La santé, enfin une priorité ?

Jacques Cofard

Auteurs et déclarations

3 juin 2022

France — Depuis la nomination d’un nouveau gouvernement, l’exécutif semble faire de la santé une priorité. Après les discours, les actes ?

La situation que connaissent les établissements de santé, confrontés à une fuite sans précédent des personnels de santé, va-t-elle encourager le nouveau gouvernement à placer le dossier de la santé en haut de la pile de ses priorités ? C'est en tous les cas la communication voulue par le gouvernement depuis ce 23 mai, date du premier conseil des ministres.

Dès le 27 mai, la nouvelle première ministre Élisabeth Borne réunissait les membres de son gouvernement pour fixer les feuilles de route de l'exécutif et définir des priorités. Parmi lesquels, la santé, telle qu'elle l'a annoncé à la sortie de cette réunion ministérielle. Elle a ainsi demandé à la ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, de lui faire des propositions « très rapidement pour prendre des mesures efficaces pour l'été », qui s'annonce torride, sur le front de la continuité des soins, tant il est vrai que de nombreux observateurs craignent une carence importante de l'accès aux soins au mois d'août.

D'ailleurs, pour le Dr Patrick Pelloux , la rupture d'accès aux soins est « déjà là », comme il a pu l’expliquer sur les ondes de France Info : « Lorsque vous avez des discours de certains dirigeants de l'ARS disant qu'il faut empêcher et limiter l'accès aux soins aux urgences, ce n'est pas entendable […] Nous sommes dans un état de crise majeure. »

Pour y faire face, l'exécutif s'est semble-t-il entourer de personnalités du monde de la santé de premier plan. Le directeur de cabinet d'Élisabeth Borne n'est autre qu'Aurélien Rousseau, ancien directeur général de l'ARS Ile-de-France, tandis que l'un de ses conseillers santé est Cédric Arcos, ancien délégué général adjoint de la Fédération hospitalière de France (FHF).

Mission flash

Du côté de l'Élysée, le président Emmanuel Macron sait aussi s'entourer d'experts reconnus du système sanitaire. Ce 30 mai, à l'issue d'une visite au centre hospitalier public du Cotentin, dans la Manche, en compagnie de la ministre de la santé Brigitte Bourguignon, il a annoncé avoir confié une nouvelle mission flash au Dr François Braun, urgentiste au centre hospitalier de Metz et par ailleurs président du syndicat Samu Urgences de France (SudF) : « J’ai confié au Dr Braun une mission Flash : un mois pour faire le point, partout en France, sur l’évolution de la situation des urgences et sur la diversité des difficultés rencontrées par nos soignants. Elle proposera des réponses concrètes dès cet été pour chaque territoire », a notamment tweeté Emmanuel Macron.

 
J’ai confié au Dr Braun une mission Flash : un mois pour faire le point, partout en France Emmanuel Macron
 

Fédérations et médecine libérale reçues

Si la ministre de la Santé n'a pour l'heure pas encore communiqué publiquement de mesures fortes pour remédier à une situation périlleuse, elle reçoit sans discontinuer les principaux acteurs du monde de la santé.

Cette semaine, elle a mené des entretiens avec les présidents des fédérations d'établissements, à savoir Frédéric Valletoux, président de la FHF, Marie-Sophie Desaulle, présidente de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP), présidente de la Fehap, et Lamine Gharbi, président de la FHP.

Les représentant de la médecine libérale ont également été conviés au ministère de la santé, qu'il s'agisse du Dr Franck Devulder, Président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), du Dr Jacques Battistoni, président de MG France, du Dr Philippe Cuq, président de l’Union des chirurgiens de France (UCDF), co-président du syndicat Union Avenir Spé – Le Bloc.

Réactions mitigées

Quoi qu'il en soit, les premières réactions des acteurs de la santé face à cette agitation ministérielle ont été mitigées. Le syndicat de praticiens hospitaliers SNPHARE a accueilli l'annonce de la mission flash sur les urgences hospitalières avec amertume : « L’hôpital sombre, et avec lui l’ensemble du système de santé français. L’été se présente catastrophique et des drames sont en train de s’écrire. Après des semaines d’atermoiement, le Président de la République tente enfin de montrer qu’il se préoccupe de la santé de nos concitoyens. Nous attendions des annonces solennelles, des engagements rapides avant l’été et on nous sert la promesse d’un énième rapport », s'est lamenté le syndicat dans un communiqué.

 
Nous attendions des annonces solennelles, des engagements rapides avant l’été et on nous sert la promesse d’un énième rapport  Dr Franck Devulder
 

Pour Patrick Pelloux , « les annonces d'Emmanuel Macron ne répondent pas aux inquiétudes. » Et d'ajouter : « l'attractivité ce sont d'abord les salaires, il faut augmenter les rémunérations des médecins, des praticiens hospitaliers qui font le travail de nuit. Le Dr Gerald Kierzek, urgentiste à la pitié Salpêtrière, et expert santé du groupe TF1, ironisait pour sa part sur le lancement d'une nouvelle mission flash : « Mission flash Urgences: Cher

@fbraun55 (François Braun, NDLR), tu n’as plus qu’à compiler le rapport de 2019 (Carli x @TMesnier Refondation des urgences + celui de 2015 + celui de 2013, sans compter les rapports annuels de la @Courdescomptes et sans oublier l'excellent de @LaurenceCohen94 au @Senat en 2017. »

 

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