L’hôpital de Nevers mise sur son internat flambant neuf pour appâter les futurs médecins

Christophe Gattuso

Auteurs et déclarations

28 juillet 2022

France — Le centre hospitalier de Nevers a inauguré début juillet un nouvel internat. Avec ce bâtiment moderne, d’un coût de 3,7 millions d’euros, doté de 40 chambres et bien équipé, l’établissement espère attirer et fidéliser des professionnels de santé. Et maintenir une offre de soin dans la Nièvre (58), gravement sous-dotée.

Une quarantaine de chambres de 20 à 30 m2, réparties sur deux étages, toutes équipées d’une salle d’eau et d’une kitchenette, et au rez-de-chaussée un espace de vie commune de 150 m2 avec baies vitrées, aménagé avec babyfoot et table de ping-pong, une cuisine, une buanderie, une salle de visio-conférence, un local vélo mais aussi une terrasse extérieure avec salon de jardin et barbecue… Le centre hospitalier de Nevers n’a pas lésiné sur les moyens pour le nouvel internat inauguré début juillet mais qui accueille déjà depuis le 1er mai dernier ses premiers pensionnaires.

Au terme de près de deux ans de travaux qui ont nécessité 3,7 millions d’euros, le nouveau bâtiment de 1500 m2, accolé à l’hôpital Pierre-Bérégovoy, est désormais opérationnel. Et la direction du CH de Nevers espère que le nouvel internat servira de produit d’appel pour donner envie aux professionnels de santé en formation de venir rejoindre leur hôpital. « Nous essayons d’attirer les étudiants dès la 4e année de médecine pour leur faire prendre goût à l’hôpital et leur donner envie de revenir pendant l’internat », commente Séverine Collot, responsable des affaires médicales du CH de Nevers.

Ouvert en mai, le nouvel internat de 1500 mest relié par une galerie à l’hôpital Pierre-Bérégovoy.

Un processus d’affectation de stages pénalisant

Chaque semestre, 30 terrains de stage sont proposés aux internes de la région mais le nombre de ceux finalement affectés fluctue. « Ils étaient 17 le semestre précédent mais ne sont que sept ce semestre d’été, les internes restant traditionnellement dans le CHU de Dijon dont ils dépendent », explique Benoît Marbotte, directeur de l’équipement, des travaux, des services économiques et logistiques (DETSECOL).

« Nous ne sommes pas très favorisés par le processus d’affectation des internes, analyse Séverine Collot. Malgré les bonnes évaluations de nos stages, nous pâtissons de l’éloignement du CHU de Dijon auquel nous sommes rattachés. Les internes ne viennent pas chez nous en première intention. »

Le CH a donc décidé de prendre le taureau par les cornes en construisant ce nouvel internat mais aussi en faisant un peu plus la promotion de son offre de formation. « Un travail de communication doit être fait à tous les niveaux, de l’ARS au CHU, pour favoriser les stages dans notre établissement. Nous favorisons aussi les relations des chefs de service avec les coordonnateurs de filière pour promouvoir l’offre de stage de Nevers », précise la directrice des affaires médicales.

Exit l’ex-internat qui datait de l’ouverture de l’hôpital en 2003 et dont les locaux devenus trop exigus et qui s’étaient dégradés vont être réhabilités en bureaux. « Nous voulions plus de place pour accueillir tous les internes sur place, détaille Benoît Marbotte. Nous avons mis les moyens pour offrir un cadre moderne et convivial, chaque chambre est équipée pour que l’interne puisse vivre en autonomie, et tous les internes disposent de leur place de parking attitrée. »

Ouvert depuis moins de trois mois, le bâtiment a déjà fait le plein ou presque. Seules 4 chambres sont inoccupées. Car le bâtiment a aussi été conçu pour accueillir des professionnels de santé de l’hôpital qui en auraient besoin. Une quinzaine de faisant fonction d’internes y sont donc logés en ce mois de juillet, ainsi que cinq internes, quelques externes, des élèves sages-femmes et quelques vacataires et des paramédicaux intérimaires. Une personne à plein temps a été recrutée pour gérer la coordination hôtelière, la réception des marchandises, mais aussi le ménage des parties communes.

Une cuisine commune permet aux résidents de partager leurs repas ou de prendre les repas livrés par l’hôpital.

Long travail de séduction

Faisant partie des premiers à pouvoir y loger, Harry Benlefki, interne en médecine générale de 2e année, salue l’ouverture de l’internat. « Il est spacieux, confortable, bien agencé, c’est une excellente chose qu’il ait ouvert, ça contribue au bon accueil des internes et à créer une bonne ambiance », affirme le futur médecin, qui effectue son 2e stage au CH de Nevers en pédiatrie après un premier en gériatrie. Mais un beau bâtiment ne fait pas tout. « Le plus important, c’est la qualité de la formation et des stages. » Le Dr Benlefki implantera-t-il dans quelques années son cabinet dans la Nièvre ? Originaire du sud de la France, le jeune homme affirme que son projet professionnel n’est « pas encore défini ».  

 
Nous avons tous à cœur avec l’agglomération et les acteurs locaux de rendre attractifs notre territoire
 

L’internat n’est qu’une pierre d’un grand édifice pour tenter d’attirer de futures recrues du soin. Soucieuses de lutter contre la désertification médicale de la Nièvre, toutes les parties prenantes s’y mettent. L’agglomération du pays de Val de Loire Nivernais a récemment organisé une journée de découverte du territoire pour en montrer les atouts lors d’un week-end dans le Morvan voisin, avec rafting et autres activités culturelles et sportives. « Nous avons tous à cœur avec l’agglomération et les acteurs locaux de rendre attractifs notre territoire », commente Séverine Collot.

« Flying doctors », une fausse bonne idée ?

Quelques stages mixtes hôpital-ville sont proposés aux étudiants de même que d’avoir la possibilité d’avoir des postes d’assistants partagés entre Nevers et Dijon. Et le Centre hospitalier ne désespère pas de pouvoir accueillir en stage des étudiants et internes du CHU de Clermont-Ferrand, un peu plus proche de Nevers que Dijon.

Pour faciliter la venue des internes et médecins de Dijon à Nevers et réduire leur temps de trajet (2h30 en voiture), l’idée de mettre en place une ligne aérienne entre les deux villes est étudiée qui permettrait de ramener le trajet à 35 minutes. Ce projet de « flying doctors », révélée par Le Journal du Centre, est portée par Denis Thuriot, maire de Nevers et président de Nevers Agglomération, mais aussi président du conseil de surveillance du CH de Nevers.

La mairie de Nevers et l’agglomération sont par ailleurs propriétaires délégants de l’aéroport de Nevers-Fourchambault, avec le département de la Nièvre et la région Bourgogne-Franche-Comté. Cette ligne aérienne constituerait peut-être un coup de pouce dans le combat contre la désertification médicale. A l’heure de la nécessaire réduction des émissions de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, elle serait en revanche une aberration écologique.

Présente chaque jour ouvré jusqu’à 15h30, une coordinatrice hôtelière assure le suivi des demandes administratives, du ménage des parties communes et de la gestion des stocks.

Les résidents peuvent se retrouver dans cette salle commune de 150 m2

Une salle de visioconférence peut-être réservée par les internes et aux professionnels de santé pour les réunions avec le CHU de Dijon

Quatre lave-linges et quatre sèche-linges sont mis à disposition dans la buanderie

Sur les 40 chambres, 4 de 30 m2 sont réservées aux couples de soignants

 

 

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