« IPA urgences » : une des solutions pour faire face à la crise ?

Isabelle Catala

14 juin 2022

Paris, France – Les Infirmier.es en Pratique Avancée (IPA) sont désormais vus comme une option d’intérêt par la communauté des urgentistes. Reste à préciser leur place aux urgences tout comme les conditions financières de la formation alors que les premières promotions entrent ou vont entrer sur le marché du travail.

Les "urgen­ces" désormais du domai­ne des IPA 

Changement de paradigme au congrès Urgences 2022 [1]. Non seulement parler des Infirmiers en Pratique Avancée aux Urgences n’est plus un tabou, mais il semble pour la première fois qu’ils pourraient représenter l’une des solutions à la situation vécue actuellement par la plupart des SAU. En témoigne le fait que c’est désormais en session plénière que le Dr Youri Yordanov (Hôpital Saint Antoine, coordinateur de la formation IPA urgences à l’Université de Paris Sorbonne) qui porte ce sujet à bout de bras depuis des années s’est exprimé devant le Dr François Braun qui coordonne la mission flash sur les Urgences.

La cin­quième men­tion, "urgen­ces", s’est ajou­tée en 2021 aux quatre domai­nes d’inter­ven­tion qui exis­taient déjà pour les IPA à savoir : Oncologie et Hématologie ; Néphrologie, Dialyse et Maladie rénale chronique ; Psychiatrie et Santé men­tale ; Pathologies chro­ni­ques sta­bi­li­sées, pré­ven­tion et poly-patho­lo­gies cou­ran­tes en soins pri­mai­res (Décret n° 2021-1384 du 25 octo­bre 2021 rela­tif à l’exer­cice en pra­ti­que avan­cée de la pro­fes­sion d’infir­miers, dans le domaine d’inter­ven­tion des urgen­ces).

Pour les situations graves et moins graves

Que disent les textes ? Ils pré­cisent les moda­li­tés rela­ti­ves à l’exer­cice en pra­ti­que avan­cée de la pro­fes­sion d’infir­miers, dans le domaine d’inter­ven­tion des urgen­ces, notam­ment la défi­ni­tion du lieu d’exer­cice, la créa­tion d’un par­cours para­mé­di­cal pour la prise en charge et les moda­li­tés d’infor­ma­tion du patient. Ainsi l’article R. 4301-3-1 précise : « dans le domaine d’inter­ven­tion “ urgen­ces ”, les dis­po­si­tions des arti­cles R. 4301-1 et R. 4301-3 sont appli­ca­bles lors­que l’infir­mier exer­çant en pra­ti­que avan­cée par­ti­cipe à la prise en charge des patients, pour les motifs de recours et les situa­tions cli­ni­ques les plus graves ou com­plexes, défi­nis par un arrêté du minis­tre chargé de la santé. Toutefois, par déro­ga­tion aux dis­po­si­tions des arti­cles R. 4301-1 et R. 4301-3, pour les motifs de recours et les situa­tions cli­ni­ques pré­sen­tant un moin­dre degré de gra­vité ou de com­plexité, également défi­nis par un arrêté du minis­tre chargé de la santé, l’infir­mier en pra­ti­que avan­cée est com­pé­tent pour pren­dre en charge le patient et établir des conclu­sions cli­ni­ques, dès lors qu’un méde­cin de la struc­ture des urgen­ces inter­vient au cours de la prise en charge. »

Reste à trouver des financements

Comme le résume le Dr Yordanov, « l’IPA doit acquérir des connaissances théoriques, le savoir-faire aux prises de décisions complexes indispensables à la pratique avancée de sa profession. Les caractéristiques de cette pratique avancée sont déterminées par le contexte dans lequel l’IPA est autorisé à exercer ». En SAU ou au SMUR, les IPA pourraient trouver rapidement leur place et déjà les 5 diplômés de la première promotion marseillaise vont se retrouver dans les semaines qui viennent sur le terrain. « C'est une excellente nouvelle et un plus pour les personnels du monde de l'urgence », s'est enthousiasmé le Dr Yordanov, même si « ce n'est pas une réponse aux problématiques de cet été ». Le Dr François Braun invité à s’exprimer sur le sujet en conférence de presse a partagé son expérience locale à Strasbourg avec l’intégration d’un IPA santé mentale au sein du centre 15 afin de faciliter les parcours patients.

Déjà les 5 diplômés de la première promotion marseillaise vont se retrouver dans les semaines qui viennent sur le terrain. 


Reste la question du financement de cette formation de grade Master à des professionnels déjà intégrés dans le monde du travail (3 années de pratique en tant qu’IDE). L’AP-HP propose la formation de 2 IPA par an pour chaque structure ayant un service d’urgence.

« Il s'agit d'introduire des gens en plus, de créations de postes. On ne peut pas déshabiller Jacques pour habiller Paul », a précisé Youri Yordanov.

Les ARS pourraient aussi être sollicitées pour le financement car il semble difficile de demander à des professionnels de s’extraire de la vie active pendant 2 ans avec les conséquences financières que l’on peut imaginer. Reste enfin à proposer à ces bac+5 un grille de rémunération attractive. A ce stade, la rémunération est « un poil plus » élevée que celle des IADES, a indiqué l'orateur.

 

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