Paris, France — Après une troisième ou une quatrième dose de vaccin contre le Covid-19, si l’effet protecteur contre les formes symptomatiques semble disparaitre au-delà de trois mois, la protection contre les formes graves de la maladie reste importante, selon les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress)[1].
Chez les personnes âgées de 40 ans et plus, l’analyse montre que la protection contre les hospitalisations ou les décès pour Covid-19 est comprise entre 75% et 90%, selon l’âge, dans les trois mois qui suivent une ou deux doses de rappel. Au-delà, la protection se maintient entre 57% et 80%.
Une protection élevée chez les plus âgés
Dans le cadre de son suivi hebdomadaire des données sur la crise épidémique de Covid-19, la Drees a apporté de nouvelles estimations en tenant compte de la deuxième dose de rappel vaccinal, désormais ouverte au Français âgés de 60 ans et plus dans un délai de six mois après leur dernier rappel ou trois mois dans les cas des plus de 80 ans et des patients immunodéprimés.
L’effet protecteur de la dose de rappel contre le Covid-19 est évalué à partir d’une modélisation issue des dernières données françaises SI-VIC (hospitalisations conventionnelles ou en soins critiques de patients atteints de Covid-19), SI-DEP (résultats des tests de dépistage du virus SARS-CoV-2) et VAC-SI (vaccinations Covid-19).
A la fin de l’année 2021, lorsque le rappel vaccinal (troisième dose) était ouvert uniquement aux plus de 65 ans, la Drees avait donné les premières estimations. L’analyse des données avait montré que, dans cette population, l’injection d’un rappel augmentait la protection à près de 95% contre les hospitalisations ou les soins critiques liés à une forme grave de la maladie (20 fois moins de risque), dans les six mois suivant la troisième dose de vaccin.
Ce niveau de protection est ainsi ramené à celui observé après un schéma vaccinal complet. Après deux doses de vaccin, la protection contre les hospitalisations et les soins intensifs pour Covid-19 est en effet comprise entre 90 et 95%, pour toutes les classes d’âge. La modélisation de la Drees a pu montrer une réduction de la protection à 80% dans les six mois qui suivent le schéma complet.
Taux de vaccination avec rappel à 78%
Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont pu confirmer que l’effet protecteur apporté par une première ou une deuxième dose de rappel se maintient à un niveau élevé au-delà de trois mois dans une population élargie aux personnes de 40 ans et plus.
Les données traitées concernent la période comprise entre le 4 avril et le 1er mai 2022. Dans cette population, 78% des individus ont reçu une ou deux doses de rappel, depuis plus de trois mois dans la majorité des cas.
En se focalisant par exemple sur les 40-59 ans, les données révèlent que, pendant cette période caractérisée par une domination du variant Omicron du SARS-Cov2, on a enregistré 2 214 tests RT-PCR positifs pour 100 000 personnes vaccinées avec un rappel de moins de trois mois, contre 2 882 tests positifs pour 100 000 personnes non vaccinées.
Concernant les formes graves rapportées dans cette tranche d’âge, on compte 108 hospitalisations et 20 entrées en soins critiques en raison d’une aggravation de Covid-19 pour un million de personnes vaccinées avec un rappel de moins de trois mois, contre 290 hospitalisations et 64 entrées en soins critiques pour un million de personnes non vaccinées.
Une protection potentiellement sous-estimée
L’analyse montre que chez les individus âgés de 40 ans ou plus, la dose de rappel divise par deux environ le risque de contamination avec forme symptomatique de Covid-19 (protection comprise entre 46 et 58%). « Cette protection semble disparaitre après trois mois », indiquent les chercheurs.
La dose de rappel renforce également l’effet protecteur contre les formes graves pendant les trois premiers mois. La protection contre les hospitalisations et les décès pour Covid-19 est alors comprise entre 75% et 90% selon l’âge, soit un risque réduit d’un facteur 4 à 10.
Au-delà de trois mois, la protection s’érode mais se maintient à un niveau élevé, puisque qu’elle est entre 57% et 80% (risque 2 à 5 fois plus faible).
Les chercheurs soulignent que cette protection pourrait toutefois être sous-estimée. « Il est probable que de nombreuses personnes non vaccinées, ou vaccinées sans rappel, aient été contaminées, en particulier lors de la vague Omicron de début 2022, ce qui conduit à sous-estimer l’efficacité du rappel avec la méthode actuelle ».
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Rappels vaccinaux anti-COVID-19 : la protection contre les formes sévères reste importante - Medscape - 17 mai 2022.
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