France— Créée en 2015, SPS (Soins aux Professionnels de la Santé) est une association qui vient en aide aux professionnels de santé et aux étudiants (pas uniquement en santé). Elle propose des ateliers et des formations autour de la prévention et de la prise en charge de la souffrance psychique, mais aussi un numéro vert SPS 0 805 23 23 36 (également disponible via l’application Asso SPS) gratuit, anonyme et confidentiel, disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, avec cent psychologues formés… pour « briser l’isolement et apporter du soutien, mais aussi répondre rapidement et efficacement à la souffrance de ceux qui sont en grande situation d’urgence ».
Cinq ans après sa mise en place, l’association établit un bilan positif du dispositif avec près de 16 000 appels, dont près de 12 000 en deux ans.
« Cette activité grandissante et continue du dispositif SPS témoigne du réel besoin d’écoute et de soutien des professionnels de santé rendus vulnérables. Un besoin qui s’est manifesté encore plus vivement avec la pandémie puisque le nombre d’appels a bondi depuis mars 2020 (75% du total des appels enregistrés depuis l’ouverture en 2016) », indique l’association.
16 appels par jour en 2021, un quart ont eu lieu la nuit
Plus précisément sur l’année 2021, la plate-forme a reçu près de 5 700 appels, soit près de 16 par jour. Des appels qui ont duré environ 25 minutes en moyenne et dont plus de 4% se sont prolongés au-delà d’une heure. Plus de 1 200 appels ont été passés la nuit (soit près du quart des appels), et près de 600 le dimanche.
Un quart des appels ont été passés depuis l’Île-de-France, 12 % de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et 10 % de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Deux-tiers de femmes, plus d’un tiers d’étudiants
Selon l’association, plus des deux-tiers des appelants sont des femmes. 45% de la moitié sont salariés, 8% des libéraux, et plus du tiers sont étudiants. L’âge moyen est de 43 ans pour les professionnels de santé et de 23 ans pour les étudiants.
Les trois professions les plus représentées sont les infirmier.es (15%), les aides-soignant.es (9%), les médecins (6%), soit 30% des appels au total, dont la moitié d’infirmier(ère)s. Viennent ensuite les professionnels du secteur médico-social (6%).
Le Dr Éric Henry, président de l’Association SPS, interrogé sur Medscape édition française fin 2020 sur les raisons du mal-être des professionnels de santé, , incriminait principalement la charge de travail et la mauvaise organisation du travail : « Il faut avoir les deux pour être en épuisement professionnel et penser au suicide ».
Les étudiants en souffrance
La plateforme SPS a été ouverte aux étudiants en avril 2021. Et en seulement un an, ils ont représenté 43 % des appels. Un quart émanant d’étudiants en santé.
« Les étudiants sont donc désormais largement représentés parmi tous ceux qui appellent la plateforme, au côté des professionnels de la santé », souligne l’association.
Pour rappel, SPS dispose d’un site spécifiquement dédié aux étudiants (https://www.soins-aux-etudiants.com/) où ils peuvent :
s’informer,
trouver une prise en charge (psychologique et/ou sociale),
se ressourcer avec :
des fiches pratiques,
un test sommeil,
des applications mobiles.
Les motifs « Covid-19 » en décroissance
Alors qu’en 2020, la majorité des appels (55%) concernaient la Covid-19, en 2021, seuls 13% étaient motivés par la pandémie (anxiété liée au confinement ou au virus lui-même). Parmi les autres causes, 37% étaient d’ordre personnel (cause familiale, problèmes de santé…) et 19% d’ordre professionnel (épuisement, conflits).
Plus précisément, pour les professionnels de la santé, les motifs personnels et professionnels étaient respectivement de 33% et de 35%.
Une centaine d’appels avec un risque suicidaire en 2 ans
Selon les chiffres de SPS, sur l’ensemble des appels recueillis en 2021, plus de la moitié étaient classés de niveau 1 « anxiété plus ou moins addiction », mais dix étaient de niveau 5 « risque de passage à l’acte imminent » et 98 de niveau 4 « idéations suicidaires ».
Parmi les dix appels de très grande urgence, sept émanaient d’étudiants, 3 de professionnels de la santé.
« Au total sur les deux dernières années, la plateforme a permis de répondre à une centaine d’appels de personnes à risque suicidaire (imminence du passage à l’acte ou idées suicidaires). Grâce à elle, il a été possible d’adopter des comportements de soutien et de désamorçage de la crise suicidaire », indique l’association SPS.
Une réorientation dans plus de la moitié des cas
Dans près de 60% des cas, les appelants ont été réorientés notamment vers un psychologue en face à face (19%), les psychologues du réseau Souffrance et travail (13%), le médecin traitant (12%), ou encore d’autres réseaux (Morphée…) ou dispositifs (travail, associations, service social…).
SPS rappelle que les appels de niveaux 3 à 5 – « épuisement professionnel », « idéations suicidaires » et « risque de passage à l’acte imminent » – sont systématiquement réorientés vers un médecin généraliste et un psychiatre.
En conclusion, l’association SPS souligne l’importance « de la mise à disposition d’une telle structure d’écoute, d’orientation et de soutien des soignants en souffrance. Les performances de ce dispositif font de lui un outil précieux et indispensable pour tous ceux dont la mission est de rassurer et d’accompagner les patients, de soigner la souffrance des autres ».
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Soignants et étudiants en détresse : 16 appels par jour au numéro vert SPS en 2021 - Medscape - 2 mai 2022.
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