
En 2019, le nombre estimé de cas de démence dans le monde s'élevait à 57,4 millions. Ce chiffre devrait tripler d'ici 2050, et compte tenu de l'absence d'options thérapeutiques concrètes, la recherche sur les facteurs de risque est déterminante pour aider à prévenir cette affection. Récemment, des études ont été menées sur le lien entre la démence et l'infection à herpès zoster (voir infographie), l'isolement social ou la consommation de certains médicaments.
Zona : un effet inattendu
À partir de registres médicaux nationaux, des chercheurs danois ont identifié 247 305 personnes ayant consulté un hôpital pour un zona, ou s'étant vues prescrire un médicament antiviral pour un zona, sur une période de 20 ans. [1] Les sujets ont ensuite été appariés à 1 235 890 personnes qui n'avaient pas eu de zona. Contrairement aux résultats escomptés, l'infection par le zona a été associée à une faible diminution (7 %) du risque relatif de démence, toutes causes confondues, au cours du suivi (hazard ratio [HR], 0,93 ; IC à 95 %, 0,90-0,95). Aucune augmentation du risque de démence à long terme n'a été constatée dans les analyses de sous-groupes, sauf chez des personnes atteintes d'une infection touchant le système nerveux central (HR, 1,94 ; IC à 95 %, 0,78-4,80). Cependant, la fraction de démence attribuable à cette complication rare était faible (< 1 %), ce qui suggère que la vaccination universelle a un potentiel limité de réduction du risque de démence. Néanmoins, les chercheurs suggèrent que la vaccination contre l'herpès zoster devrait être encouragée dans les populations d'adultes plus âgés, car elle pourrait prévenir les complications.
L’isolement social : un facteur de risque confirmé
L'isolement social est un facteur de risque de démence qui a été confirmé récemment. Les résultats d'une vaste étude épidémiologique prospective montrent que les personnes qui ont déclaré se sentir isolées socialement avaient une fonction cognitive moins bonne au départ et étaient plus susceptibles de développer une démence. [2] Les chercheurs ont examiné les données de 462 619 personnes (âge moyen : 57 ans) résidant au Royaume-Uni. Au départ, 9 % d'entre elles ont déclaré être isolées socialement et 6 % ont témoigné se sentir seules. Par rapport aux sujets témoins, les personnes qui se sentaient isolées et/ou seules avaient une fonction cognitive moins bonne au départ, après contrôle de l'âge, de l'origine ethnique, du sexe, de l'éducation et des revenus. Après un suivi moyen de 11,7 ans, 4 998 participants ont développé une démence. L'incidence était 26 % plus élevée chez ceux qui avaient déclaré être socialement isolés (odds ratio ajusté, 1,26 ; IC 95 %, 1,15-1,37). Des examens IRM effectués sur environ 32 263 participants près de 9 ans après le début de l'étude ont montré que les personnes présentant des niveaux d'isolement social plus élevés étaient plus susceptibles de présenter un volume de matière grise (VGM) plus faible dans les zones du cerveau liées à l'apprentissage et à la mémoire. Aucun lien n'a été trouvé entre les sentiments de solitude déclarés et la démence ou le VGM, ce qui contredit des résultats précédents.
Opioïdes et IPP
Une étude récente a montré que la consommation d'opioïdes chez les personnes âgées est associée à une augmentation de près de 40 % du risque de démence. [3] La recherche a porté sur 91 307 citoyens israéliens âgés de 60 ans ou plus. Au cours de l'étude, 3,1% des participants ont été exposés à des opioïdes à un âge moyen de 73,94 ans et 5,8 % ont développé une démence à un âge moyen de 78,07 ans. Le risque de démence était significativement plus élevé chez les personnes exposées aux opioïdes que chez celles non exposées dans la tranche d'âge 75-80 ans (HR ajusté 1,39 ; IC à 95 %, 1,01-1,92 ; Z-statistic = 2,02, p < 0,05).
Les nouvelles étaient plus positives concernant l'utilisation d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), même si des questions sur les associations potentielles subsistent. Selon les résultats d'une étude présentée le 23 mai à la Digestive Disease Week (DDW) 2022, [4] aucune association n'a été trouvée entre l'utilisation d'IPP ou d'antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine et une plus grande probabilité de démence, de maladie d'Alzheimer ou de déclin cognitif chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Les données de recherche proviennent de ASPREE, une vaste étude sur l'aspirine menée auprès de 18 846 personnes âgées de plus de 65 ans aux États-Unis et en Australie. Au cours des 80 976 années-personnes de suivi, 566 cas incidents de démence ont été identifiés. L'utilisation d'IPP au départ, par rapport à la non-utilisation, n'a pas été associée à la survenue de démence (HR, 0,86 ; 95 % CI, 0,70-1,05).
L’ostéodensitométrie comme outil de prédiction
La densitométrie osseuse pourrait constituer un moyen d'identifier les personnes à risque de démence. Dans une analyse portant sur plus de 900 femmes, les participantes septuagénaires présentant une calcification aortique abdominale (CAA) plus avancée, visible sur les images latérales de la colonne vertébrale par DEXA (dual-energy x-ray absorptiometry), avaient un risque de démence plus élevé. [5] Par rapport aux femmes présentant une faible CAA, celles avec une CAA modérée et étendue étaient plus susceptibles d'être hospitalisées pour une démence tardive (9,3 % pour une CAA faible, 15,5 % pour une CAA modérée et 18,3 % pour une CAA étendue) et de décéder (2,8 %, 8,3 % et 9,4 %, respectivement). Après ajustement multivariable, les femmes présentant une CAA modérée avaient un risque relatif d'hospitalisation pour démence tardive ou de décès deux et trois fois plus élevé que leurs homologues présentant une CAA faible. Les chercheurs suggèrent que les scanners de densitométrie osseuse pourraient être un moyen nouveau, non invasif et évolutif de mesurer le risque de démence.
Des facteurs de risque modifiables non contrôlés
Selon les données des Centers for Disease Control and Prevention, [6] près de la moitié des adultes américains âgés de 45 ans ou plus présentent des facteurs de risque modifiables de la maladie d'Alzheimer (et de maladies dégénératives du cerveau apparentées à la maladie d'Alzheimer), notamment l'hypertension, un faible niveau d'activité physique et l'obésité.
Plus d'un tiers (35 %) des adultes étaient obèses, 19 % étaient diabétiques, 18 % souffraient de dépression, 15 % fumaient et 10 % buvaient de façon excessive. Plus d'un adulte sur dix (11,3 %) a signalé un déclin cognitif subjectif, un indicateur de la survenue précoce de la maladie d'Alzheimer et de démences apparentées. La prévalence du déclin cognitif subjectif est passée d'environ 4 % chez les adultes ne présentant aucun facteur de risque modifiable de maladie d'Alzheimer et de démences apparentées, à 25 % chez ceux présentant quatre facteurs de risque ou plus.
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Citer cet article: Dans l’Actu : les facteurs de risque de démence - Medscape - 15 juil 2022.
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