L’anticancéreux sabizabuline efficace pour diminuer la mortalité par COVID-19 ?

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

20 juillet 2022

États-Unis —Le traitement anticancéreux oral sabizabuline (laboratoires pharmaceutiques Veru) a réduit de plus de 55 % le risque de décès chez des patients hospitalisés atteints de COVID-19, d’après l’analyse intermédiaire d’un essai de phase 3 contrôlé par placebo, publié dans le NEJM Evidence.

Le traitement par sabizabuline a permis de réduire de manière constante et significative le nombre de décès dans tous les sous-groupes de patients, « indépendamment du traitement standard reçu, des scores de référence de l’OMS, de l’âge, des comorbidités, du statut vaccinal, des variants du COVID-19 ou de la zone géographique », a déclaré le Dr Mitchell Steiner, président-directeur général des laboratoires Veru dans un communiqué de presse.

La société a soumis une demande d’autorisation d’utilisation d’urgence à la Food and Drug Administration (FDA) américaine pour utiliser la sabizabuline dans le traitement contre le COVID-19.

La sabizabuline, développée à l’origine pour traiter le cancer de la prostate résistant à la castration (CPRC), est un nouveau perturbateur microtubulaire oral expérimental doté d’une double activité antivirale et anti-inflammatoire. Compte tenu du fonctionnement du médicament, les chercheurs des laboratoires Veru ont pensé que la sabizabuline pourrait également aider à traiter l’inflammation pulmonaire chez les patients atteints du COVID-19.

Les résultats de l’analyse intermédiaire ont été basés sur 150 adultes hospitalisés pour un COVID-19 modérée à sévère et présentant un risque élevé de syndrome de détresse respiratoire aiguë et de décès. Les patients ont été répartis de manière aléatoire pour recevoir 9mg de sabizabuline par voie orale (n = 98) ou un placebo (n = 52) une fois par jour pendant 21 jours maximum.

Globalement, le taux de mortalité était de 20,2 % dans le groupe ayant reçu la sabizabuline contre 45,1 % dans le groupe ayant reçu le placebo. Par rapport au placebo, le traitement par sabizabuline a entraîné une réduction absolue de 24,9 points de pourcentage et une réduction relative de 55,2 % des décès (odds ratio, 3,23 ; P = 0,0042).

Le critère clé secondaire de mortalité au jour 29 a également favorisé la sabizabuline par rapport au placebo, avec un taux de mortalité de 17 % contre 35,3 %. Dans ce cas de figure, le traitement par sabizabuline a entraîné une réduction absolue des décès de 18,3 points de pourcentage et une réduction relative de 51,8 %.

 
Il s’agit d’une analyse intermédiaire et nous aimerions évidemment avoir plus de données, mais c'est certainement quelque chose de nouveau et d’assez intéressant
 

La sabizabuline a entraîné une réduction significative de 43 % des jours de soins intensifs, une réduction relative de 49 % des jours de ventilation mécanique et une réduction relative de 26 % des jours d’hospitalisation par rapport au placebo.

Les événements indésirables et les événements indésirables graves étaient également moins nombreux dans le groupe traité par sabizabuline (61,5 %) que dans le groupe ayant reçu le placebo (78,3 %).

Les données sont « assez impressionnantes, dans ce groupe de patients pour lequel nous avons vraiment peu de choses à offrir », a déclaré à Medscape Medical News le Dr Aaron Glatt, porte-parole de l’Infectious Diseases Society of America et chef du service des maladies infectieuses et épidémiologiste au centre hospitalier Mount Sinai South Nassau à Oceanside (New York). « Il s’agit d’une analyse intermédiaire et nous aimerions évidemment avoir plus de données, mais c'est certainement quelque chose de nouveau et d’assez intéressant. »

Le Dr David Boulware, expert en maladies infectieuses à l’Université du Minnesota, a déclaré au New York Times que le grand nombre de décès dans le groupe ayant reçu le placebo semblait « plutôt élevé » et que l'analyse finale pourrait révéler un bénéfice plus modeste pour la sabizabuline. « Je serais sceptique » quant au fait que la réduction du risque de décès reste de 55 %, a-t-il noté.

L'étude a été financée par les laboratoires pharmaceutiques Veru. Plusieurs auteurs sont employés par cette société ou ont des relations financières avec elle.

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