Ukraine : un tiers des ménages atteints de maladies chroniques reste sans traitement adéquat

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

6 mai 2022

Genève, Suisse — Deux mois après le début de la guerre en Ukraine, une enquête de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) témoigne de son impact dévastateur sur la santé de millions de civils, ainsi que des graves difficultés auxquelles est confronté le système de santé ukrainien [1].

Difficultés d’accès aux médicaments

Les résultats préliminaires d’une évaluation nationale des besoins sanitaires indiquent que sur les 1 000 ménages qui ont répondu 2 ménages sur 5 (39 %) comptent au moins 1 membre atteint d’une maladie chronique (par exemple, une maladie cardiovasculaire, le diabète ou le cancer). Mais l’enquête indique surtout que, parmi ces ménages, 1 sur 3 a déclaré éprouver des difficultés à accéder aux services de soins pour prendre en charge cette pathologie.

Parmi les personnes interrogées, moins d’un tiers (30 %) a récemment fait appel à des services de soins de santé et 39 % d’entre elles ont invoqué le manque de sécurité comme principale raison, tandis que 27 % ont indiqué qu’aucun service de soins de santé n’était disponible dans leur région.

Parmi les ménages interrogés, la plupart (70 %) continuent à habiter chez eux, tandis que 11 % sont hébergés chez des amis ou des membres de leur famille dans des zones relativement plus sûres, 8 % se déplacent à l’intérieur de l’Ukraine, et 3 % se trouvent dans un abri ou un camp pour personnes déplacées à l’intérieur du pays, comme nombre d’ukrainiens (voir encadré).

Un système de santé toujours ciblée par des attaques

Le système de santé ukrainien est confronté à de multiples défis, de nombreuses activités de soin ne pouvant plus avoir lieu normalement. A titre d’exemples, l’accès aux soins maternels et prénataux, ainsi qu’aux soins de santé mentale, est gravement impacté par les problèmes de sécurité, la mobilité restreinte, la rupture des chaînes d’approvisionnement et les déplacements massifs. De même, le risque infectieux est toujours présent puisque les activités de vaccination systématique, y compris la vaccination contre le Covid-19, se sont fortement réduites à cause des hostilités. De même, En outre, indique l’OMS, « les soins de santé continuent de subir des attaques, avec plus de 160 incidents vérifiés depuis le 24 février ».

Grâce aux collaborations mises en place de longue date, l’OMS dit avoir pu procurer des fournitures, des équipements et des médicaments vitaux à près de 650 000 personnes ces 8 dernières semaines [1]. « Mais, précise-t-elle dans le communiqué, nous ne sommes toujours pas en mesure d’atteindre certaines des zones les plus durement touchées de l’est du pays, où le système de santé s’est pratiquement effondré. Nous avons reçu des informations, par exemple, selon lesquelles presque tous les services de santé et hôpitaux de l’oblast de Louhansk sont endommagés ou détruits, et la situation est critique dans plusieurs autres régions. Il est essentiel que nous puissions y accéder afin d’évaluer les besoins sanitaires et d’acheminer des fournitures vitales dans les zones touchées, y compris à Marioupol. Les civils ont droit à la santé, même en temps de guerre. »

Pour le Dr H ans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe : « l’OMS/Europe s’est engagée à soutenir l’Ukraine aujourd’hui et à l’avenir. Tout en répondant aux besoins humanitaires immédiats, nous devons également planifier la reconstruction et la réhabilitation en parallèle. Les défis sont considérables, mais l’OMS collaborera avec les autorités nationales et ses partenaires à chaque étape du processus en s’efforçant de garantir la santé et le bien-être pour tous. »

Selon les Nations Unies, plus de 12 millions de personnes ont été déplacées de force par l’invasion russe : 7,1 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de l’Ukraine et plus de 5 millions de personnes se sont réfugiées à l’étranger. En outre, 2,9 millions de personnes envisagent de fuir leur domicile en raison de la guerre.

 

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