Lille- France--Si l’immunothérapie orale permet d’envisager une tolérance aux allergènes alimentaires dans de nombreux cas, la prévention primaire des allergies liées aux aliments reste cruciale selon la Société française d’allergologie. Dans de nouvelles recommandations, présentées lors d’une session du congrès des Sociétés Françaises de Pédiatrie, la société savante préconise l’introduction précoce des allergènes dès l’âge de 4 mois pour tous les enfants[1].
Les dernières données en matière de prévention, dont deux études majeures LEAP et EAT (cf. encadré), ont conduit les experts européens et désormais français à revoir leur copie quant à la diversification alimentaire. Les nouvelles propositions françaises viennent de paraître sous la coordination du Dr Dominique Sabouraud-Leclerc (Service de Pédiatrie, CHU de Reims) au nom du groupe de travail Allergies alimentaires de la Société française d’allergologie[1].
Pour tous les nouveau-nés, quels que soient leurs antécédents (atopiques ou non), la diversification alimentaire est désormais préconisée dès l’âge de 4 mois de vie (au lieu des 6 mois qui étaient conseillés auparavant). Si l’enfant ne présente pas de dermatite atopique ou une forme légère, l’introduction de l’arachide, de l’œuf et des fruits à coque peut être réalisée à la maison.
S’il souffre en revanche d’une dermatite atopique sévère, un bilan allergologique pour l’arachide, les fruits à coque, l’œuf, les protéines du lait de vache doit être réalisé, avec éventuellement un TPO, selon avis allergologique.
Concernant l’arachide, le groupe de travail propose de l’introduire dans une compote sous la forme soit d’un mélange arachide/noisette/cajou (1 cuillère à café rase 5 fois par semaine ; 2g de protéines/aliment/semaine) soit d’une pâte 100 % arachide (1 petite cuillère à café 4 fois par semaine ; 2g de protéine d’arachide/semaine). En cas d’inquiétude familiale, il est proposé de surveiller l’enfant 30 minutes après la première prise, en salle d’attente du cabinet.
En 2022 « il ne faut plus retarder l’introduction des principaux d’allergène, que les enfants soient ou non à risque d’allergie alimentaire, et en particulier à l’arachide. En effet, si l’on ne cible que les enfants à risque, on passe à côté de ceux qui sont dépourvus d’antécédents familiaux mais qui développeront néanmoins des allergies alimentaires. L’idée est de tout introduire entre l’âge de 4 et 6 mois, l’arachide en particulier, et non plus de manière progressive, l’un après l’autre comme on le faisait jusqu’à maintenant à partir de l’âge de 6 mois révolus. Il faut privilégier la régularité plutôt que la quantité », a indiqué le Dr Stéphanie Lejeune, pneumo-allergologue pédiatrique (CHRU de Lille) qui a présenté ces nouveautés lors du congrès.
Si cette attitude s’appuie sur des essais, en vie réelle, aucune donnée n’est à ce jour disponible.
Arachide : LEAP et EAT, deux études majeures soutiennent l’introduction précoce
Une étude récente parue en 2021[2] a récapitulé les facteurs de risque d’allergie à l’arachide. 61 % des nourrissons (4-11 mois) avaient une dermatite atopique, 18 % une allergie alimentaire, 62 % une allergie à l’arachide chez un parent au 1er degré et 11 % une allergie à l’arachide confirmée. Le risque d’allergie à l’arachide augmentait avec l’âge et l’eczéma sévère.
En 2016, l’étude LEAP, conduite au Royaume Uni a révolutionné la prévention primaire de l’allergie à l’arachide[3] (640 nourrissons âgés de 4-11 mois ayant des facteurs de risque d’allergie à l’arachide) : que les enfants soient sensibilisés ou non, le nombre d’enfants ayant développé une allergie à l’arachide était systématiquement moindre dans le groupe consommation de l’allergène en comparaison au groupe « éviction ».
De plus, l’étude « LEAP-on » [4] a montré que la protection vis-à-vis de l’allergie à l’arachide persistait après arrêt de la consommation pendant douze mois entre 5 et 6 ans chez les enfants qui en avaient consommé auparavant.
En population générale, la diversification précoce a été étudiée dans la EAT study sur 1303 nourrissons allaités[5]. 24 % avaient une dermatite atopique (SCORAD médian 7,5). Ils ont été répartis entre deux bras : éviction et allaitement maternel jusqu’à 6 mois (standard) ou « Early » introduction dès l’âge de 3 mois (œuf cuit, lait, arachide, sésame, poisson blanc, blé, 2g de protéines deux fois par semaine). En analyse per-protocole, l’allergie à l’arachide a concerné 13 cas dans le groupe standard mais aucun dans le groupe « Early ».
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Prévention des allergies alimentaires : introduire tous les allergènes entre 4 et 6 mois - Medscape - 15 juin 2022.
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