Rester assis plus de 8 heures par jour est mauvais pour la santé

Nadine Eckert

Auteurs et déclarations

27 juillet 2022

Berlin, Allemagne Une étude à large échelle (plus de 100.000 participants) confirme que la position assise prolongée est associée à un risque accru de mortalité et d'événements cardiovasculaires, un risque qui peut être partiellement compensé par la pratique sportive. Réalisée (c’est une première) dans 21 pays, elle montre que les personnes vivant dans un pays à faible revenu semblent être plus particulièrement vulnérables à cet excès relatif de position assise.

 
Les gens passent de plus en plus de temps assis
 

« Les gens passent de plus en plus de temps assis », écrivent les auteurs réunis autour de Sidong Li (Centre national des maladies cardiovasculaires de l'Académie chinoise des sciences médicales, à Pékin) dans un article publié par le JAMA Cardiology. «  Des études montrent qu'aux États-Unis, par exemple, le temps passé en position assise a augmenté de près d'une heure par jour au cours de la dernière décennie. »

Des données provenant jusqu'ici presque exclusivement de pays à haut revenu

L'auteur principal de l'étude est le Dr Salim Yusuf, du Population Health Research Institute, à Hamilton (Canada). « Salim Yusuf est connu pour toujours mettre l'accent sur une perspective globale dans ses travaux », commente le professeur Ulrich Laufs, directeur de la clinique et polyclinique de cardiologie de l'hôpital universitaire de Leipzig. Il considère cette démarche importante « car de nombreuses études se concentrent sur l'Europe et l'Amérique du Nord. On peut ainsi rapidement perdre de vue le reste du monde. »

Sidong Li et son équipe ont vérifié si l’association entre la durée en position assise et le risque cardiovasculaire était également observable dans les pays à revenu moyen ou faible, en se basant sur les données de l'étude Prospective Urban Rural Epidemiology. Cette étude de cohorte basée sur la population incluait des personnes âgées entre 35 et 70 ans dans 21 pays à revenu élevé, moyen ou faible, avec un suivi de 11,1 ans en moyenne.

Les participants ont répondu à des auto- questionnaires portant sur le temps passé quotidiennement en position assise et sur leur activité physique. Le fait qu'il s'agisse d'informations fournies par les participants eux-mêmes doit être pris en compte dans l'interprétation des résultats, écrivent les auteurs de l'étude, Ulrich Laufs faisant également remarquer qu'il n'est pas possible de déterminer avec certitude si les participants ont été physiquement actifs ou pas.

Le critère d'évaluation primaire de l'étude était une combinaison de la mortalité globale et des événements cardiovasculaires graves (infarctus du myocarde, insuffisance cardiaque, AVC).

Un lien entre plus de 8 heures en position assise et une nette augmentation du risque

Parmi les 105.677 participants, âgés en moyenne de 50,4 ans, 6.233 décès et 5.696 événements cardiovasculaires graves sont survenus au cours du suivi : 2.349 infarctus du myocarde, 2.966 AVC, 671 cas d'insuffisance cardiaque et 1.792 décès d'origine cardiovasculaire.

En comparaison avec le groupe de référence (moins de 4 h/j en position assise), un temps plus long (au moins 8 h/j) était associé à un risque significativement plus élevé pour le critère combiné (RR : 1,19; IC 95% : 1,11 - 1,28; p < 0,001). C'était également le cas pour la mortalité globale (RR : 1,20; IC 95% : 1,10 - 1,31; p < 0,001) et les événements cardiovasculaires graves (RR : 1,21; IC 95% : 1,10 - 1,34; p < 0,001).

La position assise prolongée semble particulièrement néfaste dans les pays à faible revenu

La stratification des pays par niveau de revenu a révélé une association significative entre ce niveau et le temps passé quotidiennement en position assise en ce qui concerne le critère combiné et la mortalité globale. Elle était significativement plus forte dans les pays à revenu faible ou moyen : pour une durée passés assis d'au moins 8 heures par jour, le rapport de risque était de 1,29 (IC 95% : 1,16 - 1,44), contre 1,08 (p = 0,02) dans les pays à revenu moyen ou élevé. Pour ces derniers, l’association n’est pas statistiquement significative, d’après les auteurs, car l’intervalle de confiance à 95% est compris entre 0,98 et 1,19. « En stratifiant par région géographique, nous avons constaté que des temps d'assise plus longs étaient associés au critère d'évaluation combiné dans toutes les régions, sauf en Amérique du Nord et en Europe », précisent-ils. « Il ne faut toutefois pas en conclure que la position assise prolongée ne serait pas nocive pour la santé dans ces deux régions du globe », prévient Ulrich Laufs.

 
chez les personnes qui font beaucoup de sport
 

L'activité physique semble pouvoir atténuer l'effet de la position assise

Par rapport aux participants qui restaient assis moins de 4 h/j et qui étaient physiquement très actifs, ceux qui restaient assis au moins 8 h/j présentaient un risque accru de 17 à 50% pour le critère combiné. La largeur importante de cette fourchette d'augmentation du risque résultait du niveau d'activité physique, d’après Ulrich Laufs : « L'étude montre, chez les personnes qui font beaucoup de sport, que le temps passé assis a toujours une importance pour la morbidité et la mortalité cardiovasculaires, mais que l'effet négatif est quantitativement moins prononcé. »

 
l'effet négatif est quantitativement moins prononcé
 

Quant aux auteurs, ils soulignent que l'effet positif et compensatoire de l'activité physique s'étendait à différents niveaux d'intensité, mais qu'il devait s'agir de sport : « Remplacer le temps passé assis par du sport était associé à un effet plus important (HR : 0,95) qu’en le remplaçant par une activité physique non récréative (HR : 0,98). » Dès lors, « diminuer le temps passé assis tout en augmentant le niveau d'activité physique pourrait constituer une stratégie importante pour réduire, au niveau mondial, la charge liée aux décès prématurés et aux maladies cardiovasculaires. »

L'activité sportive serait-elle responsable des différences observées entre les pays ?

« L'étude confirme que le temps passé en position assise est un prédicteur négatif », explique Ulrich Laufs. « Mais cela semble surtout être vrai en cas d'inactivité physique. On peut espérer qu'une activité sportive ciblée permette d'annuler une partie de l'effet négatif d'un mode de vie sédentaire. »

L'étude ne permet pas de dire si l'activité sportive est au moins partiellement responsable des différences entre les pays. Certains éléments plaident toutefois en faveur de cette hypothèse. « Nous savons par d'autres travaux que l'activité sportive est en corrélation avec le niveau d'éducation et le revenu. Ces aspects pourraient jouer un rôle ici », avance le spécialiste. « Les différences culturelles pourraient également contribuer à ce que l'on accorde moins d'importance au sport dans certaines régions. Il serait donc intéressant de vérifier s’il existe, au sein des pays à faible revenu, des différences entre les personnes de statut socio-économique inférieur et supérieur. »

Cet article est une traduction/adaptation par Claude Leroy d'un article de Nadine Eckert publié initialement sur Medscape.de et intitulé Mehr als 8 h Sitzen ist schlecht fürs Herz. Aber in ärmeren Ländern scheint dies noch gefährlicher zu sein – liegt´s am Sport?

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