Paris, France – Pour faire face à la fin du « tout urgences » et répondre à la demande de soins non programmés, le Dr François Braun et le Pr Karim Tazarourte qui coordonnent la mission flash pour les Urgences, proposent de s’appuyer sur le SAS. Reste néanmoins à trouver et fidéliser des généralistes.
Tri nécessaire à l’arrivée aux urgences
« La filiarisation généralisée des soins est désormais indispensable pour permettre aux urgences hospitalières de se recentrer sur leur mission », ont expliqué le Dr François Braun et le Pr Karim Tazarourte à l’occasion d'une conférence de presse au congrès Urgences 2022 [1]. « Les urgences, ça ne peut plus être 'open-bar' et ce n'est pas parce qu'on ne veut pas le faire, c'est parce qu'on ne peut plus le faire dans de bonnes conditions ».
Pour le Dr François Braun, « un élément d'accueil et de tri préalable à l'arrivée aux urgences est nécessaire ». Il pourrait s’agir du médecin traitant, du tri à l’accueil des urgences (comme c’est le cas au CHI Pellegrin de Bordeaux depuis quelques semaines) ou du service d'accès aux soins (SAS).
Qu’est-ce que le SAS ?
Avant tout, il s’agit d’un point d’entrée unique (quel que soit le numéro composé), un décroché bi-niveaux avec catégorisation immédiate des détresses vitales et une régulation médicale en « back-office » réalisée par un urgentiste ou un généraliste en fonction de l’appel. Le but : pouvoir orienter le patient dans le parcours de soins adapté à son besoin de soins, en proposant des créneaux de consultation auprès des généralistes d’un territoire de santé pour répondre aux besoins de soins non programmés courants. L’idée de proposer des équipes mobiles de télémédecine pour apporter une réponse dans les zones sous-dotées en médecins est aussi intégrée dans le SAS, tout comme l’appui sur tous les professionnels de santé d’un territoire et les volontaires secouristes.
Retour sur les expérimentations SAS
L’expérience dans les 22 sites pilotes a été analysé par la DGOS début 2022 avant une généralisation du dispositif. A titre d’exemple, le Dr Braun a détaillé l’impact du SAS au Samu de Metz : + 22 % d’appels, inversion de la tendance entre appels de médecine d’urgence et de médecine générale (60/40 auparavant et 40/60 avec le SAS). Face à cette hausse des recours – en particulier en médecine générale – il est nécessaire de disposer d’effecteurs sur le terrain. « C’est la partie « effection » du SAS, qui est la plus bloquante. Pour améliorer la situation, il est nécessaire de proposer une revalorisation des actes effectués par les médecins généralistes à la demande du Samu en journée », a expliqué le Dr Braun qui évalue la revalorisation à 15 euros par acte. Autre retour sur les expérimentations SAS, « on a pu voir la mise en place de filières telles que la gériatrie ou les parcours complexes des personnes âgées ».
« Aucune perte de chance pour les patients, c’est la priorité que nous nous sommes fixés », continue le Pr Kazaroute. Il a également souligné la nécessité de travailler sur l'aval des urgences, à commencer par un réagencement de lits de médecine polyvalente et la création de cellule d'ordonnancement pour faciliter l'hospitalisation des patients et ce d’autant que « l'activité des urgences est prévisible, on peut avoir de la lisibilité à trois semaines ».
Unités mobiles de télémédecine
Parmi les solutions identifiées pour permettre une meilleure allocation des ressources, la cheffe de service du Samu du Val-d'Oise, la Dr Agnès Ricard-Hibon, a détaillé des expérimentations d'unité mobile de télémédecine dans quatre départements : la Manche, la Seine-et-Marne, le Val d'Oise et Paris. Celles-ci permettent au personnel infirmier du Samu d'embarquer une valise de télémédecine (fournie par l'association Sauv Life) pour assurer un « bilan paramédical, s'il n'y a pas une urgence vitale ou masquée », et assurer l’appui technique à la consultation et la prescription d'un médecin à distance.
Ces unités mobiles de télémédecine, qui fonctionnent en journée de 9 à 19 heures, ont permis d'éviter « six à sept admissions aux urgences » par voiture et par jour. Ces expérimentations auraient « fait l'unanimité » parmi les médecins généralistes et urgentistes, et permettent d'obtenir « une diversité de réponses adaptées aux diversités de pathologies et de gravité », avec des visites à domicile pour les populations à mobilité réduite tout en évitant une admission aux urgences. La question du financement de ces unités reste néanmoins posée.
Crédit photo de Une : BSIP
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Citer cet article: Le SAS : outil de régulation pour filiariser les urgences - Medscape - 16 juin 2022.
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