La revue de presse en oncologie

Cancer de la vessie : l’étude VESPER compare deux protocoles de chimiothérapie périopératoire

Dr Constance Thibault

Auteurs et déclarations

24 juillet 2022

TRANSCRIPTION

Après avoir commenté une première étude française publiée récemment [Voir Désescalade thérapeutique dans les séminomes métastatiques : les résultats rassurants de SEMITEP], voici une deuxième étude française, menée par le GETUG et par l’AFU, et appelée VESPER. [1]

Objectifs de l’étude VESPER

L'étude posait l’ambitieuse question, dans un cadre de phase 3, de comparer deux protocoles de chimiothérapie périopératoire classiquement utilisés pour les cancers de la vessie localisée, que sont le MVAC intensifié et le cisplatine-gemcitabine, sachant qu’en Europe la tendance est plutôt à faire du MVAC intensifié, aux États-Unis et outre-Atlantique plutôt du cisplatine gemcitabine, et on ne savait pas si l’un pouvait être mieux que l’autre. C’est la seule étude qui compare, dans une étude prospective randomisée, ces deux protocoles de chimiothérapie qui pouvaient être faits soit en néo-adjuvant, soit en adjuvant — le choix étant laissé libre à l’investigateur.

Le critère de jugement principal était la survie sans progression à trois ans, et la survie globale était un critère de jugement secondaire. Les chimiothérapies utilisées étaient le cisplatine gemcitabine administré à raison de quatre cycles et le MVAC administré à raison de six cycles de chimiothérapie, pour pouvoir avoir la même durée de traitement, à savoir 3 mois.

Résultats

Les résultats sont intéressants étant donné qu’il y a une tendance en faveur du MVAC intensifié, mais la différence n’est pas significative dans la population générale. En revanche, si on regarde la population de patients traités en néo-adjuvant par ces deux protocoles de chimiothérapie, qui représentait à peu près 90 % des patients inclus, la différence devient significative en faveur du MVAC intensifié.

Concernant la tolérance, on se rend compte que le MVAC est quand même un peu plus toxique : en néo-adjuvant, seuls 60 % des patients ont pu recevoir les six cycles de MVAC intensifiés, alors que 84 % des patients randomisés dans le bras cisplatine gemcitabine ont pu recevoir les quatre cycles prévus. Il y avait en plus un peu plus d’asthénie, un peu plus d’anémie de grade 3 et un peu plus de toxicité digestive chez les patients qui recevaient du MVAC intensifié.

En pratique

Quoi dire de cette étude ? Stricto sensu, elle est négative. Néanmoins, les résultats sont quand même en faveur du MVAC intensifié en termes de survie sans progression. Il sera intéressant d’avoir l’actualisation lorsque les données seront matures concernant la survie globale, mais très probablement que cette étude devrait quand même conforter les Français, en tout cas, dans l’utilisation du MVAC intensifié chez les patients qui sont en état de le recevoir, étant donné que tous les malades ne peuvent pas forcément recevoir une chimiothérapie de type MVAC intensifié.

Reste à savoir s’il faut absolument aller jusqu’à six cycles ou est-ce qu’on peut s’arrêter à quatre cycles de chimiothérapie, qui est ce qui est le plus souvent fait en pratique. Quand on voit que seulement 60 % des patients de l’étude ont pu aller jusqu’aux six cycles, on peut se dire que peut-être on peut s’arrêter à quatre cycles, mais l’étude ne nous permet pas de le formaliser et de le prouver. En tout cas, cela pourrait quand même amener à changer les pratiques et, peut-être, convaincre nos collègues outre-Atlantique de faire un peu plus de MVAC intensifié.

Je vous souhaite un bel été à tous et je vous donne rendez-vous à bientôt sur Medscape.

[ Voir la 1ère partie de cette vidéo , consacrée à l’étude SEMITEP[2]]

 

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