POINT DE VUE

Obésité : les nouvelles recos HAS doivent être connues de tous !

Pr Boris Hansel

Auteurs et déclarations

3 août 2022

Le blog du Pr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste

Les nouvelles recommandations de la HAS sur la prise en charge de l’obésité indiquent clairement qu’il faut changer de paradigme et revoir notamment la notion d’échec dans la perte pondérale, selon Boris Hansel.

TRANSCRIPTION
Bonjour, je suis Boris Hansel, diabétologue et nutritionniste à l'hôpital Bichat à Paris. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié récemment des recommandations très pratiques, avec de vraies nouveautés pour la prise en charge de l'obésité. Cela concerne spécifiquement la prise en charge des 2e et 3e niveaux. [1] Attention à ne pas confondre avec la notion de grade 2 et de grade 3 qui renvoie aux notions d'obésité sévère et massive. Ce qu'on appelle le niveau 2, c'est la prise en charge par un spécialiste de l'obésité dans des structures habituées à prendre en charge des personnes obèses ; le niveau 3, c'est spécifiquement la prise en charge par un centre spécialisé de l'obésité, des structures qui ont été labellisées pour prendre en charge les personnes les plus sévères et assurer la coordination des soins dans les territoires.

Ces recommandations de la HAS sur l'obésité sont importantes à connaître de tous, parce qu'elles mettent en lumière des notions et des recommandations médicales qui sont peu connues, et pourtant utiles pour tous. En pratique, je vais revenir sur certaines de ces notions qui me semblent les plus essentielles.

  1. Revoir la notion « d’échec » dans la perte de poids : le plus important à mes yeux dans ces recommandations ― parce que c'est quelque chose qui est peu connu et qui conduit à des erreurs dans le discours entre les soignants et avec les patients ― c'est la notion « d'échec » de la prise en charge de l'obésité. Dans le sens courant, on parlera d'échec quand un patient n'a pas atteint un poids raisonnable ou un poids proche de la normale. Par exemple, si un patient ou une patiente pèse 100 kg pour 1,65 m, si elle n'a pas perdu au moins 10 ou 15, 20 ou 25 kg, on dira que cette personne est en échec... mais il ne faut pas dire cela ! Et la HAS, dans une note, le précise : l'échec est le fait de ne pas avoir perdu 5 % du poids à 12 mois. Et en particulier si le patient a continué à prendre du poids ou si aucun changement durable du mode de vie n'a été possible. Ou encore si l'absence de perte de poids s'accompagne d'une aggravation des comorbidités.
    En clair, un patient qui a perdu quelques pourcents du poids, qui modifie ses habitudes de vie même s'il n'a pas beaucoup perdu, ne doit pas être considéré en échec.

  2. Dépistage et traitement : la seconde notion essentielle qui ressort du texte de la HAS, est que la prise en charge de l'obésité ne se résume pas à un objectif pondéral. On doit à tout prix se concentrer sur le dépistage et sur le traitement des comorbidités, sans le résumer par la nécessité de maigrir à tout prix.

  3. Troubles du comportement alimentaire : le troisième message important est celui du dépistage des troubles du comportement alimentaire. Cela peut paraître évident, mais c'est fréquemment oublié. Beaucoup de soignants réalisent des enquêtes diététiques détaillées, on demande aux patients de remplir un carnet alimentaire etc., mais souvent la recherche des troubles du comportement alimentaire est passée au second plan, voire n'est pas faite. C'est ce qui explique parfois cette situation où on se sent démuni quand un patient nous dit qu'il mange peu et équilibré, et qu'il ne comprend pas pourquoi il grossit. Très souvent, quand on cherche un peu, il y avait un trouble du comportement alimentaire qui n'était pas identifié, ni par le patient, ni par les soignants.

  4. Dépistage des comorbidités : enfin, un autre élément essentiel dans ces recommandations, c'est le dépistage des comorbidités. On nous donne un plan détaillé pour rechercher ces comorbidités. Des propositions sont précises, notamment pour la recherche de l'hépatopathie métabolique, qui peut passer de la stéatose à la NASH et à la cirrhose, ou encore pour le dépistage et le diagnostic des pathologies respiratoires. Je vous recommande de donc regarder ces recommandations.

En pratique

En résumé, ces recommandations de la HAS, à mon avis devraient vraiment être connues de tous. Elles sont écrites de manière très pédagogique. Et pourquoi être connues de tous ? Parce qu'elles mettent en valeur le fait que l'obésité est une maladie chronique, que l'on ne décide pas d'un objectif de perte pondérale pour soigner une comorbidité, et qu'il faut changer de paradigme. Cette difficulté de perdre plus de poids fait partie de la maladie. Et surtout, ce qu'on nous dit bien, c'est qu'il y a beaucoup de choses à faire, à apporter à un malade en situation d'obésité, que de tenter par tous les moyens de lui faire perdre beaucoup de poids. Bien évidemment, il y a une place pour des méthodes pour perdre du poids, que ce soit la chirurgie bariatrique ou des médicaments qui vont arriver bientôt sur le marché. Mais c'est un autre sujet.

Je vous remercie de votre attention et je vous dis à très bientôt sur Medscape.

 

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