Paris, France – Les Infirmier.es en Pratique Avancée (IPA) sont désormais vus comme une option d’intérêt par la communauté des urgentistes. Reste à préciser leur place aux urgences tout comme les conditions financières de la formation alors que les premières promotions entrent ou vont entrer sur le marché du travail.
Les "urgences" désormais du domaine des IPA
Changement de paradigme au congrès Urgences 2022 [1]. Non seulement parler des Infirmiers en Pratique Avancée aux Urgences n’est plus un tabou, mais il semble pour la première fois qu’ils pourraient représenter l’une des solutions à la situation vécue actuellement par la plupart des SAU. En témoigne le fait que c’est désormais en session plénière que le Dr Youri Yordanov (Hôpital Saint Antoine, coordinateur de la formation IPA urgences à l’Université de Paris Sorbonne) qui porte ce sujet à bout de bras depuis des années s’est exprimé devant le Dr François Braun qui coordonne la mission flash sur les Urgences.
La cinquième mention, "urgences", s’est ajoutée en 2021 aux quatre domaines d’intervention qui existaient déjà pour les IPA à savoir : Oncologie et Hématologie ; Néphrologie, Dialyse et Maladie rénale chronique ; Psychiatrie et Santé mentale ; Pathologies chroniques stabilisées, prévention et poly-pathologies courantes en soins primaires (Décret n° 2021-1384 du 25 octobre 2021 relatif à l’exercice en pratique avancée de la profession d’infirmiers, dans le domaine d’intervention des urgences).
Pour les situations graves et moins graves
Que disent les textes ? Ils précisent les modalités relatives à l’exercice en pratique avancée de la profession d’infirmiers, dans le domaine d’intervention des urgences, notamment la définition du lieu d’exercice, la création d’un parcours paramédical pour la prise en charge et les modalités d’information du patient. Ainsi l’article R. 4301-3-1 précise : « dans le domaine d’intervention “ urgences ”, les dispositions des articles R. 4301-1 et R. 4301-3 sont applicables lorsque l’infirmier exerçant en pratique avancée participe à la prise en charge des patients, pour les motifs de recours et les situations cliniques les plus graves ou complexes, définis par un arrêté du ministre chargé de la santé. Toutefois, par dérogation aux dispositions des articles R. 4301-1 et R. 4301-3, pour les motifs de recours et les situations cliniques présentant un moindre degré de gravité ou de complexité, également définis par un arrêté du ministre chargé de la santé, l’infirmier en pratique avancée est compétent pour prendre en charge le patient et établir des conclusions cliniques, dès lors qu’un médecin de la structure des urgences intervient au cours de la prise en charge. »
Reste à trouver des financements
Comme le résume le Dr Yordanov, « l’IPA doit acquérir des connaissances théoriques, le savoir-faire aux prises de décisions complexes indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’IPA est autorisé à exercer ». En SAU ou au SMUR, les IPA pourraient trouver rapidement leur place et déjà les 5 diplômés de la première promotion marseillaise vont se retrouver dans les semaines qui viennent sur le terrain. « C'est une excellente nouvelle et un plus pour les personnels du monde de l'urgence », s'est enthousiasmé le Dr Yordanov, même si « ce n'est pas une réponse aux problématiques de cet été ». Le Dr François Braun invité à s’exprimer sur le sujet en conférence de presse a partagé son expérience locale à Strasbourg avec l’intégration d’un IPA santé mentale au sein du centre 15 afin de faciliter les parcours patients.
Reste la question du financement de cette formation de grade Master à des professionnels déjà intégrés dans le monde du travail (3 années de pratique en tant qu’IDE). L’AP-HP propose la formation de 2 IPA par an pour chaque structure ayant un service d’urgence.
« Il s'agit d'introduire des gens en plus, de créations de postes. On ne peut pas déshabiller Jacques pour habiller Paul », a précisé Youri Yordanov.
Les ARS pourraient aussi être sollicitées pour le financement car il semble difficile de demander à des professionnels de s’extraire de la vie active pendant 2 ans avec les conséquences financières que l’on peut imaginer. Reste enfin à proposer à ces bac+5 un grille de rémunération attractive. A ce stade, la rémunération est « un poil plus » élevée que celle des IADES, a indiqué l'orateur.
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Crédit Image de une : Dreamstime
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Citer cet article: « IPA urgences » : une des solutions pour faire face à la crise ? - Medscape - 14 juin 2022.
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