France— Réélu dimanche avec 58,5 %, Emmanuel Macron est très attendu pour apporter des réponses à un système de soins en crise. Le chef de l’Etat a annoncé que la santé serait avec l’éducation une priorité majeure de son prochain quinquennat. Il a promis une « nouvelle méthode » pour s’attaquer à la désertification médicale, un investissement massif pour redresser l’hôpital en détresse, et le recrutement de 50 000 personnels en Ehpad. Détails.
Chantiers brûlants
Les médecins avaient appelé massivement à voter en faveur d’Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle face à Marine Le Pen ; ils ont obtenu satisfaction. Ce dimanche 24 avril, le président sortant a largement été réélu avec 58,5 % contre la candidate d’extrême-droite.
S’il était le favori des médecins, le chef de l’Etat ne bénéficiera pourtant pas comme en 2017 d’un état de grâce. Il devra rapidement apporter des réponses sur plusieurs chantiers brûlants : les déserts médicaux, la crise de l’hôpital public désaffecté par les soignants ou encore le secteur de la dépendance également en grande souffrance. Emmanuel Macron aura fort à faire pour conserver (ou regagner) la confiance du corps médical bousculé par plus de deux ans d’une éprouvante crise sanitaire. Le moins que l’on puisse dire est que son programme, qu’il a dévoilé tardivement, il y a un mois, ne semble pas (encore ?) de nature à révolutionner l’action menée depuis sa première élection.
Vers une régulation des installations ?
Plusieurs choses ont cependant changé en cinq ans. Les Français sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés à trouver un médecin – 6 millions sont sans médecin traitant. Le chef de l’Etat ne peut y être insensible. S’il n’a pas l’intention de revenir frontalement sur la liberté d’installation des médecins, Emmanuel Macron a cependant exprimé le souhait de réguler davantage les installations en stoppant les conventionnements dans les zones surdotées.
Lors de la présentation de son programme à la presse le 17 mars dernier, il s’est engagé à adopter une « nouvelle méthode à l'échelle d'un territoire » pour faire face aux déserts médicaux. Il a d’ailleurs annoncé le lancement d’une conférence des parties prenantes (patients, professionnels et élus locaux) pour construire les solutions locales et nationales autour d’un objectif : assurer l’accès aux soins pour tous.
Un référent santé pour pallier l’absence de médecin traitant
Lors du débat télévisé de l’entre-deux tours, qui a consacré une dizaine de minutes à la santé, le président a cité les pharmaciens mais aussi les infirmiers pour mieux organiser l’offre de soins à l’échelle des territoires. Il a indiqué qu’ils pourraient jouer le rôle de référent de santé en particulier pour les personnes âgées qui ont du mal à trouver un médecin. L’idée avait été avancé que ces référents santé puissent renouveler des ordonnances simples et ainsi apporter une réponse aux patients sans médecin traitant.
Afin d’améliorer l’organisation du travail des médecins, Macron plaide pour que soit poursuivi le développement des assistants médicaux, qui permet de réduire les tâches administratives des praticiens et leur permettre ainsi d’accueillir plus de patients. Il devrait en être de même avec les infirmières de pratique avancée.
Le tiers payant intégral vraiment généralisé ?
Pendant l’entre-deux tours, Emmanuel Macron a promis de « systématiser » le tiers payant, projet né sous François Hollande, mais dont la mise en application s’est avérée complexe et s’est heurtée à l’opposition des médecins. Selon une indiscrétion des Echos, le chef de l’Etat réfléchirait à confier à la Cnam le rôle d’intermédiation financière. En clair, l’Assurance maladie réglerait les médecins puis recouvrerait les fonds auprès des complémentaires.
Une 4e année d’internat pour les futurs généralistes
Sur le volet de la formation des médecins, les choses devraient aussi rapidement évoluer. Le candidat s’est dit favorable à l’introduction rapide d’une 4e année d’internat en médecine générale dans des territoires en manque de médecins. « Je ne suis pas pour que cette 4e année soit exercée systématiquement dans les déserts médicaux mais pour qu’il y ait une politique d’incitation avec une rémunération et un meilleur accompagnement, en termes de logement par exemple », a affirmé Emmanuel Macron, lors de la présentation de son programme à la presse.
Réembaucher à l’hôpital
Quoi de neuf pour l’hôpital ? Ces dernières semaines, le candidat est resté relativement discret sur son projet pour l’hôpital. La crise de l'hôpital risque de très vite virer au casse-tête si le président de la république ne parvient pas à stopper la fuite du personnel soignant des établissements publics, que les récentes revalorisations du Ségur de la santé n’ont pas réussi à retenir. Emmanuel Macron lancera-t-il un plan de recrutement ? Tout au plus a-t-il reconnu que l'investissement et la hausse des salaires décidés en juillet 2020 n’étaient « pas suffisants ». « Aujourd'hui, ce sont les conditions de travail qui sont les plus dures et on doit continuer à investir dans notre système de santé pour redresser l'hôpital et réembaucher », a reconnu le candidat LREM.
Des renforts promis dans les Ehpad
Macron promet un « investissement massif sur le sujet de la santé » sans en préciser le montant. Après les révélations de maltraitances dans les Ehpad, le chef de l’Etat sera attendu sur le dossier de la dépendance qu’il n’a pu qu’ébaucher pendant son premier mandat, bien occupé par la crise sanitaire. Emmanuel Macron a annoncé lors du débat de l’entre-deux tours son intention de recruter 50 000 personnels dans les Ehpad.
En matière de santé publique, le chef de l’Etat veut renforcer la prévention. Il envisage des bilans de santé à 25, 45 et 60 ans. Sur les questions de société, il demeure défavorable à la gestation pour autrui (GPA) et s’est dit prêt à ouvrir une « convention citoyenne » sur le sujet de la fin de vie.
Quid des tarifs de consultation ?
Les médecins attendront aussi au tournant le président sur un point : celui des revalorisations. Le candidat a pris soin de ne formuler aucun engagement pendant la campagne comme a pu le faire Valérie Pécresse qui avait promis une hausse du C à 30 euros.
Nul doute que les médecins libéraux ne se contenteront pas de nouveaux forfaits et refuseront d’attendre encore un quinquennat pour obtenir une revalorisation de la consultation qui est à 25 euros depuis le 1er mai 2017. Un sujet parmi d’autres qui méritera une prise de position claire du président réélu.
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Crédit de Photo de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Macron réélu, la santé s’attend à du changement dans la continuité - Medscape - 25 avr 2022.
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