Troubles du comportement alimentaire : à Lyon, une consultation pour les familles des patients

Anne-Gaëlle Moulun

Auteurs et déclarations

9 juin 2022

Lyon, France — Le Centre référent pour l’anorexie et les troubles des conduites alimentaires des Hospices civils de Lyon (CREATyon) propose depuis 2020 une consultation pour les familles des patients et pour les fratries. Le Dr Diane Morfin, pédopsychiatre et la psychologue Perrine Bertrand, expliquent à Medscape comment se déroulent ces accompagnements.

Consultation pour les familles

Le Centre référent pour l’anorexie et les troubles des conduites alimentaires des Hospices civils de Lyon (CREATyon) est un centre d’évaluation et d’orientation pour l’anorexie et les troubles du comportement alimentaire, situé au sein de l’hôpital Pierre Wertheimer, à Lyon. « Les patients viennent sur orientation d’un professionnel de santé, ils sont évalués puis orientés en ambulatoire ou en hospitalisation. Nous sommes une structure-relais », définit Perrine Bertrand, psychologue à CREATyon. En France, près de 900 000 personnes sont atteintes de troubles des conduites alimentaires (TCA) : anorexie mentale, boulimie nerveuse, hyperphagie boulimique. Cela touche en particulier de jeunes adolescentes. Le centre reçoit 250 familles par an actuellement et le nombre de demandes est croissant.

Depuis 2020, le centre a décidé d’ouvrir une consultation pour les familles des patients, proposée à l’issue des trois premiers rendez-vous d’évaluation. Elle s’effectue en une ou plusieurs fois, avec les parents seuls ou accompagnés de la fratrie, mais en l’absence du patient. « L’idée de cette consultation, avec une psychologue et une diététicienne, est de partir des ressentis des familles sur comment ils vivent la situation, comment ça se passe pour eux, quelles sont les situations les plus compliquées, etc. Nous les proposons en l’absence du patient pour qu’ils puissent parler librement et poser leurs questions sans que le patient ne se retrouve au centre », détaille Perrine Bertrand.

Groupes de paroles pour les fratries

Les professionnels de santé expliquent à la famille comment fonctionne le TCA, comment il se déclenche, comment il se maintient dans le temps. « Nous les aidons à déculpabiliser et à nous allier ensemble contre la maladie. Nous discutons de pistes d’adaptation au quotidien, notamment au moment des repas », souligne-t-elle. Lorsque les frères et sœurs sont présents, ils sont questionnés sur la façon dont ils vivent la situation. « Ils sont rarement inclus dans les soins et il y a souvent des peurs qui se développent comme : est-ce que je peux l’attraper, en mourir ? », observe la psychologue. Une vingtaine de familles ont déjà été accompagnées ainsi depuis 2020.

Et pour aider plus spécifiquement les fratries, le centre a également mis en place des temps d’échange entre frères et sœurs pendant les vacances scolaires, par groupe de huit. « Nous proposons un groupe pour les 7-13 ans et un pour les 14-25 ans. Le but est de réunir des enfants qui vivent des situations proches, d’échanger autour de leur ressenti, de répondre à leurs questions, de parler du rôle de frère ou sœur qui est d’amener de la joie de vivre. Ils sont plutôt contents de pouvoir échanger avec d’autres jeunes qui vivent des situations similaires », constate le Dr Diane Morfin, pédopsychiatre au centre CREATyon. Environ 80 jeunes ont déjà bénéficié de ces groupes d’échange.

Ateliers collectifs

Pour compléter ces deux accompagnements, le centre va proposer à partir de début juillet des ateliers collectifs pour les familles. « Nous allons mettre en place des séances sur la connaissance de la maladie, pour les patients et leurs parents, afin qu’ils aient une lecture commune des enjeux dans les causes et conséquences du trouble alimentaire », prévoit le Dr Morfin. Par ailleurs, un autre atelier collectif destiné cette fois aux parents, sera organisé sur la gestion des repas, avec une diététicienne. Quatre à six familles pourront être accueillies lors de ces ateliers. « Les questions sur les repas sont celles qui reviennent le plus souvent : comment les gérer et comment faire face aux épisodes de colère que les parents peinent à contenir. Cela nous a donc paru adapté de proposer un accompagnement spécifique sur ce point », explique la pédopsychiatre.

Ligne d’écoute anorexie boulimie ouverte tous les jours : 0810 037 037 

 

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