Paris, France –Technique clef pour la visualisation des lésions du col de l'utérus, la colposcopie est mise en avant par le nouvel algorithme (2019) de la HAS pour le triage des femmes de plus de 30 ans dont le test HPV est positif. L'occasion, pour la Société Française De Colposcopie Et De Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV), de rappeler l'existence d'une charte de qualité lors d'une conférence de presse en amont de son 45ème congrès[1].
« Quand il y a un HPV + qui persiste, quand il y a un HPV+ avec une cytologie positive, quand il y a une cytologie positive chez une patiente de moins de trente ans, on doit faire une colposcopie. La colposcopie est au bout de tous les arbres décisionnels : c'est en effet la gare de triage des cas positifs d'un dépistage ayant montré la possibilité d'une lésion sur le col », indique le Dr Jean-Luc Mergui (gynécologue, Paris). Mais aujourd'hui, il n'existe pas de « contrôle qualité de l'examen ».
Des indications doublées
Pour les femmes de moins de 30 ans, une colposcopie doit être réalisée en cas de cytologie ASC-US ou avec des atypies glandulaires avec un HPV+, LIEBG, ASC-H, LIEHG. Cela correspond à 4 à 5 % des patientes. Pour les femmes âgées de 30 à 65 ans, le nouvel algorithme de la HAS a doublé les indications de la colposcopie De fait, après un test HPV positif, un examen cytologique doit être réalisé. Si le résultat de la cytologie est ASC-US ou anomalies plus sévères, la femme doit être rappelée pour colposcopie. Si le résultat de la cytologie est négatif, un test HPV est réalisé un an plus tard. Si le test HPV positif est toujours positif à un an, une colposcopie doit être faite.
« En tout, on va avoir entre 5 et 10 % de l'ensemble de la population féminine qui pourra bénéficier d'un examen de colposcopie à un moment de sa vie, alors que jusqu'à présent on était entre 3 et 5 % de colposcopie », commente le Dr Mergui.
« Certaines patientes peuvent avoir un HPV+, une cytologie positive et une colposcopie normale. Ce n'est pas parce qu'on a un HPV qu'on a une lésion sur le col. C'est même une minorité des patientes », tient-il à rappeler. Avant de poursuivre : « Il faut que la patiente puisse avoir confiance dans son praticien qui lui dit que tout va bien. Or, pour qu'elle puisse avoir confiance en son praticien, il faut qu'il réponde à des critères de qualité. »
La qualité, c'est la formation et 50 colposcopies par an
La notion de qualité est d'ailleurs promue officiellement dans une recommandation publiée au Journal Officiel du 15/08/2020 sur le dépistage organisé du cancer du col. On y lit que la colposcopie qui « consiste en un examen visuel du col de l'utérus et du vagin grâce à un agrandissement optique et l'application de réactifs » doit être « réalisée par un professionnel qui répond aux critères de la charte de qualité en colposcopie ».
Sur son site internet la SFCPCV fournit une liste de colposcopistes adhérant à sa charte de qualité. Sur les1300 membres, 300 adhèrent à la charte de qualité. Depuis quelques années on voit un engouement des praticiens pour être reconnus », indique le Dr Mergui.
La SFCPCV a défini différents critères de qualité, toujours valables, il y a douze ans. Il faut que le gynécologue ou le praticien ait eu une formation initiale (un DU ou un DUI de colposcopie). Cette formation initiale est complétée par de la formation continue. « La charte de qualité est valable pour six ans : il faut quatre années obligatoires de formation continue au moins annuelle en pathologies cervicales », détaille l'orateur. De plus, le praticien doit avoir une activité personnelle suffisante, à savoir au moins une colposcopie par semaine, c'est-à-dire 50 par an. « Pour valider les critères européens, il faut faire 100 colposcopies par an. En France on a baissé ce critère afin d'augmenter le nombre de personnes qui puissent faire de la colposcopie », justifie Jean-Luc Mergui.
La charte distingue deux niveaux de colposcopie : la colposcopie diagnostique pour les patientes avec un test HPV positif et pour lesquelles la colposcopie permet de vérifier la présence ou non de lésions sur le col de l'utérus, et la colposcopie thérapeutique. Pour améliorer la qualité diagnostique, les adhérents s'engagent à respecter les recommandations, à savoir par exemple ne plus faire un prélèvement cervico-utérin suivie d'une cytologie ou d'un test HPV tous les ans pour rassurer les patientes, mais espacer les tests tous les cinq ans.
Concernant l'aspect thérapeutique, la validation diagnostique est indispensable pour pouvoir traiter les patients, selon la SFCPCV. Autrement dit, la société savante plaide pour que les personnes qui pratiquent les traitements utilisent la colposcopie pour les diriger. Plus le volume retiré est important, plus les conséquences obstétricales sont importantes. « Aujourd'hui, en France, 70 % des gestes thérapeutiques sont faits par des chirurgiens qui n'ont pas d'expérience en colposcopie », déplore Jean-Luc Mergui qui considère « qu'on ne peut traiter les patientes que lorsqu'on est capables de voir où sont les lésions. »
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Citer cet article: HPV + : pour la colposcopie, optez pour la qualité ! - Medscape - 9 juin 2022.
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