Monde— Très rarement, la vaccination contre le COVID-19 n’empêche pas certains patients de développer des formes graves. Des chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), de l’AP-HP (Assistance Publique - Hôpitaux de Paris) et enseignants-chercheurs d’Université Paris Cité au sein de l’Institut Imagine essaient de comprendre pourquoi. Ils ont publié dans la revue Science Immunology un travail qui donne de premières pistes[1].
Ils sont partis du constat qu’au moins 15% des patients non-vaccinés développant une pneumonie sévère due à une infection par le SARS-CoV2 ont des auto-anticorps contre les interférons de type 1 (IFNs 1).
Pour savoir si ces interférons jouent un rôle dans la gravité de la maladie, ils ont recruté 48 patients âgés de 20 à 86 ans ayant reçu deux doses de vaccin à ARNm contre le COVID-19, mais ayant malgré tout eu une pneumopathie hypoxémique deux à trois semaines après leur infection par le virus.
Parmi eux, 6 patients ont été retirés de l’étude, leur réponse immunitaire à l’infection (mesurée par leur taux plasmatique d’anticorps) étant insuffisante, pour différentes raisons (infection par le VIH, présence de lymphome, prise de traitements immunosuppresseurs, …). La réponse immunitaire des 42 autres patients était bonne.
Parmi ces 42 patients, 10 (24%) avaient des auto-anticorps neutralisant les IFNs 1. Parmi eux, 8 avaient des auto-anticorps neutralisant les IFN ⍺2 et les IFN ⍵ et 2 avaient des auto-anticorps neutralisant seulement les IFN ⍵. Aucun n’avait d’auto-anticorps neutralisant les IFN ß.
La sévérité de l’infection est donc vraisemblablement liée à la présence d’auto-anticorps neutralisant les IFNs 1 puisque la réponse immunitaire est bonne chez ces patients.
Il est à noter qu’aucun des 10 patients de l’étude n’est décédé, alors que parmi les patients non-vaccinés ayant des auto-anticorps neutralisant les IFNs 1, 20% décèdent.
On peut donc supposer que la vaccination protège malgré tout contre le risque de décès, même en présence d’une forme sévère. Aussi les auteurs préconisent de tester la présence d’auto-anticorps neutralisant les IFNs 1 chez les patients vaccinés hospitalisés pour une forme sévère de COVID-19. Ils poursuivent leurs travaux pour comprendre pourquoi certains patients développent ces auto-anticorps.
Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: COVID-19 : une première explication des rares formes graves chez les patients vaccinés - Medscape - 21 juin 2022.
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