Dengue, zika et chikungunya : la surveillance du moustique tigre reprend

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

5 mai 2022

France — Avec le retour des beaux jours, les autorités françaises rappellent que le moustique tigre, potentiellement vecteur de virus, tels que ceux de la dengue, du zika et du chikungunya font l’objet d’une surveillance et doivent être signalés [1]. Les professionnels de santé sont invités à rapporter tous les cas.

Présent dans 67 départements de la métropole

L’épidémie de Covid-19 l’avait un peu éclipsé ces deux dernières années, mais le moustique-tigre est pourtant bien présent. Aedes albopictus, son nom savant, est installé depuis de nombreuses années dans l’Océan Indien, à La Réunion et à Mayotte. Il est également présent en métropole où il étend son territoire de manière significative et continue depuis 2004. Désormais présent dans 67 départements de la métropole – contre 51 en 2019 –, ce moustique peut transmettre le chikungunya, la dengue ou le zika de mai à novembre (voir carte). C’est cette capacité du moustique tigre à être « vecteur » de ces virus qui en fait une cible de surveillance prioritaire pour les autorités sanitaires durant sa période d’activité. A noter qu’en Guyane, Martinique et Guadeloupe, le vecteur de ces arboviroses est un moustique d’une espèce voisine, Aedes aegypti.

Augmentation spectaculaire de l’incidence de la dengue

L’objectif de la surveillance est double : ralentir la progression de l’implantation du moustique tigre dans les départements où il n’est pas encore présent et limiter le risque d’importation et de circulation des virus dont il peut être le vecteur en métropole. La dengue inquiète particulièrement. On se rappelle qu’en 2019, 9 cas avaient été détectés en métropole (ainsi que deux cas de zika). Son incidence a augmenté de manière spectaculaire au cours des dernières décennies note l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [2]. Désormais, la moitié de la population mondiale est exposée au risque de contracter cette maladie. Environ 100 à 400 millions d'infections ont lieu chaque année, même si plus de 80 % d'entre elles sont généralement bénignes et asymptomatiques. Les échanges importants entre les zones exposées et la France métropolitaine font qu’un risque d’importation de ce virus et de la maladie est largement envisageable. En effet, le moustique tigre peut s'infecter en métropole en piquant un voyageur malade et transmettre secondairement le virus à des personnes non immunisées lors de piqûres suivantes, rappelle le ministère. Un cycle de transmission autochtone peut ainsi être généré et à l'origine d'un ou plusieurs foyers épidémiques.

Surveillance : les professionnels de santé pleinement mobilisés

La population est appelée à renseigner la présence de moustique tigre sur sa commune, et ce d’autant plus qu’elle n’est pas encore colonisée, en la signalant sur le portail officiel des autorités sanitaires : signalement-moustique.anses.fr.

Quant aux professionnels de santé, les autorités sanitaires leur rappellent qu’il est « très important de signaler à leur Agence régionale de santé tout cas de dengue, de chikungunya ou de zika ». Ce signalement permet aux autorités locales de mettre rapidement en œuvre des mesures de gestion autour des cas pour éviter la mise en place d’un cycle de transmission autochtone de ces maladies. Cela passe par une enquête autour de chaque cas humain recensé dans un département où le moustique tigre est installé. Si le moustique est effectivement présent autour du domicile du malade, des traitements insecticides peuvent être réalisés par des opérateurs de démoustication.

Cette vigilance est d’autant plus cruciale qu’une enquête réalisée en 2019 par des chercheurs montpellierains auprès d’infectiologues français avait montré que si les cliniciens sont relativement bien formés et prêts à faire face à des cas sporadiques, ils ne s’attendent pas – et ne seraient pas potentiellement préparés – du moins dans les prochaines années, à faire face à des épidémies autochtones, y compris dans les régions de présence des moustiques tigres. A moins que le Covid-19 n’ait changé la donne…

 

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