France— Nous continuons de suivre, Max, cardiologue à la retraite, mais toujours très actif, exerçant en cabinet et en centre de santé à Paris, qui, nous livre ses réflexions sur les séries du moment où le verre de vin a allègrement remplacé la cigarette – ce qui n'est pas sans provoquer une réaction épidermique – surtout quand il fait le lien avec sa pratique médicale.
« Tu fumes après l’amour ? Non, je prends un verre ! »
Quand il ne regarde pas Columbo, Max s’installe quelques fois avant 22 heures devant sa télévision histoire de se détendre, pour y voir un polar, une fiction, une série : comme ils disent.
Hélas ! Le moment de détente annoncé est souvent de courte durée car il lui est rapidement impossible de rester zen. En cause, les habitudes des protagonistes des dites séries à la mode qui ont désormais remplacé la cigarette interdite par l’inaltérable verre d’alcool – façon obligée de donner un peu d’épaisseur à leur personnage.
Tout est devenu prétexte à prendre un verre, qu’il soit de vin, de bière ou d’alcool fort…Quand il ne s’agit pas d’une enquête menée dans une distillerie ou un château grand cru.
Suspect, victime, policier en fonction ou de retour au domicile après une enquête harassante, en proie à des difficultés professionnelles, de parent, de couple : l’alcool est omniprésent ! « Tu fumes après l’amour ? Non je prends un verre ! »
Le lendemain, frais comme un gardon, le capitaine, le commissaire, l’enquêteur sont toujours à pied d’œuvre, l’esprit clair !
Idem pour les soap opera de la fin d’après-midi, où à l’instar des Epouses désespérées [1] , le blanc est de rigueur. Et encore pudiquement, Max ne regarde plus les séries médicales. S’il avait la patience de regarder jusqu’au générique de fin verrait-il la mention « l’abus d’alcool est dangereux… » ? à moins que cette mention n’ait été remplacée par des remerciements aux négociants.
Peut-on encore s’amuser en soirée sans alcool ? Oui ! mais pas avec tout le monde
Cela lui rappelle justement une de ses patientes, la cinquantaine, artiste figure du monde artistique et souffrant d’hypertension artérielle et de fibrillation auriculaire paroxystique qui lui fait part de ses difficultés pour stopper l’alcool pourtant occasionnel mais préjudiciable.
Au cours des soirées de vernissages et autres rencontres artistiques, l’alcool est de rigueur. Avec cette impression de mise au ban en cas de non-adhérence aux traditionnelles coupettes.
« C’est un sujet constant de moquerie, docteur, lors de ma dernière soirée les participants se sont carrément et ouvertement foutus (sic) de moi parce que je ne prenais pas d’alcool !» confie-t-elle. « Il faudrait que je trouve une bonne réplique parce que cela va se présenter de plus en plus souvent », poursuit-elle.
Quelle bonne réplique quand le lobbying de la cigarette a cédé la place à celui de l’alcool sur les écrans. Selon la patiente ces soirées trop arrosées sont plus fréquentes depuis la fin du confinement…levée de l’obstacle ! Abus assurément soutenus, valorisés par les comportements inconséquents et en boucle « vus à la TV !».
Que conseiller à sa patiente quand les rencontres entre artistes, éditeurs, réalisateurs, sponsors, et autres producteurs sont nécessaires au métier ?
Mon médecin m’a déconseillé l’alcool
Fi des risques de cancers, maladies cardio-vasculaires, démence précoce qui ne sont pas un sujet de discussion dans ces réunions huppées. Sans parler des affections hépatiques, neurologiques, hématologiques.
Prétendre suivre une cure ? Dévoiler sa maladie ? Simplement dire l’alcool me rend malade ? C’est insuffisant ou dévalorisant, argumente-t-elle.
« Dévalorisant ! Hallucinant plutôt! Je n’ai pas la bonne solution sous le coude, sans jeu de mot ! », répond Max.
Quid en effet de l’attitude des pouvoirs publics chargés de la prévention ? Oseront-ils affronter ce commerce « ’indispensable pour l’économie nationale’ » des vins et autres spiritueux ? Qu’est devenue la loi Evin ? Les réalisateurs eux-mêmes ne pourraient-ils pas trouver un autre moyen pour donner de la prestance à leurs héros ?
Alors Max propose ‘’mi-figue mi-raisin ‘’ le banal « Dites que vous ne voulez pas faire de peine à votre médecin, que vous suivez ses conseils… » bien peu consistant en face d’un réel harcèlement.
Il n’y a pas si longtemps la photo retouchée d’une star cinématographique supprimait la cigarette au doigt, pourtant en bonne place sur la photo princeps d’il y a une trentaine d’années, se souvient Max, mais pas un tel embargo pour l’alcool…Les publicités continuent de s’afficher avec le pudibond « L’abus d’alcool… » A quand la prise de conscience indispensable de la part du ministère de la Santé ?
Les fâcheux diront il n’y a rien de récent, ils pourront même citer cette scène d’anthologie des Tontons flingueurs ! [2] Oui, mais c’était drôle. Rien à voir avec le verre trop souvent en plan séquence des héros des séries actuelles.
A moins d’arrêter la télé…
Finalement Max préfère encore voir et revoir un des 69 épisodes de Franck (alias Lieutenant Columbo [3]). Lui au moins il ne consomme pas d’alcool pendant son service ! Et son éternel cigare, peu amène, ne donne pas envie de fumer !

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Citer cet article: Alcool en série(s) - Medscape - 15 juin 2022.
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