HPV : les autoprélèvements vaginaux boostent les taux de dépistage

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

22 juillet 2022

France — Alors qu’en France, l’INCa a publié en mai un référentiel qui détaille la place de l'autoprélèvement dans le cadre du programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, une étude finlandaise parue dans l’International Journal of Cancer [1]montre que les tests par autoprélèvements vaginaux pour détecter les virus du papillome humain à haut risque (VPHhr) chez les femmes qui ne participent pas au dépistage organisé permettent de rattraper un certain nombre de cas.

A noter que le taux de participation au dépistage organisé en Finlande est d'environ 70 %. En France, il est des 60 %.

Méthodologie

  • En 2018, sur 14238 femmes finlandaises de 25 à 69 ans ne s’étant pas présentées pas au dépistage organisé après deux invitations, 5350 ont été randomisées pour participer à un dépistage HPV basé sur l'autoprélèvement. Parmi elles, 1282 (24,0%) ont exprimé leur intérêt et commandé le kit. En tout, 787 femmes (14,7 % de la population totale invitée) ont participé au dépistage, 770 femmes en fournissant un échantillon vaginal dans les 2 mois suivant l'invitation et 17 en fournissant l’auto-prélèvement à un laboratoire.

  • L’équipe a chercher à évaluer le potentiel du génotypage du HPV dans le triage des autoprélèvements car ils ne sont pas éligibles pour la cytologie.

  • Sont présentés dans l’étude, les résultats des autoprélèvements, les résultats du génotypage du HPV et les résultats histologiques chez les participantes à l'autoprélèvement qui ont continué le suivi.

U n taux de participation au dépistage par auto-prélèvement de 15%

  • Taux final de participantes : 14,7 % (n = 787/5 350) ; 770 participantes ont participé au dépistage en ayant fourni un échantillon vaginal moins de 2 mois après l’invitation et 17 ont effectué un frottis en laboratoire.

20 % d’échantillons positifs

Dans cette étude pilote, un taux de positivité au test hrHPV remarquablement élevé de 20,5 % (n = 158/770) a été observé parmi les participantes à l'autoprélèvement. « C'est 2,3 fois le taux de 8,9% chez les femmes ayant suivi à un dépistage régulier en 2019 », indiquent les chercheurs.

 
C'est 2,3 fois le taux de 8,9% chez les femmes ayant suivi à un dépistage régulier en 2019.
 

Résultats du génotypage

  • Test Aptima HPV mRNA assay, par génotype : Le VPH 16 (16,3 % [n = 23] des échantillons) et les VPH 18/45 (5,0 % [n = 7] des échantillons) étaient faiblement présents ; 77,3 % (n = 109/141) des échantillons étaient porteurs d’autres types de VPHhr.

  • Test basé sur Luminex : 86,5 % (n = 122/141) des échantillons étaient positifs, 19 échantillons négatifs.

    • Une concordance a été observée chez 59,7 % (n = 83/139) des échantillons.

Résultats des cytologies réalisées dans un second temps

23,0 % (n = 53/230) des participantes âgées de moins de 35 ans étaient positives à un VPHhr sur la population invitée ; 79,2 % de ces participantes (n = 42) invitées à faire une cytologie, l’ont pratiquée. En parallèle, 18,9 % (n = 105/557) des participantes âgées de 35 ans ou plus étaient positives à un VPHhr sur la population invitée ; 90,5 % de ces participantes (n = 95) ont fait une cytologie. Dans l'ensemble, parmi les participantes à l'autoprélèvement,13,3 % des femmes séropositives pour le VPH ont été perdues de vue.

  • Taux de détection des lésions épidermoïdes intraépithéliales de haut grade :

    • Participantes âgées de moins de 35 ans : 7,5 % (n = 4/53), ce qui représente 4,4 % des résultats positifs aux VPH ; 0,9 % des femmes dépistées.

    • Participantes âgées de 35 ans ou plus : 2,96 % (n = 3/105), ce qui représente 0,5 % de toutes les participantes d’âge similaire.

    • Lésions de haut grade : 2 participantes positives au VPH 16, 1 au VPH 18/45 et 4 à d’autres VPH.

Le taux global de détection de lésions de haut grade parmi les non-participantes au dépistage initial qui ont fait le dépistage par autoprélèvement était de 0,9 %, alors qu'il était de 0,5 % parmi les participantes au dépistage de routine.

Limites

  • Certains faux positifs au VPHhr.

  • Il est possible que des cas de VPH à faible risque aient été manqués.

  • Taux élevé de résultats non valides (22 sur 792, soit 2,8% ). Ces femmes ont été invitées à faire un frottis, 7 ont participé.

«  L'autoprélèvement vaginal devient une option possible pour augmenter la participation au dépistage. La faisabilité du génotypage à partir d’auto-prélèvements est confirmée dans l’étude », indiquent les chercheurs qui ajoutent que « la mise en œuvre [de ce type de dépistage] nécessitera des calculs coûts-efficacité minutieux adaptés aux différents contextes locaux ».

 
L'autoprélèvement vaginal devient une option possible pour augmenter la participation au dépistage.
 

« Le lancement des tests par autoprélèvements dans le programme de dépistage en Finlande devrait être considéré comme une option secondaire pour les non-participantes au dépistage organisé », concluent les auteurs.

En France, à l'occasion du 45ème congrès de la Société Française De Colposcopie Et De Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV), le Pr Xavier Carcopino (Hôpital Nord, Marseille) est revenu sur les avantages mais aussi les limites de ces autotests, tout en expliquant que les autoprélèvements n’étaient pas encore prêts à être utilisés en routine dans l’hexagone. A ce jour, aucun kit d'autotest n’a été validé ni reconnu de façon consensuelle, précisait le spécialiste.

Financement : Centre national du cancer de la Finlande du Sud ; autre.

 

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