Dermatite atopique : la prise en charge évolue

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

27 avril 2022

Paris, France – A l'occasion du 17ème Congrès Francophone d'allergologie (CFA) qui s'est déroulé du 19 au 22 avril 2022 au Palais des Congrès de la Porte Maillot à Paris, la dermatite atopique (DA) a fait l'objet d'une session attendue, tant l'actualité de la recherche dans cette maladie est riche. La Pre Audrey Nosbaum (dermatologue, service d'allergologie et d'immunologie clinique, CHU Lyon Sud) est revenue sur la prise en charge thérapeutique de la DA avec l'arrivée du dupilumab, premier traitement biologique systémique chez l'enfant et l'adolescent.

Le dupilumab en première ligne

En 2020, la prise en charge de la DA fait l'objet de recommandations européennes[1] publiées tous les deux ans. Il en ressort que pour tous les enfants, il faut utiliser des émollients quotidiens et avoir recours à l'éducation thérapeutique. « Alors que depuis 2014, il y avait un débat sur les émollients, nous recommandons clairement leur utilisation », a indiqué la Pre Audrey Nosbaum.

 
Alors que depuis 2014, il y avait un débat sur les émollients, nous recommandons clairement leur utilisation. Pre Audrey Nosbaum
 

Selon la sévérité de la DA, d'autres marches thérapeutiques sont détaillées dans cet algorithme dans lequel est apparu en 2020 le dupilumab, un anticorps monoclonal anti-IL 4 et anti-IL13 qui inhibe les voies de signalisation de ces deux cytokines, pour les DA les plus sévères. « Depuis octobre 2021, les biothérapies sont de prescription possible par les allergologues dans le cadre d'une primo-prescription hospitalière »,  précise la spécialiste qui a encouragé l'auditoire à « s'emparer de cette molécule ».

Comment faire en pratique ? « Chez l'enfant, c'est bien plus simple que chez l'adulte », rassure-t-elle. Son indication chez l'adolescent et l'enfant est le traitement de la DA modérée à sévère qui nécessite un traitement systémique. Le dupilumab est donc utilisé en une première ligne de traitement.  Le bilan initial nécessite une NFS, un bilan des vaccinations, l'évaluation de la sévérité de la DA grâce à un score pour constater objectivement l'effet du médicament, la recherche et le traitement si besoin d'une parasitose en cas d'éosinophilie persistante (>1500/mm3). Les bilans hépatique et rénal sont moins systématiques que chez l'adulte, de même que les avis spécialisés en pneumologie et en ophtalmologie. « Au moment de la prescription, sur une ordonnance d'exception.  je vous encourage à faire la démonstration des injections (stylo, seringue) et à proposer une pompe sous-cutanée quand les enfants sont réticents aux piqûres », conseille-t-elle. Avant de poursuivre : « Il faut expliquer l'efficacité et la tolérance attendues aux parents et remettre le carnet de suivi, la notice d'information et la fiche d'information GREAT ». Le suivi minimal est clinique à 4, 8 et 12 mois puis au bout d'un an tous les six mois. Un suivi biologique n'est pas nécessaire.

Quid de l'efficacité et de la tolérance chez l'enfant ?

En termes d'efficacité et de tolérance du dupilumab, parmi les études publiées ou présentées en congrès, la Pr Nosbaum a détaillé une étude avec un design en vie réelle[2] qui associait le dupilumab aux dermocorticoïdes, « ce que l'on fait en pratique », avec comme objectif principal le fait d'avoir des enfants « blanchis » ou « quasiment blanchis », c'est-à-dire qui atteignent un IGA 0 ou 1 à seize semaines. Résultat : sous dupilumab, un tiers des enfants atteignait l'objectif principal de cet essai clinique. « Ce sont des enfants qui n'ont plus rien après quatre mois de dupilumab en comparaison avec le placebo », résume-t- elle. Concernant la tolérance, il y a peu d'effets secondaires mais on observe un taux de conjonctivites et d'infections légèrement supérieurs que chez l'adulte.

Que se passe-t-il sur le terrain ? Les résultats d'une cohorte multicentrique française  indiquent que 90 % des enfants sont « blanchis » ou « quasiment blanchis » à six mois. « Ces résultats en vraie vie sont vraiment très très impressionnants en termes d'efficacité. Et ils sont aussi rassurants en termes de tolérance puisqu'on retrouve ses conjonctivites mais moins que chez l'adulte (11% vs 18%) », analyse-t-elle.

 
Ces résultats en vraie vie sont vraiment très très impressionnants en termes d'efficacité. Et ils sont aussi rassurants en termes de tolérance puisqu'on retrouve ses conjonctivites mais moins que chez l'adulte. Pre Audrey Nosbaum
 

Quels nouveaux traitements systémiques de la DA modérée à sévère?

Adolescents de 12 à 17 ans

  • dupilumab : indiqué et commercialisé

  • upadacitinib (anti JAK1) : approuvé en Europe et non commercialisé en France

  • baricitinib (anti JAK1,2), abrocitinib (antiJAK1), tralokinumab (anti IL 13, données diffusées dans les congrès), lebrikizumab (anti IL13, attente pour 2022 de résultats d'un essai de phase 3), nemolizumab (anti IL31, résultats attendus en 2023)  : en évaluation

Enfants de 6 à 11 ans

  • dupilumab : indiqué et commercialisé

  • pas donnée publiée dans cette tranche d'âge pour les inhibiteurs de JAK et autres biologiques.

Enfants de 6 mois à 5 ans

  • dupilumab : données à 16 semaines

  • pas donnée publiées dans cette tranche d'âge pour les inhibiteurs de JAK et autres biologiques.

Pour rappel, pas de limite d'âge pour la ciclosporine (AMM) et le méthotrexate (hors AMM)

 

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