COVID-19 en hausse : vers une campagne de vaccination visant Omicron à l’automne ?

Vincent Richeux, Damian McNamara

Auteurs et déclarations

15 juin 2022

Paris, France — Selon des résultats préliminaires du laboratoire Moderna, l’administration de son vaccin bivalent à ARNm modifié pour viser spécifiquement le variant Omicron a donné « une réponse immunitaire forte », presque deux fois supérieure à celle obtenue avec le vaccin d’origine. La mise à disposition de ce vaccin de nouvelle génération devrait s’inscrire dans une gestion de l’épidémie de Covid-19 similaire à celles appliquée pour la grippe saisonnière.

Alors que le caractère saisonnier de l’épidémie semble se confirmer, « on a l’espoir de voir apparaitre pour l’automne 2022 des vaccins optimisés ciblant un ou plusieurs sous-variants », davantage adaptés aux souches virales en circulation, a commenté le Pr Frédéric Adnet (SAMU 93, hôpital Avicenne, Bobigny), pour Medscape édition française lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion du congrès Urgences 2022[1].

Etant donné que le variant Omicron du Covid-19, devenu majoritaire, présente plusieurs sous-variants (BA.2, BA.4, BA.5…) à l’origine de nouvelles vagues épidémiques, comme actuellement au Portugal, « on peut s’attendre à disposer d’un vaccin multi-modal », a précisé l’urgentiste.

Une infection devenue endémique

Afin de valider scientifiquement la meilleure stratégie vaccinale à adopter avec l’évolution de l’épidémie de Covid-19, les laboratoires ont commencé à tester plusieurs types de vaccins ciblant un ou plusieurs variants, encouragés également par les gouvernements qui cherchent à définir la meilleure approche pour limiter l’impact des futures poussées épidémiques.

« La Covid-19 est devenue une maladie endémique qu’il va falloir gérer à long terme. Une gestion qui va s’apparenter à une gestion de type grippale, avec une nouvelle maladie respiratoire infectieuse qui, a la différence de la grippe, va évoluer avec plusieurs vagues épidémiques annuelles », a souligné le Pr Adnet.

Actuellement, le sous-variant BA.2 d’Omicron, qui a entrainé une reprise de l’épidémie en mars-avril, est majoritaire, mais la hausse exponentielle des sous-variants BA-4 et surtout BA.5 fait craindre l’arrivée d’une septième vague en France, à l’image du Portugal où ces deux sous-variants plus contagieux que BA.2 ont provoqué un rebond épidémique à partir d’avril.

Le Portugal a atteint son nouveau pic épidémique le 2 juin dernier, avec près de 3 000 nouveaux cas pour un million d’habitants, un niveau dix fois plus élevé que celui observé en France, qui comptait ce jour un peu moins de 300 cas positifs pour un million d’habitants, d'après les données de Our World in Data, rassemblées par l’université d’Oxford.

L’exemple du Portugal

Les autorités sanitaires portugaises ont alerté vendredi dernier sur le maintien de l’incidence des infections à un niveau élevé, mais ont pointé une tendance à la baisse. La région de Lisbonne est la plus touchée et on guette l’impact de la fête des Saints Populaires qui animent la capitale depuis une semaine, avec de multiples concerts et des animations de rue, particulièrement prisés cette année après deux éditions annulées en raison de l’épidémie de Covid-19.

Ces sous-variants semblent toutefois moins virulents. Selon les dernières données divulguées par les autorités portugaises, les hospitalisations pour Covid-19 ont également commencé à décroitre et le nombre de patients admis en réanimation reste constant après une hausse début juin. Le pays dispose encore de plus de la moitié de sa capacité d’accueil en soins critiques.

En France, même si l’incidence est en hausse, l’impact sur le secteur hospitalier reste minime. « L’épidémie de la Covid-19 ne représente plus qu’une partie négligeable de l’activité des Urgences ou des interventions des SAMU », indique le Pr Adnet. « Il n’y a pratiquement plus de patients Covid en état grave qui arrivent aux urgences ».

Rester vigilant

Selon lui, l’évolution actuelle de l’épidémie au niveau mondial ne donne pas de signaux inquiétants liés notamment à l’apparition d’un nouveau variant plus dangereux. « Nous devrions passer l’été sans trop de problèmes sanitaires liés à cette pandémie. »

Néanmoins, la vigilance reste de mise, estime l’urgentiste. « La saisonnalité de l’épidémie nous donne des motifs d’inquiétudes pour l’automne prochain », d’autant que l’immunité collective d’origine vaccinale ou naturelle, qui permet actuellement d’éviter une aggravation de la situation sanitaire, baisse inexorablement en quelques mois.

D’où les attentes quant à l’arrivée de nouveaux vaccins plus adaptés à l’évolution de l’épidémie. Alors que les vaccins utilisés actuellement contre le Covid-19 s’avèrent de moins en moins efficaces contre les variants et notamment contre le variant Omicron, les laboratoires travaillent à l’élaboration de nouveaux candidats dirigés plus spécifiquement contre ce variant.

Le laboratoire Moderna a livré ses résultats préliminaires concernant son vaccin de rappel bivalent mRNA-1273.214 qui vise à la fois la souche originale du SARS-CoV2 et le variant Omicron. Un autre vaccin bivalent ciblant des mutations de la protéine Spike du variant bêta, dont quelques-unes sont communes avec le variant Omicron, est également en développement.

Un vaccin disponible à la fin de l’été?

Dans l’essai de phase 2/3, 473 volontaires ont été inclus pour tester l’efficacité du vaccin mRNA-1273.214. Comparée à une dose de rappel de 50 μg d’ARNm du vaccin actuel, le vaccin a induit « une réponse immunitaire forte », qui s’est traduit un mois après l’injection par une multiplication par huit du taux d’anticorps dirigés contre Omicron, soit quasiment deux fois plus qu’avec le vaccin initial.

Le laboratoire précise que le profil de sécurité et la tolérance du nouveau vaccin est similaire à celui observé avec une dose de rappel du vaccin initial. Il est prévu d’évaluer à nouveau la réponse immunitaire à trois mois après l’injection.

« Nous anticipons une protection prolongée contre les variants préoccupant avec le vaccin mRNA-1273.214, ce qui en fait notre candidat principal pour un rappel à l’automne 2022 », a déclaré Stéphane Bancel, le responsable de Moderna, dans un communiqué.

Les données préliminaires et les analyses ont été soumises aux régulateurs pour validation « avec l’espoir que le rappel bivalent contenant Omicron sera disponible à la fin de l’été ».

D’ici là, la Food and Drug Administration (FDA) a prévu de se réunir pour se prononcer sur la stratégie à suivre pour la campagne de rappel qui aura lieu à l’automne prochain. Il s’agira notamment de décider quel type de vaccin sera le plus adapté.

 

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