gras monoinsaturés – AGMI, 6% d’acides gras polyinsaturés – AGPI – et <10% d’acides gras saturés – AGS), 15% de protéines et un maximum de 50% de glucides. De l’huile d’olive extra-vierge était fournie gracieusement aux participants du groupe régime méditerranéen (1 L/semaine et par foyer). Le régime pauvre en graisses et riche en glucides complexes comprenait moins de 30% de graisses totales (<10% d’AGS, 12-14% d’AGMI et 6-8% d’AGPI), 15% de protéines et un minimum de 55% de glucides. Des sachets d’aliments sains, riches en glucides complexes, ont été fournis à ce groupe. Dans les deux régimes, la teneur en cholestérol a été ajustée à moins de 300 mg/j. Le critère principal d’évaluation était la survenue d’évènement cardiovasculaire majeur (en intention de traiter), incluant l’infarctus du myocarde, la revascularisation coronarienne, l’accident vasculaire cérébral ischémique, les maladies artérielles périphériques et le décès d’origine cardiovasculaire.

Principaux résultats

Entre octobre 2009 et février 2012, 1 002 patients ayant une coronaropathie ont été inclus (502 dans le groupe régime méditerranéen et 500 dans le groupe régime pauvre en graisses). L’immense majorité était constituée d’hommes (82,5%). L’âge moyen de la cohorte incluse dans l’étude était de 59, 5 ans. En fin d’étude, 13,8% des participants ont arrêté l’étude avant la fin de celle-ci (9,2% dans le groupe régime méditerranéen et 17,2% dans l’autre groupe).

Sur les sept années d’étude, 28,1/1.000 personnes du groupe régime méditerranéen et 37,7/1.000 du groupe régime pauvre en graisses ont connu un événement cardiovasculaire majeur (p=0,039). Si la supériorité du régime méditerranéen sur le régime pauvre en graisses a été démontrée sur le critère composite principal, aucune différence significative n’a pu être mise en évidence sur les composants de celui-ci pris individuellement. En revanche, le régime méditerranéen était supérieur au régime pauvre en graisses chez les sujets ayant une hypertension à l’inclusion, chez les plus jeunes (<70 ans à l’inclusion) et chez ceux dont les taux de LDL cholestérol étaient <100mg/dL.

Les bénéfices du régime méditerranéen étaient plus importants chez les hommes que chez les femmes (chez qui aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre les deux régimes alimentaires). Le Hazard ratio en faveur du régime méditerranéen était de 0,734 [0,55-0,97], p=0,032 pour l’ensemble de la population et de 0,67 [0,49-0,92], p=0,013 si l’on ne considérait que les hommes.

Étude financée par la Fundacion Patrimonio Comunal Olivarero, la Foundacion Centro para la Excelencia en Investigacion sobre Aceite de Oliva y Salud, le gouvernement espagnol et l’Union Européenne. Les financeurs n’ont eu aucun rôle dans le design de l’étude, le recueil des données, leurs analyses, interprétation et rapport.

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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