Bénéfice de l'empagliflozine sur la kaliémie des insuffisants cardiaques

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

22 juillet 2022

Les données poolées de deux études de phase 3 - EMPEROR-Reduced et EMPEROR-Preserved [1] – décrivent le bénéfice de l’empagliflozine sur la kaliémie des insuffisants cardiaques.

L'empagliflozine est un inhibiteur du cotransporteur 2 sodium-glucose (iSGLT2) qui, outre son intérêt sur le pronostic cardiovasculaire des patients diabétiques, semble conduire à un meilleur contrôle de la kaliémie chez les insuffisants rénaux au cours de plus de 3 ans de suivi.

Ces résultats suggèrent que l'empagliflozine peut aider à maintenir les traitements de l’insuffisance cardiaque (IC) à dose cible en réduisant les craintes d’hyperkaliémie et, par conséquent, de réduction posologique délétère pour le pronostic du patient.

Pourquoi est-ce important ?

L’hyperkaliémie peut limiter l’initiation, le maintien ou l’augmentation des inhibiteurs du système rénine angiotensine aldostérone (SRAA) qui améliorent le pronostic de l’IC. Certaines études suggèrent que des iSGLT2 ont un effet sur l’hyperkaliémie chez les patients atteints de diabète de type 2 ou d’insuffisance rénale. Il était intéressant d’évaluer le potentiel de l’empagliflozine sur la kaliémie et le recours à des chélateurs de potassium parmi les patients atteints d’IC avec ou sans fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) réduite.

Méthodologie

Cette étude est basée sur l’étude EMPEROR-Pooled combinant EMPEROR-Reduced et EMPEROR-Preserved, deux études de phase III multicentriques, randomisées menées en double aveugle et contrôlés versus placebo qui avaient été menées auprès d’adultes souffrant d’IC (stade NYHA II-IV) depuis au moins 3 mois avec un taux de peptide natriurétique élevé.

Les patients avaient été randomisés (1:1) entre l'empagliflozine 10mg/j et le placebo, en plus de leur traitement habituel. Les traitements de l’IC et des autres morbidités pouvaient être initiées ou modifiées à la discrétion du médecin.

Principaux résultats

Au total, 9 583 patients ont été inclus dans cette analyse. Comparativement à ceux ayant un taux normal (entre 4,0 et 5,0 µl/L), ceux ayant un taux > 5,0 µl/L (n = 1 557, 16,2 %) avaient une FEVG moyenne plus faible (41,8 vs 44,2 %) et un DFGe moyen réduit (54,1 vs 62,6ml/min/ 1,73 m²), et avaient plus souvent une FEVG réduite (≤ 40 % : 46,5 % vs 37,3 %) ou un DFGe < 30ml/ min/1,73 m² (9,8 % vs 4,3 %).

L'empagliflozine a réduit la survenue du critère composite d’évaluation (survenue d’une hyperkaliémie ou initiation d’un chélateur de potassium) qui concernait 6,5 % des sujets contre 7,7 % des sujets sous placebo (Hazard ratio [HR] 0,82 [0,71-0,95], p = 0,01). Le taux de patients ayant une kaliémie > 6,0 µl/L était également réduite (1,9 % vs 2,9 %, HR 0,62 [0,48-0,81], p < 0,001).

L’incidence des hypokaliémies (< 3,0 µl/L) n’était pas statistiquement différente entre les deux groupes.

L’analyse du bénéfice de l’empagliflozine sur le résultat composite cardiovasculaire des deux études (décès cardiovasculaire, hospitalisation ou événements équivalents pour IC) montrait des résultats comparables quel que soit le taux de kaliémie initial. Il en était de même concernant le déclin du DFGe.

Dans cette analyse, « l'empagliflozine a réduit l'incidence de l'hyperkaliémie sans augmentation significative de l'hypokaliémie », concluent les chercheurs.

 
L'empagliflozine a réduit l'incidence de l'hyperkaliémie sans augmentation significative de l'hypokaliémie.
 

 

Cet article a été publié initialement sur Univadis.fr.

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