France — La composition du nouveau gouvernement est notamment marquée par un redécoupage du ministère anciennement dirigé par Olivier Véran. Brigitte Bourguignon récupère « la santé et la prévention », tandis que le député Damien Abad est chargé de l’autonomie, de la solidarité et du handicap. Olivier Véran reste au gouvernement, en charge des relations avec le Parlement.
A contrario d'Éric Dupont Moretti, ou encore de Gérald Darmanin, Olivier Véran n'aura pas conservé son portefeuille de ministre des Solidarités et de la Santé dans le nouveau gouvernement d'Élisabeth Borne, annoncé sur le perron de l'Élysée par Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, ce 20 mai.
Il hérite d'un ministère délégué chargé des relations avec le Parlement. Un poste semble-t-il moins exposé que celui de ministre de la Santé, mais certainement plus politique. En cas de forte poussée de l'opposition de gauche dans l'hémicycle à l'issue des prochaines élections législatives les 12 et 19 juin prochains, c'est lui qui aura la charge d'être le missi dominici du gouvernement auprès de l'Assemblée nationale, dans un contexte politique qui pourrait fort bien être instable.
Ancien parlementaire, rapporteur à de multiples reprises du projet de loi de financement de la sécurité sociale, ancien président de la commission des affaires sociales, Olivier Véran est aussi issu des rangs du Parti socialiste (PS), ce qui pourrait s'avérer utile au cas où l'opposition de gauche serrait en mesure de damer le pion à la République en marche, sur le versant législatif.
Brigitte Bourguignon à la santé
Pour le remplacer au ministère de la Santé, c'est son ex-ministre déléguée à l'autonomie, Brigitte Bourguignon, 63 ans, qui vient d'être promue. Tout comme Olivier Véran, elle provient des rangs du parti socialiste, dont elle a été exclue en 2017 pour avoir sollicité l'investiture de La République en marche aux élections législatives de 2017. Elle est néanmoins réélue députée de la sixième circonscription du Pas-de-Calais et présidente de la commission des affaires sociales.
Ancienne secrétaire médicale, Brigitte Bourguignon n(est donc pas médecin et a surtout fait carrière comme fonctionnaire territoriale chargée de l'aide alimentaire au conseil départemental du Pas de calais, avant de se lancer en politique. Après avoir occupé les fonctions de maire adjointe de la ville de Boulogne-sur-mer de 2001 à 2012, elle est élue pour la première fois à l'Assemblée nationale en 2012 sous les couleurs du parti socialiste où elle occupait le poste de secrétaire national chargée des sports.
Réélue, donc, en 2017, avec l'étiquette de La République en Marche, elle sera notamment chargée de présider la commission d'enquête sur la crise sanitaire, en juin 2020. En juillet de la même année, elle est nommée ministre déléguée chargée de l'autonomie.
Son mandat sera notamment marqué par le scandale des Ehpad Orpea, groupe privé d'Ehpad contre qui l'État portera plainte, après la remise du rapport Igas-IGF. À noter que Brigitte Bourguignon fait partie, tout comme Olivier Véran, Olivier Dussopt, ou encore Élisabeth Borne, du nouveau parti Territoires de progrès, qui regroupe des transfuges du parti socialiste, passé avec armes et bagages dans la majorité présidentielle.
Damien Abad à la solidarité, autonomie et handicap
A contrario du ministère dirigé par Olivier Véran, celui dont hérite Brigitte Bourguignon se voit amputé du volet « solidarités ». Est-ce à dire que les ambitions du gouvernement en matière sanitaire sont revues à la baisse, au moment où les centres hospitalo-universitaires (CHU) crient famine et craignent de ne pouvoir assurer la continuité et l'accès aux soins cet été, faute d'infirmières et de médecins ?
Ou lui a-t-on enlevé une certaine charge de travail, pour que les fonctionnaires de l'avenue Duquesnes puissent se recentrer sur le sanitaire ?
Une chose est sûre : elle n'aura pas à gérer les questions liées à la solidarité, à l'autonomie, et aux personnes handicapées, puisque c'est le député de l'Ain, Damien Abad, 42 ans, qui est nommé ministre des solidarités, de l'autonomie, et des personnes handicapées.
Issu des rangs du parti Les Républicains, Damien Abad avait annoncé sa démission du groupe parlementaire de son parti politique le 19 mai, la veille de sa nomination au gouvernement. Handicapé, Damien Abad ne s'est pourtant pas investi dans les questions liées à la thématique du médico-social, mais plutôt dans les débats budgétaires et économiques, en tant que député : il a rejoint dès 2012 la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, après être intervenu régulièrement sur les questions économiques au Parlement européen, où il a siégé entre 2009 et 2012.
En tant que ministre chargée des solidarités, Damien Abad devra gérer le délicat dossier de la réforme des retraites, dont la mesure phare du président Emmanuel Macron est l'allongement du départ à la retraite à 65 ans. Sur le front médico-social, Damien Abad hérite du dossier Orpéa, de la réforme du financement des Ehpad, mais aussi de l'individualisation de l'allocation adulte handicapé.
Réactions
La confédération des praticiens (CPH) ne s'est pas fait attendre pour féliciter la ministre de la santé, et lui rappeler l'urgence du moment. « Cette nomination arrive dans un contexte de crise jamais vu à l’hôpital public. Cette crise consécutive au manque criant de soignants médicaux et
non médicaux en raison du manque d’attractivité auquel nous assistons à l’hôpital. Si l’actualité de la crise est essentiellement tournée vers les services d’urgence et leurs fermetures successives, mettant en danger la santé des patients, ce sont toutes nos spécialités médicales qui sont concernées. »
L'ordre national des médecins a également présenté ses félicitations à la toute nouvelle ministre, tout en se permettant de tirer la sonnette d'alarme : « Face à la crise que traverse notre système de santé, aux difficultés d’accès aux soins pour les patients, à la fermeture de services hospitaliers et à l’épuisement des médecins et de tous les professionnels de santé, l’Ordre des médecins espère que cette nomination permettra de faire advenir la nécessaire transformation de notre système de santé, seule à même de sauver ce pilier de notre République. »
La FNADEPA (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées) se réjouit de la création d'un ministère des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, tout comme de la nomination, à la tête de ce ministère, de Damien Abad. La Fnadepa attend de ce ministère « la mise en œuvre sans attendre d’une réforme de l’accompagnement des personnes âgées enfin ambitieuse et pérenne, répondant aux besoins du Grand âge. Il y a urgence : l’accompagnement des personnes âgées se dégrade en effet lentement et les professionnels du secteur sont exaspérés ».
Accusations
Damien Abad, pour sa part, n'a pas eu le temps de se réjouir puisqu'à peine nommé, il doit gérer sa première crise gouvernementale : il est accusé par deux femmes de leur avoir fait subir des violences sexuelles, selon le journal en ligne Mediapart. La première ministre Élisabeth Borne, interrogée sur le sujet a avoué ne pas être au courant de ces accusations, tout en affirmant qu'en matière de violences sexuelles, « il ne peut y avoir aucune impunité ».
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Crédit image de Une : solidarités-santé.gouv
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Citer cet article: Brigitte Bourguignon, nouvelle ministre de la Santé et de la Prévention - Medscape - 21 mai 2022.
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