Paris, France – Face à la question très débattue chez les politiques de l’éventelle ré-intégration à leur poste des personnels médicaux ayant refusé la vaccination Covid, l’Académie de Médecine et le Conseil scientifique COVID-19 prennent fermement position contre [1,2].
Un débat très politisé
Doit-on (ou non), qui plus est dans un contexte de pénurie de personnels, ré-intégrer à leur poste les soignants qui se sont opposés à l’obligation de vaccination contre le Covid, préférant être suspendus, voire pour certains démissionner et se ré-orienter ? Certains partis politiques en ont fait un sujet de bataille, le groupe Insoumis et le RN en tête, tandis que d’autres sont plus flous. Régulièrement confronté à cette question par ses opposants, le parti au pouvoir écarte le problème en minimisant le nombre de personnels concernés. Encore récemment, Olivier Véran, en tant que porte-parole du gouvernement, faisait état le 13 juillet, des estimations suivantes : 600 infirmières suspendues à l'hôpital public et privé (sur 240 000), 75 médecins et pharmaciens à l'hôpital sur un total de 85 000), ainsi que 100 infirmières en Ehpad, soit « une pour 70 établissements », selon des chiffres issues d’une enquête qu’Olivier Véran avait diligentée quand il était ministre de la santé mais non rendue publique à ce jour. Les mêmes chiffres sont repris par le Conseil scientifique dans son avis publié le 20 juillet.
Interrogé sur ce point, son successeur, François Braun avançait lui début juillet un taux de 0,53% de professionnels suspendus mais ouvrait légèrement la porte. Auditionné par la commission des lois du Sénat, mercredi 13 juillet, le nouveau ministre de la Santé a rappelé qu'environ « 12 000 professionnels de santé » étaient concernés, soit 0,4 % de l'ensemble des professionnels de santé et s’est engagé à répondre « très rapidement » sur le sujet « épineux » de la réintégration des soignants, précisant qu'une décision serait prise avant un « délai de trois mois », après consultation de la Haute Autorité de Santé et du Conseil consultatif national d’éthique.
Attitude « incompatible avec le métier de soignant » pour l’Académie de Médecine et le Conseil scientifique
Non sollicitée par le ministre, l’Académie de médecine a tout de même tenu à donner son avis sur la question et il est pour le moins tranché, puisque l’Académie nationale de médecine a exprimé dans un communiqué « sa ferme opposition à un tel revirement ». Selon elle, réintégrer les soignants non vaccinés contre la Covid-19 serait même « une faute ». Cet avis est partagé par le Conseil scientifique COVID-19.
Les arguments avancés – de différents ordres – sont les suivants. Si l’Académie reconnait « que tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable », elle juge ne revanche que cette attitude est « incompatible avec le métier de soignant ».
Pour ce qui est des raisons « scientifiques » avancées par les récalcitrants, l’institution considère celui de « la baisse d’efficacité des vaccins pour prévenir l’infection et la contagion par les nouveaux variants du SARS-CoV-2 » ne saurait « justifier la réintégration des non vaccinés » car « les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission ». Le Conseil scientifique précise que « les personnes vaccinées et infectées par le variant Delta sont porteuses d’une charge virale plus faible et moins durable que les non vaccinés infectés ».
La question des effets indésirables ne tient pas, selon l’Académie qui considère en effet « qu’aucun des arguments ressassés (absence d’efficacité, effets indésirables, manque de recul,..) ne permet de valider scientifiquement le refus de se faire vacciner », ajoutant que « les véritables contre-indications médicales à la vaccination étant très rares ».
Elle affirme au contraire « que la vaccination restant très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19 », de fait, « elle permet de rendre exceptionnelle la reconnaissance de Covid-19 grave en maladie professionnelle chez les soignants vaccinés ».
Enfin, au sein de l’hôpital, la réintégration de professionnels de la santé non vaccinés au sein de l’équipe soignante serait néfaste aux autres soignants et aux patients car elle « compromettrait le climat de confiance et la cohésion qui doivent exister entre ses membres et avec les malades » et « mettrait en péril les malades fragiles ».
L’argument concernant le manque d’effectifs du fait de cette exclusion est balayé d’une phrase par l'Académie de médecins et par le Conseil scientifique qui indiquent respectivement « ne concernant qu’un nombre très limité de soignants, [la ré-intégration] ne résoudrait pas les difficultés actuelles de fonctionnement de l’hôpital » et « au regard du nombre de personnes concernées, la réintégration de soignants nonvaccinés dans les équipes hospitalières n’aura probablement pas d’impact sur l’amélioration de l’organisation hospitalière ».
Enfin le Conseil scientifique ajoute que « l’apparition d’un nouveau variant plus sévère à l’automne (scénario 3) imposerait un retour à une vaccination ciblée sur certaines populations ou de certains métiers, la réintégration des soignants non-vaccinés rendrait ce type de décision très difficile ».
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Crédit image de Une : Aude Lecrubier
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Citer cet article: Personnels de santé non vaccinés : l’Académie de Médecine et le Conseil scientifique s’opposent à leur ré-intégration - Medscape - 21 juil 2022.
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