Cancer colorectal chez le diabétique : de l’importance de la metformine

Nathalie Barrès

Auteurs et déclarations

20 avril 2022

France – Une analyse poolée de 3 essais qui s’est intéressée au cancer colorectal (CCR) chez le diabétique montre que des sujets atteints de CCR de stade II-III non métastatique et diabétiques ont une diminution de l’espérance de vie et du délai avant récidive du cancer par rapport aux non-diabétiques. En revanche, l’espérance de vie et le délai avant récidive de cancer sont similaires à ceux des non diabétiques quand les patients sont traités par metformine. L’étude a été publiée dans Eur J Cancer[1].

Ces données d’intérêt appellent à la réalisation d’autres essais pour mieux comprendre le rôle du diabète dans la prise en charge du cancer.

Pourquoi est-ce important ?

Ces résultats suggèrent une association entre diabète et récidive du cancer. Les mécanismes sous-jacents pourraient impliquer l’hyperglycémie persistante, l’inflammation chronique facteurs favorisant la production des analogues de l’insuline et la stimulation de voies de l’oncogenèse. D’autres essais ont par ailleurs souligné dans une population bien spécifique que la metformine pouvait améliorer l’efficacité du 5FU et de l’oxaliplatine. Toutes ces données ouvrent des perspectives de recherche pour mieux comprendre l’intérêt de la metformine dans le cancer.

Méthodologie

Les analyses ont porté sur des données individuelles poolées, issues de trois essais cliniques randomisés utilisant des adjuvants. Tous les patients inclus avaient eu une résection colique suite à un cancer colorectal de stade II ou III non métastatique. 

Principaux résultats

Au total, 5 922 patients atteints de CCR de stade II-III, non métastatique, traités chirurgicalement et par thérapie adjuvante à base de fluoropyrimidine et oxaliplatine, ont été inclus dans les analyses. Le délai médian de suivi était de 6,8 ans. Sur l’ensemble de la population, 10,5% avaient des antécédents de diabète de type II au moment du diagnostic du CCR non métastatique. Parmi les patients diabétiques, 52,7% des sujets diabétiques étaient traités par metformine.

Les patients diabétiques présentaient les caractéristiques suivantes à une fréquence significativement plus élevée : âge plus élevé, plus d’hommes, status de performance >0, IMC élevé, arrêt de traitement, maladie cardiovasculaire, hypertension.

La survie globale des patients diabétiques était significativement plus courte par rapport aux sujets non diabétiques : HRa 1,29 [1,09-1,52], p=0,03. Le délai avant récidive était également significativement impacté à la baisse en cas de diabète : hazard ratio ajusté (HRa) 1,21 [1,03-1,42], p=0,017.

La survie globale et le délai avant récidive étaient significativement plus courts chez les patients diabétiques non traités par metformine versus les sujets non diabétiques : HRa 1,41 [1,13-1,77], p=0,003, et HRa 1,28 [1,02-1,60], p=0,032, respectivement.

En revanche, la survie globale et le délai avant récidive n’étaient pas impactés par le diabète quand le patient était traité par metformine.

Principales limitations

Les sujets diabétiques non traités par metformine pouvaient être pris en charge par d’autres traitements du diabète, notamment du fait d’une insuffisance rénale ou hépatique. Or, ces situations cliniques peuvent elles-mêmes engendrer un pronostic vital plus défavorable. Cette étude manque cependant d’information concernant le statut diabétique et les autres traitements du diabète.

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
 

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