France – La qualité de l’air dans les souterrains des métros et RER français laisse à désirer avec une pollution en moyenne 3 fois plus élevée que dans l’air extérieur urbain, si l’on s’en tient aux concentrations de particules en suspension dans l’air. En l’absence de conclusions fermes quant aux effets délétères que cette pollution souterraine pourrait avoir sur la santé, l’Anses confirme la nécessité de poursuivre les actions pour limiter les expositions des usagers et ne propose à ce stade que de renforcer la surveillance via la mise en place d’indicateurs de suivi [1].
Teneur élevée en éléments métalliques
Depuis le début des années 2000, des mesures de la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires en France – à savoir dans 7 agglomérations urbaines (Paris, Marseille, Lyon, Lille, Toulouse, Rennes et Rouen) – ont mis en évidence des concentrations en particules en suspension dans l’air (PM10, PM2,5 en µg.m-3) en moyenne trois fois plus élevées que dans l’air extérieur urbain. La composition de cette pollution est spécifique au milieu souterrain ferroviaire car causée par l’usure des matériaux due au freinage des rames, par les contacts entre le matériel roulant et la voie ferrée ou encore par la remise en suspension des poussières du fait de la circulation des rames. Elle diffère de l’air extérieur par sa teneur élevée en éléments métalliques, dont le fer en particulier, et également en carbone élémentaire et organique.
Quels effets sur la santé ?
A ce stade, pas de données suffisantes pour pouvoir tirer des « conclusions fermes » quant aux potentiels effets délétères de cette pollution sur la santé des usagers, selon l’Anses qui a actualisé son état de lieux des connaissances sur la question réalisé dans son avis de 2015 . L’Agence souligne toutefois que « les données épidémiologiques et toxicologiques suggèrent la possibilité d’effets cardiorespiratoires compte tenu des modifications biologiques observées en lien avec l’inflammation, le stress oxydant et la fonction cardiaque autonome ». Sur la base de ces observations, l’Agence confirme la « nécessité de réduire la pollution particulaire dans les enceintes ferroviaires souterraines », ce qui passe notamment par du matériel moins émetteur de particules toxiques. L’Anses évoque donc « le renouvellement des matériels roulants, l’utilisation de systèmes de freinage moins émissifs en particules ainsi que l’amélioration de la ventilation de ces enceintes ».
Autre action préconisée : mettre en place des indicateurs – adaptés à chaque réseau – permettant de caractériser la qualité de l’air dans ces environnements. « Les indicateurs proposés correspondent à des concentrations en particules en suspension (PM10 et PM2,5) à viser dans les enceintes ferroviaires souterraines, explique Matteo Redaelli, coordonnateur de l’expertise à l’Anses Ils fixent, en tenant compte des trajets des usagers sur une journée les « valeurs limites réglementaires ou les valeurs guides en concentrations journalières à ne pas dépasser » pour les particules de l’air ambiant.
Dans un contexte où les modes de déplacement alternatifs à la voiture sont fortement privilégiés pour réduire la pollution de l’air extérieur, renforcer les dispositifs de surveillance de la pollution de l’air des quais, stations, rames etc devient une priorité de santé publique.
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Un air 3 fois plus pollué dans le métro qu’en extérieur : limiter les émissions - Medscape - 9 juin 2022.
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