Le Dr François Arnault, nouveau président d’un Ordre des médecins féminisé et rajeuni

France — Le Dr François Arnault est le nouveau président d’un Ordre des médecins dont l’assemblée a été féminisée et rajeunie à l’issue du renouvellement d’une grande moitié de ses membres. L’ancien ORL de Châtellerault et son équipe auront fort à faire pour redorer le blason d’une institution égratignée par la Cour des comptes et lutter contre une désertification médicale qui ne cesse d’affaiblir la médecine libérale.

Une nouvelle ère

ORL à Châtellerault pendant 35 ans, désormais à la retraite, le Dr François Arnault (70 ans) ne va pas manquer de travail. II a été élu ce mercredi 22 juin président du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom). L’ancien secrétaire général du conseil prend la tête de l’instance, profondément remaniée et pour la première fois de son histoire entièrement paritaire après le renouvellement de 36 de ses 58 conseillers*. François Arnault l’a emporté par 38 voix à 20 face au Dr Gilles Munier, médecin généraliste à Thierville-sur-Meuse (Meuse) et vice-président sortant de l’Ordre.

François Arnault succède au Dr Patrick Bouet, qui à 66 ans et après trois mandats, ne se représentait pas. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’Ordre des médecins après les 9 ans de présidence du Dr Bouet. La large féminisation de l’assemblée (même si elle ne se traduit pas encore dans la composition du bureau trusté par 12 hommes sur 17 postes…, voir encadré) et le changement de président devraient en effet rebattre les cartes.

Au service des médecins dans l’intérêt des patients

Après son élection, le Dr Arnault a insisté sur « le rôle majeur » que continuera d’assumer l’Ordre des médecins dans « l’accompagnement des médecins, de tous statuts, de toutes spécialités et de tous âges, tout en restant toujours guidé en premier chef par l’intérêt des patients ».

Le nouveau président du Cnom estime que « le renouvellement profond de l’Ordre, à tous ses échelons, est une véritable chance pour rapprocher l’institution des médecins » et il se dit prêt à davantage « de relations de travail avec les pouvoirs publics, syndicats de médecins, ordres des professions de santé, associations de patients, parlementaires et élus des territoires ».

Il se montre ouvert aux « coopérations professionnelles » et affirme que l’Ordre, garant de l’éthique jouera tout son rôle dans les « réflexions collectives, notamment sur la fin de vie ».

Le calme après les tempêtes ?

Ces dernières années, l’Ordre a essuyé plusieurs tempêtes. Fin 2019, un virulent rapport de la Cour des comptes dénonçait de « sérieuses défaillances de gestion », « niveaux de rémunération particulièrement élevés » ou encore « un manque chronique de rigueur dans le traitement des plaintes ». Depuis, l’Ordre a adopté une réforme de son financement et le nombre d’instructions engagées contre des médecins a augmenté, même si la durée de traitement des dossiers reste d’environ un an. La réputation de l’Ordre a également été entachée par l’affaire Le Scouarnec, du nom d’un chirurgien pédophile condamné en décembre 2020 à 15 ans de prison pour abus sexuels sur mineurs et accusé de viols et agressions sexuelles sur plus de 300 personnes. Le procès a permis de pointer les nombreuses responsabilités dans ce dossier (des employeurs hospitaliers, de la Ddass et de la justice) qui ont permis au pédophile de ne pas être inquiété pendant une trentaine d’années.

Le défi de la désertification médicale

Le Dr Arnault n’arrive pas en terre inconnue. Président de l’Ordre des médecins de la Vienne de 2005 à 2015, il siège depuis 2013 au Conseil national de l’Ordre des médecins où il a notamment été le délégué général aux relations internes. Expert de la problématique des déserts médicaux en France, il a rédigé en 2017 un rapport consacré aux « initiatives réussies dans les territoires » pour améliorer l’offre de soins. Cette expertise ne sera pas de trop pour tenter de contrer la désertification médicale, qui progresse chaque année. Opposé à la limitation de la liberté d’installation des médecins, l’Ordre, qui réalise tous les ans un atlas annuel de la démographie médicale, il défend le principe d’une « responsabilité territoriale » partagée par l’ensemble des acteurs de soins dans les bassins de vie et non uniquement par les médecins libéraux. Alors que les pouvoirs publics accordent de nouvelles tâches médicales à d’autres professions paramédicales (délégation de tâches), l’Ordre entend aussi veiller à ce que les contours du métier de médecin ne soient pas trop empiétés.

L’Ordre attendu sur les sujets de société

Ces dernières années, l’Ordre s’est engagé contre les violences faites aux femmes et aux enfants, sous l’impulsion du Dr Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi. Presque tous les conseils départementaux se sont dotés d’une commission Vigilances-Violences-Sécurité. Le médecin peut désormais lever le secret médical, idéalement avec le consentement de la victime, et signaler au procureur de la République des violences conjugales dès lors que la victime est en danger imminent.

« L’Ordre devra répondre à plusieurs grandes questions sociétales, sur la fin de vie, l’IVG, la GPA ou des sujets de bioéthique, confiait le Dr Patrick Bouet au Quotidien du Médecin. Il lui faudra se positionner sur l’usage grandissant du numérique et la sécurité des données. Avec l’énorme appétit des acteurs de ce secteur, comment assurer la sécurité du secret médical, attaqué de toutes parts ? »

* 2 membres supplémentaires sont nommés par le Garde des sceaux et par l’Académie de médecine

 

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Citer cet article: Le Dr François Arnault, nouveau président d’un Ordre des médecins féminisé et rajeuni - Medscape - 24 juin 2022.