France — Les candidats aux législatives ont-ils à cœur de défendre le système de santé dans leur programme de campagne ? Examen des propositions de trois candidats bien connus des médecins : Frédéric Valletoux (majorité présidentielle), Philippe Juvin (Les Républicains) et Caroline Fiat (NUPES).
Revendications
Le mauvais état du système de santé va-t-il inciter les candidats aux législatives à l'inscrire dans leur programme ? Dans tous les cas de figure, les personnels des établissements de santé s'y emploient. À quelques jours du premier tour des élections législatives, la CGT et 8 syndicats et collectifs (AMUF, CFE-CGC, Sud santé sociaux, collectif inter-Bloc, collectif inter-hôpitaux, collectif inter-urgences, printemps de la psychiatrie, coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité) se sont rassemblés sous les fenêtres du ministère de la santé, avenue Duquesne, pour réclamer des hausses de salaire dans la fonction publique hospitalière.
« Au moment où notre pays va élire ses nouveaux députés, les personnels de santé et les usagers seront mobilisés le 7 juin : les revendications sont inchangées depuis 3 ans », annonçaient les syndicats et collectifs mobilisés dans un communiqué commun. Outre les hausses salariales, ils réclament aussi des recrutements, un arrêt de toutes les fermetures d’établissements et de services, l’amélioration de la qualité des soins… Ces revendications seront-elles entendues par les futurs députés ? Probable. Du moins parmi ceux des candidats qui sont ou représentent des professionnels de santé.
Le président de la FHF candidat
A l’instar de Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Maire de Fontainebleau depuis 17 ans, président de la FHF depuis 11 ans, il est candidat aux élections législatives pour la troisième fois dans sa circonscription (2e circonscription de Seine-et-Marne : Nemours, Fontainebleau). Cette fois-ci, sous les couleurs de la majorité présidentielle, après avoir été un candidat Les Républicains. Valletoux va-t-il se servir de sa casquette de président de la FHF pour faire campagne ? Spécialiste des questions de santé, il aurait tort de s'en priver. Ainsi, le 7 juin dernier, il invitait à Fontainebleau des professionnels de santé « pour débattre des réformes nécessaires pour notre système de santé », dans le cadre de sa campagne pour les législatives.
Dans sa profession de foi, la santé est en bonne place : « Dans ce quinquennat qui démarre, je veux porter pour notre territoire au moins deux priorités : la transformation de notre système de santé et la réforme de l'école. » Le candidat Valletoux promet, pour sa circonscription, « la création d'un bilan santé aux âges clés (25, 45 et 60 ans) », la simplification du parcours de santé et l'accès aux soins, la création d'un nouveau pacte entre l'hôpital et la médecine de ville, « pour assurer une meilleure coordination des personnels de santé ».
Un mélange des genres qui n'a pas l'heur de plaire à tous, cependant. Lors de la présidentielle, le syndicat Jeunes médecins avait rappelé à Frédéric Valletoux, en campagne pour le président Emmanuel Macron, qu'il se devait de respecter une certaine neutralité, es qualités de président de la FHF : « Bien que Jeunes Médecins respecte tout engagement politique, nous considérons que sa posture publique est en parfaite contradiction avec le devoir de réserve qui s’impose à tout représentant de la fonction publique, et devrait a fortiori s’imposer au Président de la FHF compte tenu de ses hautes fonctions. Aussi, Jeunes Médecins demande à ce que Monsieur Valletoux prenne ses responsabilités et se retire de ses fonctions de la Présidence de la FHF. » Un appel qui n'a semble-t-il pas été entendu par le principal intéressé, puisqu'il remet les plats pour les législatives...
Le chef de service des urgences de l'HEGP candidat dans le 92
Autre personnalité de premier plan du monde sanitaire, à faire campagne aux législatives : Philippe Juvin. Maire de la Garenne-Colombes, Philippe Juvin est par ailleurs chef du service des urgences de l'hôpital européen Georges-Pompidou. Il n'oublie pas de le rappeler dans sa profession de foi : « Je suis professeur de médecine : je connais la souffrance, la mort et sais prendre une décision. Je sais l’état de nos hôpitaux, de l’éducation et de la recherche. » Médecin médiatisé au plus fort de l'épidémie de Covid, il a eu à s'opposer à Emmanuel Macron, évènement qu'il rappelle, de manière sibylline, dans la même profession de foi : « Durant la crise COVID, j’ai personnellement échangé avec Emmanuel Macron sur les sujets sanitaires. Nous avons parfois été d’accord. Parfois non. Mais nous nous écoutons. » La santé occupe-t-elle une bonne place dans son programme ? Elle est présente, sans pour autant être prioritaire. Juvin promet ainsi de faire voter une loi pour garantir « un médecin traitant à chacun ». Par ailleurs, sur les 9 mesures phares de son programme, la mesure 5 est ainsi libellée : « avoir une approche globale de la santé ». Un axe de campagne qui reste vague, et qui n'est pas non plus étayé.
Aide-soignante, Caroline Fiat de nouveau candidate
La gauche aussi présente des professionnels de santé aux législatives. Parmi les plus aguerris, Caroline Fiat, aide-soignante, députée sortante de Meurthe-et-Moselle (6e circonscription) et candidate à sa réélection. Elle aussi, comme Philippe Juvin, met en avant sa profession pour défendre sa candidature : « je m’efforce sans relâche à relayer vos préoccupations auprès du Gouvernement et à me battre pour ce que je connais [...] nous sommes restés proche des gens et que je n’ai pas hésité à reprendre ma tunique d’aide-soignante à trois reprises durant la crise du Covid-19. » Aussi, la santé figure en bonne place dans son programme. Contrairement à Frédéric Valletoux et Philippe Juvin, Caroline Fiat place les hôpitaux en tête de ses priorités santé : « Recruter et revaloriser 100 000 soignants pour l’hôpital public et 240 000 personnels pour les EHPAD, lutter contre les déserts médicaux ». Elle souhaite aussi « rembourser les soins prescrits à 100% ».
Elle ne fait guère que reprendre les propositions du programme commun de la NUPES, qui regroupe, outre la France insoumise, le Parti communiste, le Parti socialiste, EELV. Ce programme propose aussi de rouvrir les services d'urgence, sortir de la T2A, combattre les déserts médicaux, développer la santé environnementale, mettre fin à l'épidémie de VIH en 2030, faire de la santé mentale une grande cause du quinquennat. La république en marche, pas plus que Les Républicains, ou encore le Rassemblement national, n'ont édicté de grand programme national dans le cadre de ses législatives. À charge pour chacun des candidats de ces partis d'inscrire leur programme législatif dans le sillon des programmes présidentiels 2022.
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Citer cet article: Législatives : les propositions de trois candidats professionnels de santé - Medscape - 10 juin 2022.
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