Rhizarthrose : informer pour mieux soigner

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

14 juin 2022

France – Considérée comme le résultat d’un traumatisme ou d’une marque de vieillesse, l’arthrose du pouce est souvent vue comme une fatalité. Encore trop de personnes ne savent pas qu’elles peuvent bénéficier de traitements efficaces et pérennes. D’où le lancement d’un site d’information www.arthrose-pouce.com (voir encadré), sur lequel médecins, chirurgiens et industriels spécialisés dans la chirurgie de la main informent sur l’ensemble des options possibles pour se soigner – notamment chirurgicales –.

Rhizarthrose : une prédominance féminine

Parmi les 10 millions de français souffrant d’arthrose, 1,8 million souffrent d’arthrose du pouce. Cette maladie est évolutive et peut conduire à une immobilité totale de la main : toute activité essentielle du quotidien comme ouvrir une bouteille, une boîte, cuisiner, taper sur un clavier d’ordinateur, effectuer des travaux manuels... devient douloureuse voire impossible.

La pathologie est due à une destruction progressive du cartilage qui peut se faire rapidement ou sur plusieurs années. L’articulation entre le trapèze (os du carpe) et le premier métacarpien est usée et empêche le pouce de fonctionner normalement (faire la pince). Cette affection est souvent bilatérale (elle touche les deux pouces) et résulte de plusieurs causes (prédispositions anatomiques, hérédité, séquelles de traumatismes, travail manuel répétitif…).

« La rhizarthrose se caractérise majoritairement par des douleurs, une diminution de la force au niveau de la pince, un enraidissement de la colonne du pouce – entrainant des problèmes de mobilité – et une déformation de l’articulation pouvant prendre la forme d’un ”pouce en Z” » a expliqué le Dr Bruno Lussiez, président de la Société Française de Chirurgie de la Main et chirurgien orthopédiste au sein de la Clinique Médico-Chirurgicale Orthopédique de Monaco, lors d’une conférence de presse virtuelle organisée par KeriMedical [1].

 
La rhizarthrose se caractérise majoritairement par des douleurs, une diminution de la force au niveau de la pince, un enraidissement de la colonne du pouce. Dr Bruno Lussiez
 

La rhizarthrose est à nette prédominance féminine, elle atteint les femme dans 80% des cas. Et si la majorité des personnes qui en souffrent ont entre 55 et 75 ans, la maladie concerne aussi des gens jeunes, et en pleine activité, précise le chirurgien de la main.

Le premier stade de la prise en charge revient souvent au médecin généraliste, a rappelé le Dr Benoit Augé, rhumatologue à Besançon, qui peut effectuer un premier bilan et donner un traitement de première intention, sous forme d’anti-inflammatoires quand c’est possible et mettre en place une orthèse – une petite attelle à porter la nuit par exemple et qui immobilise le pouce, et/ou de la kinésithérapie.

« Quand cela ne suffit pas, le rhumatologue intervient alors pour proposer des infiltrations, notamment de cortisone, sur le lieu de la rhizarthrose. Si la crise suivante ne revient que dans un an et demi, on peut alors refaire une infiltration. En revanche, si le soulagement n’est que de courte durée, une prise en charge chirurgicale pourra régler le problème de façon plus définitive. Mais il est vrai que la place de la chirurgie est mal connue », admet-il.

La chirurgie, une option mal connue

Dans les faits, le traitement médical – visant à soulager les douleurs et non à traiter l’arthrose elle-même – est souvent considéré par les professionnels de santé comme étant l’unique solution pour traiter la rhizarthrose. « Une grande partie des rhizarthroses peut être prise en charge en première et en deuxième ligne auprès du médecin généraliste et du rhumatologue », confirme le rhumatologue.

Pour autant, la chirurgie doit être proposée lorsque le traitement médical ne suffit plus. « Les patients viennent souvent nous voir en ne sachant pas que l’on peut opérer une rhizarthrose, et sont surpris d’apprendre que c’est possible, constate le Dr Lussiez. Pourtant cette chirurgie existe depuis 50 ans et n’a cessé d’évoluer sous l’influence de chirurgiens français. »

 
Les patients viennent souvent nous voir en ne sachant pas que l’on peut opérer une rhizarthrose. Dr Bruno Lussiez
 

En termes de chirurgie, il existe globalement trois types d’opérations : la première consiste à enlever un petit os dans le poignet, le trapèze. « C’est facile pour le chirurgien et cela ôte la douleur pour le patient mais ne redonne pas une pince forte, c’est la trapezectomie », commente le Pr Laurent Obert, chef du Service de chirurgie orthopédique et plastique au CHUR de Besançon.

De façon plus exceptionnelle, on peut immobiliser le pouce en attachant deux petits os.

La troisième option consiste à poser une prothèse qui revient à remplacer l’articulation atteinte par une prothèse articulée (similaire à une prothèse de hanche). La douleur est supprimée et le patient récupére la pince formée par l’index et le majeur. Dans ce dernier cas, l’opération se fait sous anesthésie loco-régionale la plupart du temps et dure 45/60 minutes. Grâce à la disparition de la douleur, la récupération de la fonction utile du pouce se fait très rapidement, assure le Pr Obert.

La principale complication est la luxation – le déboitement d’une partie de la prothèse – mais elle est rare et a disparu avec les nouvelles prothèses. L’autre est l’usure de la prothèse, qui dépend de l’utilisation que l’on en fait, et a été fortement réduite grâce à de nouveaux matériaux.

« La prothèse de pouce reste aujourd’hui la solution compétitive pour retrouver un pouce indolore, stable et fort dans tous les gestes de la vie quotidienne, avec une récupération en 1 mois et demi », considère le chirurgien franc-comtois.

« Les prothèses de pouce actuelles, l’un des deux traitements modernes de la rhizarthrose avec les implants (un autre type de matériel implanté par chirurgie), ont désormais des résultats de très bonne qualité, qui rejoignent ceux des prothèses de hanche. Elles permettent à des patients, notamment jeunes, de retrouver leurs activités professionnelles et sportives rapidement » a conclu le Dr Lussiez.

 
Les prothèses de pouce actuelles, l’un des deux traitements modernes de la rhizarthrose avec les implants, ont désormais des résultats de très bonne qualité. Dr Bruno Lussiez
 

Lancement d’un site d’information www.arthrose-pouce.com

Mis en place par KeriMédical, le site délivre une information destinée tant aux professionnels de santé (médecins généralistes référents, rhumatologues, radiologues, kinésithérapeutes…) qu’au grand public. L’idée est de permettre aux premiers de mieux accompagner leurs patients en leur proposant toutes les possibilités de soins en fonction du stade d’évolution de leur rhizarthrose. Sont mis à disposition des témoignages de patients, des documents de référence en libre téléchargement ainsi que des informations en lien avec l’actualité scientifique et thérapeutique de l’arthrose du pouce. Les visiteurs, soignants comme patients, ont également accès à un annuaire de chirurgiens de la main formés à l’arthroplastie prothétique.

 

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