Asthme et obésité : une relation bidirectionnelle ?

Caroline Guignot

11 mai 2022

Europe et AustralieS’il a été décrit que l’obésité peut favoriser la survenue d’un asthme, la relation de causalité inverse a été moins étudiée, d’où cette analyse des données de l’étude européenne prospective ECRHS (European Community Respiratory Health Survey). L’étude est parue dans Chest[1].

À retenir

Selon les données à 20 ans, les personnes souffrant d'asthme ont un risque supérieur de développer une obésité par rapport aux non-asthmatiques.

Cette association était plus étroite en l’absence d’atopie ou en cas de traitement par corticoïdes oraux. Aucune association n’a été identifiée concernant l’influence de l'activité physique.

Une meilleure compréhension des mécanismes à l'œuvre permettrait de définir des stratégies préventives.

Pourquoi est-ce important ?

L’asthme et l’obésité partagent des facteurs de risque environnementaux, comportementaux, socioéconomiques et probablement génétiques. Par ailleurs, il a été décrit que l’obésité peut favoriser la survenue d’un asthme, sans doute via des altérations de la compliance pulmonaire, de immunomodulation. La relation de causalité inverse a été moins étudiée, et si quelques études évoquent cette possibilité chez l’enfant et l’adolescent, les données manquent chez l’adulte. Il était donc intéressant de se pencher sur les données de cette large étude européenne.

Méthodologie

ECRHS est une étude de cohorte de population initiée en 1990-1994 (ECRHS-I) auprès de 18 000 adultes de 20-44 ans habitant dans 11 pays européens et en Australie. Deux campagnes de suivi ont eu lieu en 1999-2003 (ECRHS-II) et 2010-2014 (ECRHS-III).

Principaux résultats

Au total, les données ont été analysées à 10 ans et 20 ans de suivi chez respectivement 7 576 sujets (51,5% de femmes, âge moyen 34 ans) et 4 976 sujets (51,3% de femmes, âge moyen 42 ans). Dans ces deux enquêtes, le taux de fumeurs actifs était de 30% et 19% respectivement.

Les auteurs ont comparé le taux de survenue d’une obésité chez les non-asthmatiques et les asthmatiques : ces chiffres étaient respectivement de 8,4% et 10,7% dans ECRHS-II et de 14,6% et 16,9% dans ECRHS-III. Le risque relatif d’obésité (odds ratio OR) chez les sujets asthmatiques par rapport aux non-asthmatiques était ainsi de 1,21 [1,07 -1,37] et, après ajustement multivarié (âge, sexe, tabagisme) de 1,22 [1,07-1,38]. Le risque était plus élevé chez les individus asthmatiques non atopiques (OR 1,47 [1,17-1,86]), chez ceux qui étaient atteints d’asthme depuis longtemps (OR 1,32 [1,10-1,59]) et chez ceux qui étaient traités par corticoïdes oraux (OR 1,99 [1,26-3,15]) ou oraux et inhalés (OR 2,07 [1,19 -3,59]).

Aucune différence n’a été observée selon le sexe des patients, le pays ou le centre participant. Par ailleurs, aucune différence spécifique ne semble liée au niveau d'activité physique des participants.

Enfin, après stratification selon le statut tabagique, le risque de développer une obésité est plus élevé chez les fumeurs actifs (OR 1,46 [1,12-1,90]) que chez ceux qui n’ont jamais fumé (OR 1,27 [1,08-1,49]).

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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