
Pr Didier Samuel
France — Le nouveau président de la Conférence des Doyens de médecine, le Pr Didier Samuel a présenté ses priorités à l’occasion d’une conférence de presse « sur les examens et concours de médecine 2022 » (voir encadré). Pas de bouleversement des réformes en cours, juste des ajustements.
Accompagner les étudiants en L.as
Bien entendu, l'essentiel de son message a été en direction des étudiants en médecine qui ont subi une avalanche de réformes, sur le premier, deuxième et troisième cycle. Certaines de ces réformes ont d'ailleurs été mises en place alors que la pandémie de Covid-19 faisait rage : « La réforme du premier cycle des études médicales a été mise en place très rapidement dans un contexte de pandémie, et cette réforme n'a pas été suffisamment préparée », a considéré le nouveau doyen. Qui plus est, il s'agit là d'une réforme substantielle : « il faut bien se rendre compte que c'est un changement de paradigme très important. Le parcours unique du premier cycle des études médicales a été considérablement modifié par la mise en place des licences en santé. »
Pour autant, si le Pr Samuel reconnait une précipitation dans l'accélération des réformes, il n'appelle pas à de nouvelles révolutions pédagogiques, mais à des ajustements : « Il faut adapter les programmes, car dans des licences déjà existantes, on s'est contenté de rajouter une mineure santé, ce qui a eu pour conséquence d'alourdir ces programmes. Les étudiants en L.as, dont les taux de réussite en deuxième année sont de 40% contre 80% pour les étudiants provenant de Pass, doivent être accompagnés. »
EDN fin 2023
Pour ce qui est de la réforme du deuxième cycle des études médicales, elle ne sera réellement enclenchée qu'à la fin de l'année 2023 pour ce qui est du nouvel examen, les EDN (épreuves dématérialisées nationales), qui remplacent les ECN, et début 2024 pour les ECOS (examen clinique objectif et structuré). En quoi consiste donc cette réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C) ? En un meilleur équilibrage entre connaissances et compétence, pour le doyen Didier Samuel : « Le principe de la réforme du deuxième cycle est d'inclure une évaluation des compétences et plus seulement des connaissances. À cette fin, nous avons mis en place de nouveaux examens que l'on appelle les ECOS. On demande à l'étudiant de réagir face à différentes situations cliniques, mais on teste aussi sa capacité à faire une synthèse. C'est un examen qui se rapproche beaucoup plus de la pratique médicale au quotidien. L'ECN est remplacé par un EDN qui est aussi un examen de connaissance. Ce nouvel examen ne représente plus que 60 % de la note, il aura lieu en 6e année de médecine. Enfin, le choix de la spécialité et de la ville va se faire à partir d'un appariement dont l'arrêté est paru il y a quelques jours. L'EDN représente 60% de la note, les ECOS 30% de la note, et 10% de la note sont réservés au parcours de l'étudiant."
Quatrième année de médecine générale ?
Last but not least en matière de réforme, le Pr Didier Samuel s'est également appesanti sur la réforme du troisième cycle des études de médecine (R3C) : « Le troisième cycle a été découpé en trois phases. La première phrase est la phase socle, la deuxième phase est la phase d'approfondissement en trois ou quatre ans, et la troisième phase est la phase de consolidation actuellement mise en place, aussi appelée docteur junior. C'est la phase la plus innovante. Cette phase dure un à deux ans. C'est une phase intermédiaire entre la fin de l'internat et le début du clinicat. » Mais la R3C resterait inachevée si l'allongement du diplôme d'études spécialisée (DES) en médecine générale n'était actuellement en discussion : « Enfin, il faut noter que se discute actuellement la mise en place de la 4e année de DES en médecine en générale. On en a beaucoup parlé pendant les élections, comme pour résoudre le problème des déserts médicaux. Nous tenons à préciser que l'allongement du DES en médecine générale ne doit pas être la seule réponse aux déserts médicaux. Je pense par ailleurs qu'il faut retravailler la totalité du DES en médecine générale, un groupe de travail s'y attelé actuellement. » Pour s'inscrire dans la continuité des réformes portées par son prédécesseur, le doyen Patrick Diot, Didier Samuel a également réaffirmé son engagement en faveur de l'amélioration de la qualité de vie des étudiants, et notamment de la prévention des risques psychosociaux. Il devrait également se pencher sur l'amélioration des conditions de travail des prétendants aux carrières hospitalo-universitaires, en sacralisant le travail universitaire dans les carrières hospitalo-universitaires, tout en insistant sur l'importance de la recherche.
Les professions non médicales aussi
Une fois n'est pas coutume, le nouveau président de la conférence des doyens, le Pr Didier Samuel, n'a pas oublié les professions non médicales lors de sa première conférence de presse : « Je voudrais insister sur l'universitarisation des professions de santé non médicales. Actuellement, dans les facultés de médecine, nous formons des étudiants en sciences infirmières, en kinésithérapie, en manipulation radio, en podologie, et caetera. Cet aspect est essentiel, je rappelle que nous avons créé cette année un master pour les infirmiers pratique avancée, mais ce qui nous manque, c'est la corrélation avec le monde professionnel. Je travaille par exemple avec des coordinatrices infirmières en hépatologie, mais ces fonctions ne sont pas reconnues. Il faut vraiment que l'on arrive à corréler l'existant avec les formations et les salaires. »
Conférence des Doyens : le Pr Didier Samuel succède au Pr Patrice Diot
Le Pr Didier Samuel, 64 ans, Doyen de la Faculté de Médecine Paris-Saclay depuis 2017, et Responsable de l’Unité d’Hépatologie et de Réanimation Hépatique, Hôpital Paul Brousse (AP-HP) vient d’être élu ce vendredi 4 février 2022, Président de la Conférence des Doyens de médecine. Il succède au Professeur Patrice Diot, à la tête de la Conférence des Doyens depuis février 2020.
Professeur d’Hépatologie à la Faculté de Médecine Paris-Saclay depuis 1997 et chercheur engagé dans le traitement des maladies hépatiques, Didier Samuel est, depuis 2015, au sein de l’INSERM-Paris-Saclay, Directeur de l’UMR 1193 “Physiopathogénèse et Traitement des Maladies du Foie“ et Directeur de l’équipe “Innovations thérapeutiques et recherche translationnelle en maladies hépatiques et en transplantation du Foie“. Il est également Président du Comité National de Coordination de la Recherche (CNCR) depuis 2020.
Cette nomination intervient dans une période de réformes majeures de l’enseignement médical qui transforment le paysage universitaire. SL
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Citer cet article: Réforme des études de médecine : le nouveau doyen Didier Samuel s'inscrit dans la continuité - Medscape - 19 mai 2022.
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